Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
Vom Netzwerk:
remit en marche tout doucement. Au
même instant passait une voiture qui s'arrêta, une main de dame fit
tomber la glace, et sir John s'avança aussitôt, le chapeau à la
main. Au bout d'une minute ou deux de conversation à la portière,
évidemment au sujet de l'émeute, il monta légèrement dans la
voiture, qui l'emmena.
    Le secrétaire sourit ; mais il avait des
sujets plus sérieux en tête, et ne songea pas longtemps à celui-là.
On lui apporta son dîner, mais il le fit redescendre sans y
toucher. Il passa quatre mortelles heures à se promener de long en
large dans sa chambre, sans fin et sans repos, à regarder toujours
à la pendule, à faire d'inutiles efforts pour s'asseoir et lire, ou
à se jeter sur son lit, ou à regarder par la fenêtre. Quand il vit
au cadran que le temps marqué était venu, il monta d'un pas furtif
jusqu'au haut de la maison, passa sur la nuit en attique, et
s'assit, le visage tourné vers l'est.
    Il ne s'inquiétait guère ni de la fraîcheur de
l'air, qui saisissait son front échauffé en venant des prairies
voisines, ni des masses de toits et de cheminées qu'il avait sous
les yeux, ni de la fumée et du brouillard dont il cherchait à
percer les nuages, ni des cris perçants des enfants dans leurs jeux
du soir, ni du bruit ni du tumulte bourdonnant de Londres, ni du
gai souffle qui accourait de la campagne pour se perdre et
s'éteindre dans le brouhaha de la grande ville. Non ; il
regardait… il regardait toujours autre chose jusque dans
l'obscurité de la nuit, tachetée seulement çà et là de quelques
jets de lumière le long des rues, à distance ; et plus
l'obscurité augmentait, plus augmentaient aussi son attention et
son inquiétude.
    « Rien que du noir, non plus, dans cette
direction, murmurait-il tout bas incessamment. L'animal ! où
donc est cette aurore boréale qu'il m'avait promis de me faire voir
ce soir dans le ciel ? »

Chapitre 12
     
    Pendant ce temps-là, le bruit des troubles de
la ville avait déjà circulé joliment dans les bourgs et les
villages des environs de Londres, et, chaque fois qu'il arrivait
des nouvelles fraîches, elles étaient sûres d'être accueillies avec
cet appétit pour le merveilleux et cet amour du terrible, qui sont,
probablement depuis la commencement du monde, un des attributs
caractéristiques de l'espèce humaine. Cependant ces rumeurs, aux
yeux de certaines personnes de ce temps, comme elles le seraient
aux nôtres mêmes, si les faits aujourd'hui n'étaient pas acquis à
l'histoire, semblaient si monstrueuses et si invraisemblables,
qu'un grand nombre des gens qui habitaient loin de là, quelque
crédules qu'ils pussent être d'ailleurs, ne pouvaient réellement se
mettre dans l'esprit que la chose fût possible, et repoussaient les
renseignements qu'ils recevaient de toutes mains, comme de pures
fables et des fables absurdes.
    M. Willet, bien décidé à n'en rien
croire, d'après des raisonnements infaillibles à lui connus, et
d'une obstination constitutionnelle dont nous avons déjà eu des
preuves, était un de ceux qui refusaient positivement la
conversation sur un sujet si ridicule, selon eux. Ce soir-là même,
et peut-être bien au moment où Gashford était en vedette sur les
toits, le vieux John avait la face si rouge, à force de branler la
tête pour contredire ses trois anciens camarades de bouteille, que
c’était un vrai phénomène, et qu'on aurait payé sa place pour voir
ce visage rubicond, sous le porche du Maypole où ils étaient assis
tous quatre, briller comme les escarboucles-monstres qu'on
rencontre dans les contes de fées.
    « Croyez-vous, monsieur, dit
M. Willet, regardant fixement Salomon Daisy (car c'était son
habitude, toutes les fois qu'il avait une altercation personnelle,
de s'en prendre au plus faible de la bande), croyez-vous, monsieur,
que je sois un imbécile de naissance ?
    – Non, non, Jeannot, répondit Salomon,
regardant à la ronde le petit cercle dont il faisait partie. Nous
ne sommes pas assez bêtes pour croire cela. Vous n'êtes pas un
imbécile, Jeannot ; que non, que non ! »
    M. Cobb et M. Parkes secouèrent la
tête à l'unisson en marmottant entre leurs dents : « Non,
non, Jeannot, bien loin de là. »
    Mais, comme ces sortes de compliments
n'avaient ordinairement d'autre effet que de rendre M. Willet
encore plus têtu qu'auparavant, il les examina d'un air de profond
dédain et leur répondit en ces termes :
    « Alors, qu'est-ce que vous

Weitere Kostenlose Bücher