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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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laisser
seulement une bougie sur l'escalier. Au palier était une lampe où
il pouvait toujours l'allumer lorsqu'il revenait tard, et, comme il
avait sur lui une clef de la porte, il pouvait rentrer et se
coucher à l'heure qu'il voulait.
    Il ouvrit le verre de la sombre lampe, dont la
mèche, presque toute embrasée et enflée comme le nez d'un ivrogne,
s’envolait en petites escarboucles au toucher de la chandelle, et,
répandant tout autour d'ardentes étincelles, rendait assez
difficile l'opération d’allumer le paresseux flambeau, quand un
bruit, semblable au ronflement profond d’un homme endormi quelques
marches au-dessus, tint en suspens M. Chester et le fit
écouter. C’était bien la forte respiration d’un homme qui dormait
là, tout contre. Un individu s'était couché sur l'escalier même, et
y dormait solidement. Après avoir allumé enfin la chandelle et
ouvert sa porte, le gentleman monta doucement, en tenant le
flambeau élevé sur sa tête et regardant avec précaution alentour,
curieux de voir quelle espèce d'homme avait choisi pour son gîte un
abri si peu confortable.
    Sa tête sur le palier supérieur et ses grands
membres étendus sur une demi-douzaine de marches, aussi
négligemment qu'un cadavre jeté la par des croque-morts en
goguette, gisait Hugh, son visage en l'air, sa longue chevelure
éparpillée comme une algue sauvage sur son oreiller de bois avec sa
large poitrine haletante dont le bruit troublait ce lieu à cette
heure d'une manière si inaccoutumée.
    Le gentleman, qui s'attendait peu à le voir
là, allait interrompre son repos en le poussant du pied, lorsque,
au moment de le faire, un coup d’œil sur le visage tourné vers lui
l'arrêta. Se baissant donc et ombrageant de sa main la bougie, il
examina les traits du dormeur, mais, de si près qu'il les eût
examinés, cela ne lui suffit pas, car il passa et repassa sur la
figure de cet homme la lumière couverte encore avec plus de soin,
pour observer l'inconnu d'un œil plus pénétrant.
    Tandis qu'il était tout entier à cet examen,
le dormeur, sans tressaillir, sans se tourner même, se réveilla. Il
y eut dans la rencontre soudaine de son fixe regard une espèce de
fascination qui ôta à l'observateur la présence d'esprit de retirer
ses yeux, et l'obligea en quelque sorte de soutenir les yeux de
l'autre. Ils restèrent ainsi à se considérer avec un étonnement
réciproque, jusqu'à ce que M. Chester rompit enfin le silence,
et lui demanda à voix basse pourquoi il était venu coucher là.
    « Il me semblait, dit Hugh, en
s'efforçant de se mettre sur son séant et continuant à fixer sur
lui un regard prolongé, que vous faisiez partie de mon rêve. Un
rêve curieux, ma foi ; j'espère qu'il ne se réalisera jamais,
maître.
    – D'où vient que vous
frissonnez ?
    – C'est le froid, je suppose, grogna-t-il
en se secouant et se levant. Je ne sais pas encore bien où j'en
suis.
    – Est-ce que vous ne me reconnaissez
pas ? dit M. Chester.
    – Oh que si, je vous reconnais bien,
répliqua-t-il. Je rêvais de vous ; mais, par exemple, nous ne
sommes pas où je croyais être avec vous, Dieu
merci ! »
    En disant ces mots, il regarda autour de lui,
et particulièrement au-dessus de sa tête, comme s'il se fût attendu
à se trouver au-dessous de quelque objet qui faisait partie de son
rêve. Puis il se frotta les yeux, se secoua de nouveau, et suivit
son conducteur dans son appartement.
    M. Chester alluma les bougies de sa table
de toilette, et roulant une bergère vers le feu qui brûlait encore,
s'assit devant, et dit à son inculte visiteur :
    « Venez ici, ôtez-moi mes bottes… Vous
avez encore bu, mon drôle, dit-il lorsque Hugh s'agenouilla pour
exécuter l'ordre qu'il avait reçu.
    – Aussi vrai que j'existe, maître, j'ai
fait à pied les quatre mortelles lieues, après quoi, j'ai attendu
ici je ne sais depuis combien de temps, sans qu'il m'ait passé une
goutte de boisson par les lèvres depuis midi que j'ai dîné.
    – Et n'aviez-vous rien de mieux à faire,
mon agréable ami, que de vous endormir à ébranler la maison tout
entière de vos ronflements ? dit M. Chester. Ne
pouviez-vous pas aller rêver sur votre paille au Maypole, mauvais
chien que vous êtes, au lieu de venir ici pour cela ? Allez me
chercher mes pantoufles, et marchez doucement. »
    Hugh obéit en silence.
    « Écoutez un peu, mon cher jeune
gentleman, dit M. Chester en mettant les pantoufles. La
première fois

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