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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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le
remue-ménage du départ. Le regard d'étonnement mêlé de colère qu'on
avait pu voir dans ses traits, quand il s'était retourné tout à
l'heure, s'était dissipé aussi rapidement que les mots étaient
sortis de sa mémoire, comme l'haleine s’efface sur un miroir poli.
Alors, empoignant l'arme que Hugh venait de lui fourrer dans la
main, il alla monter fièrement sa faction à la porte, trop loin
d'eux pour pouvoir les entendre.
    « Vous avez manqué de gâter tout, maître,
lui dit Hugh. Oui, vous ! N'est-ce pas drôle ?
    – Qui diable pouvait supposer qu'il eût
l'oreille si subtile ? répondit Gashford pour se
justifier.
    – Subtile ! Ma foi, je ne parle pas
de ses mains, vous les avez vues à l'œuvre ; mais il a
quelquefois la tête même aussi subtile que vous et moi, dit Hugh.
Dennis, nous devrions être partis. On nous attend ; je suis
venu vous le dire. Donnez-moi mon bâton et mon baudrier. Un petit
coup de main, notre maître ; passez-moi ça par-dessus
l'épaule, et bouclez-le par derrière, s'il vous plaît.
    – Leste comme toujours ! dit le
secrétaire en lui ajustant son fourniment.
    – C'est qu'il faut être leste
aujourd'hui. Nous avons à faire une besogne un peu leste.
    – Est-ce vrai ? est-ce vrai ?
dit Gashford avec un air si innocent, que l'autre, le regardant
par-dessus l'épaule d'un air courroucé, lui répliqua :
    – Est-ce vrai ? Vous le savez bien, que
c'est vrai. Comme si vous ne saviez pas mieux que personne que la
première précaution à prendre c'est d'aller faire des exemples sur
ces témoins-là pour faire peur aux autres, et leur apprendre à
venir encore déposer contre nous et contre les membres de notre
Association !
    – Je connais quelqu'un, et vous aussi,
reprit Gashford avec un sourire expressif, qui sait cela au moins
aussi bien que vous et moi.
    – Si le gentleman que je pense est le
même que celui dont vous parlez, comme je le crois, reprit Hugh
d'un ton radouci, il faut donc qu'il soit aussi bien informé de
tout que (ici il s'arrêta pour regarder autour de lui, comme pour
s'assurer que le gentleman en question n'était pas là)… que le
diable en personne. Voilà tout ce que je peux dire. Voyons !
est-ce tout, maître ? Vous n'en finirez donc pas, ce
soir ?
    – Eh bien ! voilà qui est
fini ! dit Gashford, en se levant ; à propos, je voulais
encore vous dire… comme cela, vous n'avez pas trouvé que votre ami
désapprouvât la petite expédition d'aujourd'hui ? Ha !
ha ! ha ! c’est heureux que cela se rencontre si bien
avec la leçon à donner à M. le témoin ; car je suis sûr
qu'il n'a pas plus tôt entendu parler de votre projet qu'il a voulu
le voir exécuter. Et à présent vous voilà partis, hein ?
    – À présent, nous voilà partis, maître.
Vous n'avez pas un dernier mot à nous dire ?
    – Ah ! ciel ! mon Dieu non, dit
Gashford avec une douceur charmante, pas le moindre.
    – Bien sûr ? cria Hugh en poussant
du coude Dennis, qui riait dans sa barbe.
    – Bien sûr, hein, maître
Gashford ? » dit le bourreau, toujours riant d'un rire
étouffé.
    Gashford réfléchit un moment, indécis entre sa
prudence et sa méchanceté. Puis, se plaçant entre eux deux, et leur
posant à chacun une main sur l'épaule :
    « Mes amis, leur dit-il tout bas d'une
voix crispée, n'oubliez pas… mais je suis sûr que vous vous en
souviendrez… n'oubliez pas notre conversation de l'autre soir… chez
vous, Dennis… vous savez sur qui :
Pas de merci, pas de
quartier, ne laissez pas deux soliveaux de sa maison debout, à la
place où les a mis le charpentier
. Le feu, comme on dit, est
un bon serviteur, mais un mauvais maître. Que ce soit son
maître ; il n'en mérite pas d'autre. Mais je suis bien sûr que
vous serez fermes, je suis bien sûr que vous serez résolus ;
je suis bien sûr que vous vous rappellerez qu'il a soif de votre
sang et de celui de vos braves compagnons. Si vous avez jamais
montré ce que vous savez faire, c'est aujourd'hui que vous allez le
faire voir. N'est-ce pas, Dennis ? n'est-ce pas
Hugh ? »
    Ils le regardèrent tous les deux, et
s'entre-regardèrent après ; alors ils se mirent à pousser un
grand éclat de rire, brandirent leurs gourdins au-dessus de leurs
têtes, lui donnèrent une poignée de main, et sortirent en
courant.
    Gashford les laissa prendre un peu les
devants, puis il les suivit. Il les vit à distance se diriger en
toute hâte du côté des champs

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