Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
Vom Netzwerk:
diriger
d'après le témoignage de ses oreilles ou les renseignements donnés
par les autres prisonniers, du côté où il était détenu. C'est ainsi
que, redoutant également les gens de la prison et les gens du
dehors, le bruit et le silence, le jour et l'obscurité, entre la
crainte d'être relâché et celle d'être abandonné là pour y mourir,
il souffrait un supplice et des tortures si violentes, que jamais
l'homme, dans le plus horrible caprice d'un pouvoir despotique et
barbare, n'a pu infliger à l'homme un plus cruel châtiment que
celui qu'il s'infligeait lui-même.
    Enfin, la porte était donc renversée. Alors
les voilà qui se précipitent dans la prison, s'appelant les uns les
autres dans les corridors voûtés ; secouant les grilles de fer
qui séparaient chaque cour ; frappant à la porte des cellules
et des gardiens, enfonçant serrures, gâches et verrous, arrachant
les dormants, pour faire sortir par là les prisonniers ;
essayant de les tirer de vive force par des ouvertures et des
croisées où un enfant n'aurait pas pu passer ; poussant des
huées et des hurlements à tout confondre ; courant au travers
de l'air embrasé et des flammes, comme des salamandres. Par les
cheveux, par les jambes, par la tête, ils saisissaient les
prisonniers pour les faire sortir. Il y en avait qui se jetaient
sur les détenus à mesure qu'ils accouraient aux portes, pour
essayer de limer leurs fers ; d'autres qui dansaient autour
d'eux avec une joie frénétique, qui leur déchiraient leurs
vêtements, tout prêts, en vérité, dans leur folie, à leur écarteler
les membres. Une douzaine d'assiégeants vint alors à percer dans la
cour où l'assassin jetait des regards effrayés du haut de sa
fenêtre obscure ; cette bande tirait par terre un prisonnier
dont ils avaient si bien déchiré les vêtements, qu'ils ne lui
tenaient plus au corps, et qui était là sanglant et inanimé entre
leurs mains. Plus loin, une vingtaine de prisonniers couraient çà
et là, égarés dans la prison comme dans un labyrinthe, tellement
effarouchés par le bruit et la lumière, qu'ils ne savaient que
faire ni par où aller, criant toujours au secours comme avant, à
tue-tête. Quelque malheureux affamé, qui s'était fait arrêter
volant un pain ou un morceau de viande, se glissait à la dérobée et
les pieds nus… s'échappant lentement, en voyant brûler sa maison,
sans en avoir une autre prête à le recevoir, ni des amis prêts à
lui tendre les bras, ni quelque ancien asile où chercher un gîte,
ni d'autre liberté à recouvrer que la liberté de mourir de faim.
Ailleurs, un groupe de voleurs de grandes routes s'en allait en
troupe, sous la conduite des amis qu'ils avaient dans la foule, et
qui, le long du chemin, leur enveloppaient leurs menottes de
mouchoirs ou de cordes de foin pour les cacher, jetaient sur eux
des manteaux et des redingotes, leur donnaient à boire, en leur
tenant la bouteille contre les lèvres, parce qu'ils n'avaient pas
de temps à perdre à briser les fers de leurs mains. Tout cela, Dieu
sait avec quel accompagnement de bruit, de précipitation, de
confusion ! C'était pis qu'un mauvais rêve, et sans relâche,
sans intervalle même d'un seul instant de repos.
    Il était encore à regarder ce spectacle du
haut de sa fenêtre, quand une bande de gens avec des torches, des
échelles, des haches, des armes de toute espèce, s'élança dans la
cour et, frappant à la porte à coups de marteau, demanda s'il y
avait là dedans un prisonnier. En les voyant venir, il avait quitté
la croisée pour se blottir dans le coin le plus reculé de sa
cellule ; mais il eut beau ne point leur répondre, comme ils
s'étaient mis dans l'idée qu'il y avait quelqu'un, ils dressèrent
leurs échelles et commencèrent à arracher les barreaux de sa
fenêtre, et, non contents de cela, à faire tomber jusqu'aux pierres
de la muraille.
    Aussitôt qu'ils eurent fait une brèche assez
large pour y passer la tête, l'un d'eux y jeta une torche et
regarda tout autour de la chambre. Lui, il suivit le regard de
l'inconnu, jusqu'à ce qu'il s'arrêta sur lui, et qu'il l'entendit
lui demander pourquoi il n'avait pas répondu ; mais il
n'ouvrit pas la bouche.
    Dans ce trouble et cette stupéfaction
générale, ils n'en furent pas surpris. Sans dire un mot de plus,
ils élargirent la brèche de manière à y passer le corps d'un homme,
et alors ils sautèrent par là sur le plancher, l'un après l'autre,
jusqu'à ce qu'il

Weitere Kostenlose Bücher