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Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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avec
reconnaissance et j’y restai un moment, sous les pétales rouges que le vent
détachait de l’arbre. Je m’aperçus tout à coup que le banc était bordé d’un
motif sculpté. Je n’eus qu’à commencer à le suivre de mes doigts, sans même
essayer de le regarder, pour comprendre que c’étaient des mots et savoir ce
qu’ils voulaient dire.
    « Un havre de repos pour le Seigneur Vent de la Nuit, dis-je tout
haut, en souriant.
    — Tu lisais exactement la même chose quand nous nous sommes
rencontrés il y a plusieurs années », dit une voix dans les ténèbres.
    La surprise me fit sursauter et j’essayai de distinguer l’individu qui
se trouvait à l’autre bout du banc. Il portait toujours un manteau et des
sandales de bonne qualité, quoique usés. Cette fois encore, il était couvert de
poussière et les traits de son visage cuivré étaient indistincts. J’étais
certainement aussi poussiéreux que lui et j’avais considérablement grandi,
aussi j’étais émerveillé qu’il m’ait reconnu. Quand je fus remis de mon
étonnement, je lui dis :
    « Ah, Yanquicatzin, quelle extraordinaire coïncidence.
    — Tu ne devrais pas me donner le nom de Seigneur Etranger, ici
c’est toi qui es l’étranger, grommela-t-il.
    — C’est vrai, Seigneur et c’est ici que j’ai appris à en lire
davantage que les élémentaires symboles qui sont inscrits sur les bancs.
    — J’espère bien, me répondit-il sèchement.
    — C’est grâce à Nezahualpilli, le Uey tlatoani, expliquai-je. J’ai
passé de nombreux mois à étudier dans les classes de la cour, sur sa généreuse
invitation.
    — Et qu’as-tu fait pour te gagner ses faveurs ?
    — Eh bien, Seigneur, je ferais n’importe quoi pour lui rendre ses
bienfaits, tant je lui suis reconnaissant. Mais je n’ai pas encore pu
rencontrer l’Orateur Vénéré, et je ne fais rien d’autre qu’étudier. Cela
m’ennuie de me sentir un parasite.
    — Nezahualpilli attend peut-être que tu te montres digne de sa
confiance et que tu viennes lui dire que tu ferais n’importe quoi pour lui.
    — Je ferai tout ce qu’il me demandera.
    — Je pense qu’à l’occasion il te demandera quelque chose.
    — Je l’espère bien, Seigneur. »
    Tout devint silencieux pendant un moment, sauf le bruit du vent
gémissant entre les maisons, comme Chocaciuatl, la Femme qui Pleure et qui erre
sans cesse. Enfin, l’homme couvert de poussière me dit d’un ton ironique :
    « Tu voudrais être utile à la cour, mais tu restes ici, alors que
le palais est par là-bas. » Il me montra le bout de la rue. Il me
renvoyait aussi sèchement que la première fois.
    Je me levai, ramassai mes affaires et dis, un peu vexé :
« Puisque votre impatiente Seigneurie me le demande, je m’en vais. Mixpantzinco .
    —  Ximopanolti  », me répondit-il d’une voix traînante.
    Je m’arrêtai sous une torche au coin de la rue et me retournai, mais la
lumière n’était pas assez puissante pour éclairer le banc. Si l’étrange
voyageur était encore là, je ne le voyais plus. Je distinguais seulement un
petit tourbillon rouge de pétales de tapachini que le vent de la nuit faisait
virevolter dans la rue.
    J’arrivai enfin au palais et j’y trouvai le petit Cozcatl qui
m’attendait pour me montrer mes appartements. Le palais de Texcoco était
beaucoup plus grand que celui de Texcotzinco – il comprenait un millier de
pièces – bien qu’il n’y eût pas assez de place dans le centre de la ville pour
que toutes ses annexes soient regroupées. Cependant, la superficie couverte par
le palais était très étendue et même au milieu de la capitale, Nezahualpilli ne
voulait pas renoncer à ses jardins et à ses fontaines.
    Il y avait même un labyrinthe qui occupait un terrain assez grand pour
faire vivre dix familles. C’était un ancêtre lointain de la famille royale qui
l’avait planté et depuis, il n’avait cessé de pousser, mais on le taillait
toujours avec soin. Il était formé d’une avenue bordée d’une impénétrable haie
d’épineux qui avait deux fois la hauteur d’un homme, qui tournait, se divisait
en plusieurs branches et revenait sur elle-même. Il n’y avait qu’un seul accès
dans le mur de verdure extérieur, et on disait que celui qui y pénétrait
finissait, après de longs détours, par se trouver dans une petite clairière
herbeuse, au centre du labyrinthe, mais que le chemin du retour était impossible
à trouver. Seul,

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