Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
Vom Netzwerk:
de mon frère et du chevalier Mixtli. Je vais entrer en
communication avec les dieux et quand j’aurai pris une décision, je vous en
ferai part. Pour le moment, j’ai besoin de solitude. »
    Les cinq fonctionnaires crottés allèrent faire toilette, le Conseil se
dispersa et je rentrai chez moi. D’ordinaire, Béu et moi n’échangions que de
brèves paroles, concernant uniquement des problèmes domestiques, mais ce
jour-là, je sentais le besoin de parler avec quelqu’un. Je lui fis donc le
récit des derniers événements et des inquiétudes qu’ils avaient soulevées.
    « Motecuzoma craint que ce ne soit la fin de notre monde, dit Béu
d’une voix douce. Et toi, Zaa, qu’en penses-tu ?
    — Je ne suis pas devin, bien au contraire. On a souvent prédit la
fin du Monde Unique, de même que le retour de Quetzalcoatl avec ou sans ses
Tolteca. Si Cortés n’est qu’une nouvelle espèce de pillard, nous pouvons le
combattre et sans doute le vaincre. Mais, si sa venue est la réalisation de
toutes ces vieilles prophéties… ce sera comme la grande inondation d’il y a
vingt ans, à laquelle personne n’a pu résister, ni moi qui étais alors dans la
force de l’âge, ni le terrible Ahuizotl. Maintenant, je suis vieux et je ne
fais guère confiance à Motecuzoma.
    — Ne crois-tu pas que nous devrions prendre nos affaires et fuir
dans un abri plus sûr ? me demande-t-elle pensivement. S’il se produit une
catastrophe dans le nord, ma ville natale de Tehuantepec sera peut-être
épargnée.
    — J’y ai pensé, mais il y a si longtemps que je suis mêlé au
destin des Mexica que je me ferais l’effet d’être un déserteur si je fuyais en
un pareil moment. Je suis peut-être fou, mais si c’est vraiment la fin qui se
prépare, j’aimerais pouvoir dire, en arrivant à Mictlán, que j’étais là pour y
assister. »
    Motecuzoma aurait sans doute encore tergiversé pendant longtemps, si un
incident ne s’était produit cette nuit-là. C’était un nouveau présage et il
était suffisamment alarmant pour qu’il me fasse chercher. Un page se présenta
chez moi, lui-même très agité et vint me tirer de mon lit pour que je le suive
au palais.
    Tandis que je m’habillais, j’entendis une rumeur confuse qui montait de
la rue.
    « Que se passe-t-il ? grommelai-je.
    — Je vous le dirai quand nous serons dehors, Chevalier
Mixtli », me répondit le page.
    Il me montra le ciel en murmurant d’une voix étouffée :
« Regardez. »
    Bien qu’il fût très tard, nous n’étions pas les seuls à observer
l’apparition. La rue était pleine de gens habillés à la hâte, qui regardaient
en l’air en chuchotant. Je pris mon cristal et j’en conçus d’abord autant de
stupeur que tout le monde. Puis, un souvenir me revint en mémoire, qui atténua,
pour moi du moins, le désarroi provoqué par cette vision. Le page me jetait des
coups d’œil en biais, s’attendant sans doute à ce que je pousse des
exclamations catastrophées, mais je soupirai simplement :
    « Il ne manquait plus que cela. »
    Quand j’arrivai au palais, un esclave à moitié habillé me fit monter
jusqu’à la terrasse du grand édifice. Motecuzoma était assis sur un banc et je
crois bien qu’il tremblait, bien que cette nuit de printemps fût douce et qu’il
fût drapé dans plusieurs manteaux. Sans quitter le ciel du regard, il me dit :
    « Après les cérémonies du Feu Nouveau, il y a eu une éclipse du
soleil, puis des étoiles qui tombaient et enfin des étoiles fumantes. Tous ces
phénomènes étaient de mauvais augure, mais du moins on les connaissait. Voici
maintenant une apparition totalement inconnue.
    — Puis-je me permettre une réflexion qui soulagera un peu votre
inquiétude, Seigneur Orateur ? Si vous réveilliez vos historiens pour
qu’ils consultent les archives, ils vous confirmeraient que ce phénomène s’est
déjà produit au cours de l’année Un Lapin du dernier faisceau d’années, sous le
règne de votre grand-père. »
    Il me dévisagea comme si je venais de lui avouer que j’étais un
sorcier.
    « Il y a soixante-six ans ? Bien avant ta naissance. Comment
peux-tu le savoir ?
    — Mon père m’en avait parlé, Seigneur. Il disait que les dieux
avaient parcouru le ciel, mais qu’on ne voyait que leurs manteaux, tous teints
dans ces mêmes couleurs froides. »
    En effet, c’est bien ce à quoi ressemblaient ces lumières, à des
étoffes légères suspendues très haut

Weitere Kostenlose Bücher