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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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réverbération sur les maisons d'en face, lui fit
reconnaître l'approche de quelques amis ; il s'abrita un
moment dans une allée, dont il avait trouvé la porte ouverte en
passant, et, montant avec quelques autres personnes à une fenêtre
du second étage, il se mit à regarder en bas la foule.
    Ils avaient avec eux des torches qui
éclairaient distinctement les visages des principaux acteurs de
cette scène. Ils venaient de démolir quelques bâtiments, on le
voyait assez, et il n'était pas moins évident que c'était un lieu
consacré au culte catholique, comme le prouvaient les dépouilles
qu'ils portaient en trophées, des soutanes, et des étoles avec de
riches fragments des ornements de l'autel, couverts de suie, de
crotte, de poussière et de plâtre. Leurs vêtements en lambeaux,
leurs cheveux en désordre éparpillés autour de leurs têtes, leurs
mains et leurs figures écorchées et saignantes des clous rouillés
contre lesquels ils s'étaient meurtris, Barnabé, Hugh et Dennis,
poursuivaient leur route en avant, furieux et hideux comme des
échappés de Bedlam. Derrière eux se pressait la foule pour les
suivre. Les uns chantaient, les autres poussaient des cris de
victoire ; d'autres se querellaient ; d'autres menaçaient
les spectateurs en passant ; d'autres, avec de grands éclats
de bois sur lesquels ils passaient leur rage, comme si c'eussent
été des victimes vivantes, les brisaient en mille morceaux qu'ils
jetaient en l'air ; d'autres, en état d'ivresse, ne sentaient
pas même les coups qu'ils avaient reçus par la chute des pierres,
des briques ou de la charpente. Il y en avait un qu'on portait sur
un volet, en guise de civière, au milieu de la multitude ; il
était couvert d'un drap sale, sous lequel on voyait seulement un
bloc inanimé, une figure funèbre. Puis, c'étaient des visages
grossiers qui passaient, éclairés ça et là par un bout de flambeau
fumeux ; une fantasmagorie de têtes de démons, d'yeux
sauvages, de bâtons et de barres de fer dressés en l'air, qui
tournaient et s'agitaient sans fin. Tableau horrible où l'on voyait
à la fois tant et si peu, tant de fantômes qu'on ne pouvait plus
oublier de sa vie, et tant d'objets confus qu'on n'avait que le
temps d'entrevoir d'un coup d'œil rapide ! Parais,
disparais !
    Pendant que la foule passait pour marcher à
son œuvre de ruine et de colère, on entendit un cri perçant, vers
lequel se précipitèrent quelques personnes. Gashford était du
nombre : il était descendu tout exprès. Seulement, il était en
arrière du groupe de curieux, sans rien voir et sans rien entendre.
L'un de ceux qui étaient mieux placés devant lui l'informa que
c'était une femme veuve qui venait de reconnaître son fils parmi
les émeutiers.
    « Est-ce là tout ? dit le
secrétaire, se retournant comme pour rentrer chez lui. Ma
foi ! cela commence à prendre tournure. »

Chapitre 9
     
    Malgré les espérances que Gashford avait pu
concevoir de ces préliminaires violents, qui avaient si bien l'air
de prendre tournure en effet, les choses n'allèrent pas plus loin
pour le moment. La troupe fut mandée de nouveau, elle fit encore
une demi-douzaine de prisonniers, et la foule se dispersa derechef,
après une courte échauffourée, sans qu'il y eût eu de sang répandu.
Au milieu de leurs transports et de leur ivresse, ils n'avaient
pourtant pas encore rompu tout frein, ni bravé ouvertement le
gouvernement et les lois. Ils gardaient encore quelque chose de
leur respect habituel pour l'autorité que la société avait commise
au soin de sa conservation ; et, si des mesures opportunes
eussent rétabli plus tôt la majesté du pouvoir, le secrétaire en
aurait été pour ses peines ; il ne lui restait plus qu'à
digérer ses désappointements.
    À minuit, les rues étaient vides et
tranquilles, et, sauf qu'il y avait dans deux quartiers de la ville
un monceau de murs chancelants et un amas de décombres, à la place
où le soleil s'était couché la veille sur un riche et magnifique
édifice, tout avait son aspect ordinaire. Les catholiques bourgeois
ou marchands, en assez grand nombre dans la Cité et ses faubourgs,
n'avaient pas d'inquiétude pour leurs biens ou leurs
propriétés ; peut-être même n'avaient-ils pas vu avec une
grande indignation le tort qu'on leur avait déjà fait en pillant et
détruisant leurs églises. Une foi sincère dans le gouvernement,
dont la protection leur était acquise depuis bien des années,

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