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Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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eut l’impression de se
désintégrer complètement. Puis, il diminua progressivement en se faisant de
plus en plus étouffé, pour se fondre enfin dans la vibration du tambour-dieu
dont le murmure accompagnait le prêtre qui psalmodiait les salutations et les
incantations habituelles à Tlaloc. Il s’arrêtait de temps en temps pour
permettre à la foule de répondre en chœur – tout comme vos fidèles répondent « Amen »
– par un long ululement de chouette, « Hoo-oo-ooo… A d’autres moments, il
faisait une pause pendant que des prêtres subalternes s’avançaient, empêtrés
dans leurs robes et qu’ils s’emparaient de petits animaux aquatiques –
grenouilles, salamandres axolotl, serpents – encore tout frétillants, qu’ils
avalaient crus.
    Le chef des prêtres termina son chant d’ouverture par ces mots vieux
comme le monde qu’il hurla de toute sa voix : «  Tehuan tiezquiaya
in ahuehuetl, in pochotl, TLALOCTZIN !  » – ce qui signifie,
« Nous souhaiterions être sous le cyprès, sous l’arbre ceiba. »
C’est-à-dire, « nous demandons ta protection et ta souveraineté ». A
cette invocation, de tous les, coins de la place, des prêtres lancèrent dans
les urnes à feu des nuages de fine farine de maïs qui explosèrent avec des
craquements secs et un jaillissement d’étincelles, comme si la foudre était
tombée dessus. Et puis, ba-ra-ROUM ! le tambour-tonnerre nous ébranla à
nouveau et se mit à résonner si fort qu’il nous sembla que nos dents allaient
tomber. Il se calma une nouvelle fois pour nous laisser entendre une musique
jouée sur une flûte de terre en forme de patate douce, sur des « gourdes
suspendues », de toutes tailles, dont on pouvait tirer différents sons en
les frappant avec des baguettes et sur une flûte composée de cinq roseaux
d’inégale longueur, attachés côte à côte. Le rythme de cette musique était
donné par le « gros os », une mâchoire de cerf avec ses dents, qu’on
grattait avec un roseau. En même temps que la musique, apparurent des danseurs.
Des hommes et des femmes disposés en cercles exécutèrent la danse du Roseau.
Des gousses sèches qui chuchotaient et bruissaient en mesure, étaient
accrochées à leurs chevilles, leurs poignets et leurs genoux. Les hommes
portaient des habits bleu d’eau et tenaient des roseaux de l’épaisseur d’un
poignet et de la longueur d’un bras. Les femmes avaient des jupes et des
corsages vert pâle, comme la couleur des jeunes roseaux et c’était Tzitzitlini
qui menait la ronde.
    Les danseurs s’entrecroisaient gracieusement au rythme de la musique.
Les femmes agitaient les bras en mouvements ondoyants et on aurait cru voir des
roseaux onduler dans la brise ; les hommes secouaient leurs joncs et on
aurait cru entendre le froissement sec qu’ils font dans le vent. Puis la
musique s’amplifia et les femmes se groupèrent au milieu de la place, tandis
que les hommes formaient un cercle autour d’elles en faisant le geste de lancer
leurs roseaux, qui en fait n’étaient pas un seul jonc, mais toute une série de
roseaux emboîtés les uns dans les autres. Les danseurs arrivaient ainsi à les
dégager et les roseaux mis bout à bout faisaient une ligne mince et incurvée.
Les danseuses étaient encerclées par ces fragiles dômes et les spectateurs
poussèrent à nouveau un « Hoo-oo-ooo » d’admiration : Puis, d’un
adroit coup de poignet, les hommes firent rentrer tous les roseaux les uns dans
les autres. Cet habile jeu se répéta plusieurs fois sous des formes diverses,
par exemple, les danseurs se mettaient en deux rangées face à face et lançaient
leurs roseaux qui se rejoignaient alors en voûte au-dessus des danseuses.
    Quand la danse du Roseau fut terminée, il y eut un intermède comique.
Tous les vieux qui avaient des douleurs dans les articulations s’avancèrent en
clopinant vers le carré de lumière. Ils étaient toujours plus ou moins courbés
et tordus, mais ils souffraient particulièrement pendant les mois humides.
C’est pourquoi ils venaient tous danser comme ils le pouvaient, à la cérémonie,
en espérant que malgré la saison des pluies, Tlaloc prendrait pitié d’eux et
soulagerait leurs maux.
    Leurs intentions n’étaient pas risibles, mais leur danse était si
grotesque que les spectateurs commencèrent à ricaner, puis à rire tout haut
jusqu’à ce que les danseurs comprennent qu’ils étaient ridicules. L’un après
l’autre,

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