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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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enlacé autour du
porche exhalait ses parfums plus odorants que jamais, comme si, à
cette heure silencieuse, il devenait moins timide, et qu'il aimât à
prodiguer à la nuit ses douces senteurs ; le lierre remuait à
peine son feuillage d'un vert profond. Comme tout cela était
tranquille ! comme tout cela était beau !
    Mais est-ce que je n'entends pas encore un
autre bruit que le frôlement des feuilles dans les arbres et le gai
frémissement des sauterelles ? Écoutez bien ! c'est
quelque chose de bien faible et de bien éloigné ; cela
ressemble assez à ce bruit de mer qu'on entend dans un coquillage.
Mais le voici qui augmente… Ah ! maintenant il décroît !…
il recommence… il redouble… il s'affaiblit encore… il éclate avec
violence.
    En effet, c’était bien un bruit qu'on
entendait sur la route, et qui variait avec les détours du chemin.
Mais à présent il n'y avait plus à s'y méprendre ; c'étaient
bien les voix, c'étaient bien les pas d'un grand nombre de
personnes.
    Peut-être pourtant que, même alors, John
Willet aurait été à cent lieues de penser à l'émeute, sans les
clameurs de sa cuisinière et de sa fille de service, qui se mirent
à grimper l'escalier en poussant des cris, et à s'enfermer au
verrou dans un vieux grenier, d'où elles firent entendre encore
après des hurlements plaintifs, apparemment pour mieux assurer le
secret de leur retraite. Ces deux demoiselles ont déposé plus tard
que M. Willet, dans sa terreur, ne prononça qu'un mot, six
fois de suite, et d'une voix de stentor qui le fit retentir
jusqu'au haut de l'escalier où elles étaient. Mais, comme ce mot ne
se composait que d'un monosyllabe [2] ,
parfaitement inoffensif quand on l'emploie pour le quadrupède même
qu'il désigne, mais très répréhensible quand on l'applique à des
femmes d'un caractère irréprochable, il y a des personnes qui ont
été portées à croire que ces demoiselles étaient sous l'empire de
quelque hallucination causée par l'excès de leur frayeur, et
qu'elles avaient été dupes d'une erreur d'acoustique.
    Quoi qu'il en soit, John Willet, chez lequel,
à défaut de courage, il y avait un entêtement imbécile qui pouvait
en avoir l'air, s'établit sous le porche, où il les attendit de
pied ferme. Une fois, je crois, il lui passa par la tête une idée
vague que cette porte, derrière lui, avait une serrure et des
verrous. Il eut, par la même occasion, une autre idée confuse dans
le cerveau, qu'il avait sous la main des volets pour fermer les
fenêtres du rez-de-chaussée. Mais il n'en resta pas moins là comme
une souche, à regarder de loin dans la direction d'où le bruit
s'avançait rapidement, sans seulement se donner la peine de retirer
les mains de ses goussets.
    Il n'eut pas longtemps à attendre : une
masse noirâtre, qui se mouvait dans un nuage de poussière, se fit
bientôt apercevoir. L'émeute doublait le pas ; criant à
tue-tête, comme des sauvages, ils se précipitèrent pêle-mêle, et,
en quelques secondes, ils s'étaient passé l'aubergiste, comme une
balle, de main en main, jusqu'au cœur de la troupe.
    « Ohé ! cria une voix qu'il
reconnut, en même temps que l'homme qui parlait fendait la presse
pour se faire un passage jusqu'à lui. Où est-il ?
Donnez-le-moi. Ne lui faites pas de mal. Eh bien ! mon vieux
Jean, comment ça va ? ha ! ha ! ha ! »
    M. Willet le regarda, vit bien que
c'était Hugh, mais sans rien dire, et peut-être sans en penser
davantage.
    « Voilà des camarades qui ont soif ;
il faut leur donner à boire, cria Hugh, en le poussant dans la
maison. Allons, Jean-Jean, hardi à la besogne ! Donnez-nous de
ce bon petit, de cet excellent petit… extra-fin que vous gardez
pour votre boîte ordinaire. »
    John articula faiblement ces mots :
« Qui est-ce qui payera ?
    – Dites donc, les autres,
entendez-vous ? Il demande qui est-ce qui payera, » cria
Hugh avec des éclats de rire qui rebondirent dans la foule. Puis,
se tournant vers John, il ajouta : « Qui payera ?
mais, personne ! »
    John arrêta ses yeux sur cette masse de
figures, les unes ricanantes, les autres menaçantes, les unes
éclairées par des torches, les autres indistinctes, quelques-unes
couvertes par l'ombre et les ténèbres, ou le regardant fixement, ou
faisant l'inspection de sa maison, ou se regardant les unes les
autres ; et, sans savoir comment, car il ne se rappelait
seulement pas avoir bougé, il se trouva dans son

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