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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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que vous rêverez, dispensez-vous de rêver de
moi ; rêvez de quelque chien ou de quelque rosse avec qui vous
serez plus lié. Remplissez-vous un verre ; vous le trouverez,
ainsi que la bouteille, à la même place, et videz-le pour vous
tenir éveillé. »
    Hugh obéit derechef, et, cette fois, même avec
plus de zèle ; puis après il se présenta devant son
patron.
    « Maintenant, dit M. Chester, que me
voulez-vous ?
    – Il y a des nouvelles aujourd'hui,
répliqua Hugh ; votre fils a paru chez nous, il est venu à
cheval. Il a essayé de voir la jeune femme, il n'a pas pu seulement
l'entrevoir. Il a laissé quelque lettre ou quelque message dont
notre Joe s'est chargé ; mais lui et le vieux se sont
querellés à ce sujet quand votre fils a été parti, et le vieux ne
voulait pas que la commission fût faite. Il dit comme ça (c'est le
vieux qui parle) qu'il ne veut pas que personne chez lui se mêle de
cette affaire pour lui procurer du désagrément. Il est aubergiste,
comme il dit, et ne veut pas mécontenter ses pratiques qui le font
vivre.
    – C'est un vrai diamant, dit
M. Chester avec un sourire, et un diamant brut, ce qui n'en
vaut que mieux. Après ?
    – La fille de Varden… c'est la jeunesse à
qui j'ai pris un baiser…
    – Et à qui vous avez volé un bracelet sur
la grande route, dit M. Chester tranquillement. Eh bien,
qu'avez-vous à dire d'elle ?
    – Elle a écrit chez nous une lettre à la
jeune femme, pour lui annoncer qu'elle avait perdu celle que je
vous ai apportée et que vous avez brûlée. Notre Joe devait porter
ce billet à la Garenne ; mais le vieux a retenu son fils au
logis toute la journée suivante, afin de l'empêcher de faire la
commission. Le surlendemain, il m'en a chargé ; le voici.
    – Vous ne l'avez donc pas remis à son
adresse, mon bon ami ? dit M. Chester, en tortillant le
billet de Dolly entre son doigt et son pouce, et feignant la
surprise.
    – J'ai supposé que vous ne seriez pas
fâché de l'avoir, répliqua Hugh. Quand on en brûle une, autant les
brûler toutes, ai-je pensé.
    – Ma foi, monsieur le Diable, dit
Chester, réellement, si vous ne prenez pas plus de discernement,
votre carrière pourra bien se trouver raccourcie avec une rapidité
merveilleuse. Ne savez-vous pas que la lettre que vous m'avez
apportée était adressée à mon fils qui reste ici même ? et ne
mettez-vous aucune différence entre ses lettres et celles qui sont
adressées à d'autres ?
    – Si vous n'en voulez pas, dit Hugh
déconcerté par ce reproche, quand il s'attendait à des compliments,
rendez-la-moi, et je la remettrai à son adresse. Je ne sais pas
comment vous contenter, maître.
    – Je la remettrai, répliqua son patron,
en la rangeant de côté après avoir réfléchi un moment… La jeune
demoiselle se promène-t-elle dehors, dans les belles
matinées ?
    – Très souvent. Ordinairement sur le
midi.
    – Seule ?
    – Oui, seule !
    – Où ?
    – Sur la pelouse en face de la maison,
celle qui est traversée par le sentier.
    – Si le temps est beau, il est possible
que je me lance demain sur son passage, dit M. Chester, aussi
froidement que si cette demoiselle eût été une de ses connaissances
habituelles. Monsieur Hugh, si j'arrive à cheval devant la porte du
Maypole, vous me ferez la faveur de ne m'avoir jamais vu qu'une
seule fois. Vous devez supprimer votre gratitude et tâcher
d'oublier ma tolérance dans l'affaire du bracelet. Cette gratitude
est naturelle : je ne suis pas étonné que vous la montriez, et
cela vous fait honneur ; mais quand il y a là d'autres
personnes, vous devez, pour votre propre sûreté, continuer d'être
comme à votre ordinaire, absolument, comme si vous ne m'aviez
aucune espèce d'obligation, et que vous ne vous fussiez jamais
trouvé ici entre ces quatre murs. Vous me
comprenez ? »
    Hugh le comprit parfaitement. Après une pause,
il marmotta qu'il espérait que son patron ne le jetterait pas dans
quelque embarras au sujet de cette dernière lettre, qu'il avait
gardée dans l'unique vue de lui plaire. Il allait continuer de ce
ton, lorsque M. Chester coupa court à ses excuses de l'air du
plus généreux des protecteurs, et lui dit :
    « Mon bon garçon, vous avez ma promesse,
ma parole, mon engagement scellé (car un engagement verbal de ma
part a tout autant de valeur) que je vous protégerai toujours aussi
longtemps que vous le mériterez. Mettez donc votre esprit en repos.
Soyez bien

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