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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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venez me
chanter, que ce soir vous allez faire un tour ensemble jusqu'à
Londres… vous trois… pour vous en rapporter au témoignage de vos
sens. Est-ce que, leur dit M. Willet, mettant sa pipe entre
ses dents d'un air de dégoût solennel, le témoignage de mes sens, à
moi, ne vous suffit pas ?
    – Mais, dit humblement Parkes pour
s'excuser, nous n'en avons pas connaissance, Jeannot.
    – Vous n'en avez pas connaissance,
monsieur ? répéta M. Willet en le toisant des pieds à la
tête. Ah ! vous n'en avez pas connaissance ? Vous en avez
connaissance, monsieur. Ne vous ai-je pas dit que Sa benoîte
Majesté le roi Georges III ne laisserait pas plus l'émeute rigoler
dans les rues de sa bonne ville de Londres, qu'il ne se laisserait
lui-même insulter par son parlement ?
    – À la bonne heure, Johnny ; mais
c’est là le témoignage de votre bon sens ; ce n'est pas le
témoignage de vos sens, risqua M. Parkes.
    – Et qu'en savez-vous ? repartit
John avec une grande dignité. Vous vous permettez là des
contradictions un peu lestes, monsieur. Qu'en savez-vous, si c'est
l'un plutôt que l'autre ? je ne croyais pas vous l'avoir dit
encore, monsieur. »
    M. Parkes, se voyant embarqué dans une
discussion métaphysique dont il ne savait trop comment se tirer,
balbutia une apologie et battit en retraite devant son antagoniste.
Il s'ensuivit un silence de dix ou douze minutes, après lequel
M. Willet se mit à grommeler, à branler la tête en éclatant de
rire, et à faire l'observation, à propos de son défunt adversaire,
« qu'il l'avait joliment arrangé. » Sur quoi
MM. Cobb et Daisy rirent aussi avec des signes de tête
affirmatifs, et Parkes fut définitivement considéré comme un homme
mort.
    « Vous imaginez-vous que, si tout cela
était vrai, M. Haredale serait toujours dehors, comme il
est ? dit John, après une autre pause. Croyez-vous qu'il
n'aurait pas peur de laisser sa maison toute seule avec deux jeunes
femmes et une couple de serviteurs pour toute défense ?
    – C'est vrai, mais c'est peut-être parce
que son château est à une bonne distance de Londres ; vous
savez qu'on dit que les émeutiers ne s'écartent pas à plus de deux
ou trois milles. La preuve, c’est qu'il y a des catholiques, vous
savez, qui ont envoyé, pour plus de sûreté, leurs bijoux et leur
argenterie à la campagne… du moins, on le dit.
    – On le dit, on le dit ! répéta
M. Willet d'un air bourru. Oui, monsieur ; c’est comme on
dit que vous avez vu un revenant en mars dernier, mais personne
n'en croit rien.
    – Eh bien ! dit Salomon, se levant
pour distraire l'attention de ses deux amis, qui commençaient à
rire de cette boutade, qu'on le croie ou qu'on ne le croie pas, que
ce soit vrai ou faux, si nous voulons aller à Londres, nous ferons
bien de partir tout de suite. Ainsi, Johnny, une poignée de main,
et bonne nuit !
    – Je n'ai pas de poignée de main, reprit
l'aubergiste, qui fourra les siennes dans ses poches, à donner à
des gens qui s'en vont à Londres pour de pareilles
bêtises. »
    Les trois vieux compagnons en furent quittes
pour lui prendre les coudes au lieu de lui serrer les mains. Après
cette cérémonie, ils décrochèrent leurs chapeaux, prirent leurs
cannes, leurs manteaux, lui souhaitèrent le bonsoir et partirent,
en lui promettant de lui rapporter le lendemain des détails
véridiques sur l'état réel de la ville ; et, s'ils la
trouvaient tranquille, ils lui feraient de bon cœur amende
honorable.
    John Willet les regarda partir sur la route,
aux rayons abondants et riches d'une belle soirée d'été. Il fit
tomber les cendres de sa pipe, rit en lui-même de leur folie, à
s'en tenir les côtes. Il en était encore tout essoufflé, car cela
lui prit du temps, vu qu'il n'était pas plus prompt à rire qu'à
penser ou à parler, lorsqu'enfin il s'assit, le dos à la muraille,
allongea ses jambes sur le banc, se couvrit la figure de son
tablier, et tomba dans un profond sommeil.
    Peu importe le temps qu'il dormit ;
toujours est-il que ce fut assez long : car, lorsqu'il
s'éveilla, la riche clarté du soleil couchant s'était éteinte, les
ombres et les ténèbres de la nuit se précipitaient à l'horizon, et
on voyait déjà briller au-dessus de sa tête quelques étoiles
éclatantes.
    Tous les oiseaux étaient à leur perchoir, et
les pâquerettes, sur le gazon, avaient fermé leur petit capuchon
pour protéger leur sommeil ; le chèvrefeuille

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