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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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mon dessein ? dit
M. Chester en tirant une chaise vers elle ; vous devinez
mon but ? Je suis un père plein de tendresse, ma chère madame
Varden.
    – J'en suis bien sûre, monsieur, dit
Mme Varden.
    – Je vous remercie, répliqua
M. Chester en tapant le couvercle de sa tabatière. Les pères
et les mères ont de lourdes responsabilités morales, madame
Varden. »
    Mme Varden leva légèrement ses mains,
secoua sa tête, et regarda le plancher, comme si elle plongeait
tout droit ses yeux au travers du globe, d'un bout à l'autre, et
dans l'immensité de l'espace au delà.
    « Je peux me fier à vous, dit
M. Chester, m'y fier sans réserve. J'aime mon fils, madame,
avec tendresse ; et, l'aimant comme je fais, je voudrais le
sauver d'une misère certaine. Vous savez quelque chose de son
attachement pour Mlle Haredale. Vous l'avez favorisé, et il y
avait beaucoup de bonté de votre part à le faire. Je vous suis très
obligé, profondément obligé, de l'intérêt que vous avez témoigné à
son égard ; mais, ma chère madame, vous vous êtes méprise, je
vous assure. »
    Mme Varden balbutia qu'elle était
fâchée.
    « Fâchée, ma chère madame ?
répondit-il en l'interrompant. Ne soyez nullement fâchée d'une
chose si aimable, si bonne dans l'intention, si parfaitement digne
de vous. Mais il y a de graves et fortes raisons, de pressantes
considérations de famille, et même, en les écartant, des
difficultés dans la différence de religion, qui se mettent en
travers de leurs sentiments, et rendent leur union impossible, tout
à fait impossible. J'aurais exposé ces circonstances à votre
mari ; mais il n'a pas, vous m'excuserez de parler si
franchement, il n'a pas votre vivacité à saisir les choses, ni
votre profondeur de sens moral… Que cette maison-ci a un aspect
agréable, et qu'elle est admirablement tenue ! Pour un homme
comme moi, veuf depuis si longtemps, ces marques du soin et de la
surveillance d'une femme ont des charmes inexprimables. »
    Mme Varden commença à penser (sans trop
savoir pourquoi), que M. Chester fils devait avoir tort, et
que M. Chester père devait avoir raison.
    « Mon fils Ned, reprit le tentateur, de
son air le plus séduisant, a eu, m'a-t-on dit, l'aide de votre
aimable fille, et de votre mari, un homme franc comme l'or.
    – Beaucoup plus que la mienne, monsieur,
dit Mme Varden, infiniment plus. J'ai eu souvent mes doutes.
C'est un…
    – Un mauvais exemple, suggéra
M. Chester. « Oui, c'en est un. Il n'y a pas de doute
là-dessus, c'en est un. Votre fille est d'âge à ce qu'on doive
éviter de mettre sous ses yeux un encouragement pour des jeunes
gens à se révolter contre leurs parents sur un point de la plus
haute importance ; c'est un acte tout à fait imprudent. Vous
avez parfaitement raison. J'aurais dû y songer moi-même ; mais
cela m'a échappé, je le confesse, tant votre sexe est supérieur au
nôtre, chère madame, sous le rapport de la pénétration et de la
sagacité. »
    Mme Varden prit un air aussi avisé que si
elle eût réellement dit quelque chose qui méritât ce
compliment ; elle finit par en avoir la conviction, et sa foi
dans sa propre habileté s'en accrut considérablement.
    « Ma chère madame, dit M. Chester,
vous m'enhardissez à vous parler franchement : mon fils et moi
nous sommes en désaccord sur cet article ; la jeune demoiselle
et son tuteur le sont également. Bref, pour conclure, mon fils est
obligé, au nom de ses devoirs envers moi, de son honneur, des liens
les plus solennels, d'en épouser une autre.
    – Il a pris l'engagement d'épouser une
autre demoiselle ? dit Mme Varden en levant ses
mains.
    – Ma chère madame, il a été élevé,
instruit, formé expressément dans cette vue, expressément dans
cette vue. Mlle Haredale, m'a-t-on dit, est une très charmante
créature ?
    – Je l'ai nourrie, je dois la
connaître ; c'est la meilleure demoiselle que je connaisse,
dit Mme Varden.
    – Je n'ai pas là-dessus le moindre doute,
elle l'est, j'en suis sûr. Et vous, qui avez eu ces tendres
relations avec elle, vous n'en êtes que plus obligée de consulter
son bonheur. Maintenant puis-je, moi, comme je l'ai dit à Haredale,
qui en tombe d’accord, puis-je être là, et souffrir qu'elle se
jette (bien qu'elle soit d'une famille catholique) dans les bras
d’un jeune homme qui, quant à présent, n'a pas du tout de
sentiments du cœur ? Ce n'est pas lui faire de tort que de
dire

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