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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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voisins, où leurs camarades étaient
déjà rassemblés. Hugh regardait en arrière et faisait tourner son
chapeau aux yeux de Barnabé, qui, charmé du poste de confiance
qu'on lui avait laissé, répliquait de la même manière, et reprenait
après sa promenade de long en large devant la porte de l'écurie, où
déjà ses pieds avaient tracé un sentier. Et lorsque Gashford
lui-même, déjà loin, se retourna pour la première fois, Barnabé
était toujours là à se promener de long en large, du même pas
cadencé. C'était bien le plus dévoué et le plus fier champion qui
eût jamais été chargé de défendre un poste : jamais personne
ne se sentit au cœur plus d'attachement à son devoir, ni plus de
détermination pour le défendre jusqu'à la mort.
    Souriant de la simplicité de ce pauvre idiot,
Gashford se rendit lui-même à Welbeck-Street par un chemin
différent de celui que devaient suivre les émeutiers, et là, assis
derrière un rideau à l'une des fenêtres du premier étage de la
maison de lord Georges Gordon, il attendit avec impatience leur
passage. Ils y mirent tant de temps que, malgré la certitude qu'il
avait que c'était bien par là qu'ils étaient convenus de passer, il
eut un moment l'idée qu'ils avaient dû changer leurs plans et leur
itinéraire. À la fin pourtant le bruit confus des voix se fit
entendre dans les champs voisins, et bientôt après ils défilèrent
en foule, formant une troupe nombreuse.
    Cependant ils étaient loin d'être tous là,
comme on s'en aperçut bientôt, quand ils vinrent divisés en quatre
sections, qui s'arrêtèrent l'une après l'autre devant la maison,
pour pousser trois salves de hourras, et passèrent ensuite leur
chemin, après que les chefs qui les conduisaient eurent crié tout
haut où ils allaient, en invitant les spectateurs à se joindre à
eux. Le premier détachement, portant en bannières quelques restes
du pillage qu'ils avaient consommé à Moorfield, proclama qu'ils
étaient en route pour Chelsea, d'où ils reviendraient dans le même
ordre, pour faire tout près de là un feu de joie des dépouilles
qu'ils en rapporteraient. Le second déclara qu'ils allaient à
East-Smithfield, pour le même objet. Tout cela se faisait en plein
soleil et au grand jour. De beaux équipages ou des chaises à
porteurs s'arrêtaient pour les laisser passer, ou s'en retournaient
sur leurs pas, pour éviter leur rencontre ; les piétons se
rangeaient dans l'encoignure d'une allée ou demandaient aux
locataires la permission de se tenir à une croisée ou dans le
vestibule, en attendant que l'émeute fût passée : mais
personne n'intervenait, et, sitôt que le flot était écoulé, chacun
reprenait son trantran ordinaire.
    Restait encore la quatrième division, et
c’était celle que le secrétaire attendait avec le plus
d'impatience. Enfin la voilà qui s'avance ! (Elle était
nombreuse et composée d'hommes de choix : car, en cherchant à
les reconnaître, il vit parmi eux bien des figures qui ne lui
étaient pas inconnues, et, en tête naturellement, celles de Simon
Tappertit, Hugh et Dennis. Ils firent halte, comme les autres, pour
pousser leurs hourras ; mais, quand ils se remirent en marche,
ils ne proclamèrent pas, comme eux, le but qu'ils se proposaient.
Hugh se contenta de lever son chapeau au bout de son gourdin, et
partit après avoir jeté un coup d'œil à un gentleman qui était là
en spectateur, de l'autre côté de la rue.
    Gashford suivit, par instinct, la direction de
ce coup d'œil, et vit, debout sur le trottoir, avec une cocarde
bleue, sir John Chester, qui leva son chapeau à quelques lignes
au-dessus de sa tête pour faire honneur à l'émeute, et s'appuya
ensuite avec grâce sur sa canne, souriant de la manière la plus
agréable, déployant sa toilette et sa personne tout à fait à leur
avantage, et surtout ayant l'air d’une tranquillité inimaginable.
Cela n'empêcha pas, malgré toute son habileté, que Gashford ne le
vit bien faire un signe de protection à Hugh, pour le reconnaître
en passant : car le secrétaire, oubliant la foule, n'eut plus
d'yeux que pour sir John.
    Celui-ci resta à la même place et dans la même
attitude, jusqu'au moment où le dernier homme de la foule eut
tourné le coin de la rue. Alors il prit sans hésiter son chapeau,
dont il détacha la cocarde, et la remit soigneusement dans sa poche
pour la prochaine occasion. Il se rafraîchit avec une prise de
tabac, ferma sa tabatière, et se

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