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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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vers le hangar,
où Hugh et Barnabé étaient assis par terre.
    « Prends-moi ça, cria-t-il en passant à
Hugh son flacon. Il ne coule plus maintenant que du vin et de l'or
dans les ruisseaux de Londres. Les pompes mêmes ne versent plus que
de l'eau-de-vie et des guinées. Prends-moi ça, et ne l'épargne
pas. »
    Épuisé, sale, la barbe longue, barbouillé de
fumée et de suie, les cheveux emmêlés par le sang, la voix presque
éteinte, et ne parlant que par chuchotements ; la peau
desséchée par la fièvre, tout le corps en capilotade, couvert de
plaies et de meurtrissures, Hugh eut pourtant encore la force de
prendre le flacon et de le porter à ses lèvres. Il était en train
de boire, quand le devant du hangar fut tout à coup obscurci par
une ombre : c'était Dennis qui venait là se planter devant
eux.
    « Je ne vous dérange pas ? dit ce
personnage d'un ton railleur, au moment où Hugh cessait de boire,
pour le toiser d'un air peu agréable des pieds à la tête. Je ne
vous dérange pas, camarade ? Tiens, Barnabé ici avec
vous ? Comment ça va-t-il, Barnabé ? Et ces deux autres
messieurs aussi ? votre serviteur très humble, messieurs. Je
ne vous dérange pas non plus, j'espère ? n'est-ce pas,
camarades ? »
    Malgré le ton amical et l'air confiant dont il
leur tenait ce langage, on voyait qu'il éprouvait quelque
hésitation à entrer, et qu'il restait volontiers dehors, il était
un peu mieux mis que de coutume : c'était toujours le même
habillement noir usé jusqu'à la corde ; mais il avait autour
du col une cravate d'assez mauvaise mine, d'un blanc jaune, et à
ses mains des gants de peau, comme les jardiniers en portent dans
l'exercice de leur état. Ses souliers étaient tout frais graissés,
et décorés d'une paire de boucles d'acier rouillé ; les
rosettes des genoux de sa culotte courte avaient été renouvelées,
et, à défaut de boutons, il avait ses vêtements attachés avec des
épingles. En somme, il avait l'air d'un recors ou d'un aide de
garde du commerce, terriblement fané, mais encore jaloux de
conserver les apparences de son rôle officiel, et faisant bonne
mine à mauvais jeu.
    « Vous êtes joliment bien ici, dit
M. Dennis, tirant de sa poche un mouchoir moisi qui
ressemblait plutôt à un licou en décomposition, et s'en frottant le
front de toutes ses forces.
    – Pas assez bien, pourtant, pour vous
empêcher de nous trouver, à ce qu'il parait, répondit Hugh de
mauvaise humeur.
    – Écoutez donc, je vais vous dire,
camarade, reprit Dennis avec un sourire amical ; quand vous
voudrez que je ne sache pas de quel côté vous êtes à chevaucher,
vous ferez bien de ne pas attacher de pareils grelots au cou de
votre cheval. Ah ! je les ai assez entendus la nuit dernière
pour ne pas les oublier ; il me semble que je les ai encore
dans l'oreille ; voilà la vérité. Mais, voyons ! comment
ça va-t-il, camarade ?
    Pendant ce temps-là il s'était approché, et il
s'était même risqué à s'asseoir à côté de lui.
    « Comment je vais ? répondit Hugh.
Dites-moi d'abord ce que vous avez fait hier. Où donc êtes-vous
allé quand vous m'avez quitté dans la prison ? Pourquoi
m'avez-vous quitté ? Et qu'est-ce que vous aviez à rouler vos
yeux comme vous faisiez, et à me montrer le poing, hein ?
    – Moi, montrer le poing… à vous,
camarade ! dit Dennis, arrêtant doucement la main que Hugh
venait de lever d'un air menaçant.
    – Alors c'était votre bâton : c'est
toujours la même chose.
    – Que le bon Dieu vous bénisse !
camarade ; je n'avais rien du tout. Vous me connaissez bien
mal. Je ne serais vraiment pas étonné maintenant, ajouta-t-il du
ton découragé d'un homme qui se sent calomnié, que vous vous
fussiez mis dans la tête, parce que je vous demandais de me laisser
ces drôles-là en prison, que j'allais déserter le drapeau.
    – Eh bien, oui ! je me l'étais mis
dans l'idée, répondit Hugh en jurant.
    – Quand je vous disais ! répliqua
M. Dennis tristement. En vérité, il y a de quoi dégoûter de la
confiance. Déserter le drapeau, moi, Ned, Dennis, comme m'a baptisé
feu mon père… Est-ce à vous, cette hache-là, camarade ?
    – Oui, c'est à moi, dit Hugh du même ton
de mauvaise humeur. Vous l'auriez bien sentie, si vous vous étiez
seulement trouvé sur son chemin cette nuit. Posez-la par terre.
    – Je l'aurais sentie ! dit
M. Dennis sans la lâcher, et examinant d'un air distrait si
elle avait

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