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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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du
chemin.
    L'assassin s'avança à leur rencontre, et
ordonnant à son fils d'aller parler à Hugh qui venait de se dresser
sur ses pieds, il le remplaça près de l'aveugle, et le suivit à pas
lents du côté du hangar.
    « Pourquoi l'avoir envoyé,
lui
 ? dit Stagg. Ne saviez-vous pas que c'était le
moyen de le perdre, sitôt qu'on l'aurait reconnu ?
    – Ne vouliez-vous pas que j'y allasse
moi-même ? répliqua l'autre.
    – Hem ! peut-être que non. J'étais
devant la prison mardi soir ; mais, dans la foule, je vous ai
manqué. On a fait hier soir de fameuse besogne… oh ! mais de
la jolie besogne !… une besogne profitable, ajouta-t-il en
faisant sonner l'argent dans son gousset.
    – Avez-vous…
    – Vu votre bonne dame ?…
Certainement.
    – Eh bien ! n'avez-vous rien à me
dire de plus ?
    – Oh ! je vais vous dire tout,
reprit l'aveugle en éclatant de rire. Pardon, mais j'aime à vous
voir si impatient : c'est signe d'énergie.
    – Consent-elle à dire le mot qui peut me
sauver ?
    – Non, répondit l'aveugle d'un ton
décidé, en tournant vers lui son visage. Non ; voici ce que
c'est : elle a été à deux doigts de la mort, depuis qu'elle a
perdu son cher fils… elle est restée privée de sentiment, enfin, je
ne sais pas quoi. Je l'ai été chercher dans un hôpital, et me suis
présenté (sauf votre permission) au chevet de son lit. Notre
conversation n'a pas été longue ; elle était trop faible, et
puis il y avait là tant de monde auprès de nous, que je n'étais pas
à mon aise. Mais je lui ai dit tout ce dont j'étais convenu avec
vous ; je lui ai fait toucher au doigt, et dans les termes les
plus forts, la situation du jeune gentleman. Elle a voulu
m'attendrir ; mais, comme je lui ai dit, c'était peine perdue.
Alors elle s'est mise à pleurer et à gémir, bien entendu :
c'est toujours comme ça avec les femmes Puis, ne voilà-t-il pas que
tout d'un coup elle a retrouvé sa force et sa voix pour me dire
qu'elle se mettait, elle et son fils, sous la garde de Dieu ;
que c'était à lui qu'elle en voulait appeler contre nous… et elle
le fit, ma foi ! dans un langage tout à fait gentil, je vous
assure. Je lui conseillai, en ami, de ne pas trop compter sur une
assistance aussi éloignée ; je lui recommandai d'y songer à
deux fois ; je lui laissai mon adresse, en lui disant que
j'étais sûr qu'elle enverrait chez moi le lendemain avant midi, et
je la quittai pâmée ou faisant semblant de l'être. »
    Après ce beau récit, qu'il interrompit de
temps à autre pour casser et croquer à son aise quelques noix, dont
il paraissait avoir sa poche pleine, l'aveugle tira d'une autre
poche un flacon dont il commença par boire une gorgée, et qu'il
offrit ensuite à son compagnon.
    « Vous n'en voulez pas, n'est-ce
pas ? dit-il en sentant que l'autre repoussait le flacon.
Comme il vous plaira. Le brave gentleman qui loge là à côté de vous
ne me refusera peut-être pas, lui. Eh, sacripant !
    – Au nom du diable ! dit l'assassin
en le retenant par la basque ; ne me direz-vous pas ce qu'il
faut que je fasse ?
    – Ce que vous fassiez ! Il n'y a
rien de plus aisé : une petite course de deux heures, pas
plus, au clair de la lune, avec le jeune gentleman, qui ne demande
pas mieux ; je l'ai catéchisé en chemin, et éloignez-vous de
Londres tant que vous pourrez. Vous me ferez savoir où vous êtes,
et je me charge du reste. Il faudra bien qu'elle revienne :
elle ne peut pas résister longtemps ; et en attendant, quant
aux chances de vous voir rattraper, songez que ce n'est pas un
prisonnier seulement qui s'est échappé de Newgate, il y en a trois
cents. Cela ne doit-il pas vous rassurer ?
    – Mais enfin, il faut que nous vivions.
Comment cela ?
    – Comment ! répliqua
l'aveugle ; en buvant et en mangeant. Et comment boire et
manger ? Il faut payer. C'est donc de l'argent qu'il faut,
cria-t-il en tapant sur son gousset ; c'est de l'argent que
vous voulez dire, n'est-ce pas ? Bah ! les rues en
étaient pavées. Ce serait diablement dommage que ça fût déjà fini,
car c'est un bien joli moment : un moment d'or, comme on n'en
voit guère, pour pêcher en eau trouble dans tout ce remue-ménage.
Eh ! holà ! Veux-tu boire, sacripant ? Voyons, bois.
Où est-tu donc ? eh ! »
    En proférant ces vociférations d'un ton
tapageur qui montrait sa parfaite confiance dans le désordre
général et, la licence des temps, il alla à tâtons

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