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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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qu'il n'en a pas, car les jeunes gens qui se sont plongés au
fond des frivolités et des habitudes convenues de la société, en
ont très rarement. Le cœur ne leur pousse jamais, ma chère madame,
qu'après la trentaine ; je ne crois pas, non, je ne crois pas
que j'eusse moi-même un cœur quand j'étais à l'âge de Ned.
    – Oh ! monsieur, dit
Mme Varden, je pense que vous devez en avoir eu un ; vous
en avez trop aujourd'hui pour n'en avoir pas toujours eu.
    – J'aime à espérer, répondit-il en
haussant les épaules avec humilité, que j'en ai eu un peu, un tout
petit peu, le ciel le sait ! Mais, pour en revenir à Ned, je
ne doute pas que vous n'ayez pensé, quand vous avez eu la bonté de
vous entremettre en sa faveur, que je ne rendais pas justice à
Mlle Haredale, c'est bien naturel ! Mais point du tout,
ma chère madame, c'est contre lui, contre lui seul que portent mes
objections. Je le répète énergiquement, contre Ned
lui-même. »
    Mme Varden resta ébahie de cette
révélation.
    « Il a, s'il remplit en homme d’honneur
l'engagement solennel dont je vous ai parlé (et il faut qu’il soit
un homme d'honneur, ma chère madame Varden, ou il ne serait pas mon
fils), une fortune sous la main. Avec ses habitudes dispendieuses,
ruineuses, si, dans un moment de caprice et d'entêtement, il
épousait cette jeune demoiselle et se privait par là des moyens de
contenter les goûts auxquels il a été si longtemps accoutumé, il
briserait, ma chère madame, le cœur de cette douce créature. Madame
Varden, ma bonne dame, ma chère âme, je m’en rapporte à vous :
est-ce là un sacrifice qu'il faille souffrir ? le cœur d’une
femme est-il une chose à laisser traiter d'une façon si
légère ? Interrogez le vôtre, ma chère madame, interrogez le
vôtre, je vous en supplie.
    – Vraiment, pensa Mme Varden, ce
gentleman est un saint. Mais, ajouta-t-elle à haute voix et bien
naturellement, si vous ôtez à Mlle Emma celui qu'elle aime,
que deviendra donc, monsieur, le cœur de cette pauvre jeune
fille ?
    – C'est juste le point, dit
M. Chester sans être du tout déconcerté, où je désirais vous
amener. Un mariage avec mon fils, que je serais contraint de
désavouer, n'aurait d'autre suite que des années de misère, ils se
sépareraient, ma chère madame, au bout d'un an. Rompre cet
attachement, qui est plus imaginaire que réel, comme vous et moi le
savons très bien, coûtera seulement quelques larmes à cette chère
enfant ; mais cela ne l'empêchera pas d'être heureuse après.
Jugez-en par le cas de votre propre fille, la jeune demoiselle qui
est en bas, votre vivante image. » Mme Varden toussa et
sourit ingénument. « Il y a un jeune homme (je suis fâché de
le dire, un garçon débauché, d'une réputation très médiocre) dont
j'ai entendu parler à mon fils Ned. Il s'appelle Boulet, Poulet ou
Mollet.
    – Je connais un jeune homme appelé Joseph
Willet, monsieur, dit Mme Varden en croisant ses mains avec
dignité.
    – C'est cela, cria M. Chester.
Supposez que ce Joseph Willet voulût aspirer aux affections de
votre charmante fille, et fît tout ce qu'il pourrait pour y
réussir.
    – Il faudrait qu'il eût une fière
impudence, interrompit Mme Varden, d'oser penser à pareille
chose !
    – Ma chère madame, c'est exactement le
même cas ; ce serait une grande impudence, et voilà
l'impudence que je reproche à Ned. Mais vous ne voudriez pas pour
cela, j'en suis sûr, dût-il en coûter quelques larmes à votre
fille, vous abstenir d'étouffer leurs inclinations
naissantes ; c'est ce que j'aurais voulu dire à votre mari
quand je l'ai vu ce soir chez Mme Rudge…
    – Mon mari, dit Mme Varden en
interrompant avec émotion, ferait beaucoup mieux de rester à la
maison que d'aller chez Mme Rudge si souvent. Je ne sais ce
qu'il va faire là. Je ne sais pas quel motif il peut avoir,
monsieur, de se mêler du tout des affaires de Mme Rudge.
    – Si je ne vous parais pas exprimer mon
adhésion aux sentiments que vous venez de manifester, répliqua
M. Chester, tout à fait avec autant de force que vous le
souhaiteriez peut-être, c'est parce que je dois à sa présence en ce
lieu, ma chère madame, et à son peu de goût pour la conversation,
d'être venu ici vous trouver vous-même ; c'est ce qui m'a
procuré le bonheur de cet entretien avec une personne dans laquelle
sont concentrées, à ce que je vois, l'entière direction, la
conduite et la

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