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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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la
conclusion n'était que trop probable, car il était devenu le chien
le plus hargneux de toute la compagnie. Bref, entre le vieux John
et les amis du vieux John, il n'y eut jamais un infortuné garçon,
si rudoyé, si malmené, si tourmenté, si irrité, si harcelé, ni si
abreuvé du dégoût de la vie que le pauvre Joe Willet.
    C'en était venu au point que c'était à présent
l'état de choses officiel et légal ; mais, comme le vieux John
avait un vif désir de faire briller sa suprématie aux yeux de
M. Chester, il se surpassa ce jour-là, et il aiguillonna et
échauffa tellement son fils et héritier que, si Joe n'avait pris
avec lui-même l'engagement solennel de garder ses mains dans ses
poches lorsqu'elles n'étaient pas occupées d'une autre façon, il
est impossible de dire ce qu'il en aurait fait peut-être. Mais la
plus longue journée a son terme, et M. Chester finit par
monter sur son cheval, qui était prêt devant la porte.
    Comme le vieux John ne se trouvait pas là en
ce moment, Joe, qui, dans le comptoir, méditait sur son triste sort
et sur les perfections innombrables de Dolly Varden, courut dehors
pour tenir l'étrier à son hôte et l'aider à monter. M. Chester
était à peine en selle, et Joe était en train de lui faire un
gracieux salut, quand le vieux John, plongeant du porche dans la
cour, saisit son fils au collet.
    « Pas de cela, monsieur, dit John, pas de
cela, monsieur. Il ne faut point rompre votre engagement. Comment
osez-vous, monsieur, franchir la porte sans permission ? Vous
cherchez à vous sauver, n'est-ce pas, monsieur, comme un
parjure ? Que prétendez-vous, monsieur ?
    – Lâchez-moi, père, dit Joe d'un air
suppliant, lorsqu'il aperçut un sourire sur la figure du visiteur
et qu'il observa le plaisir que lui procurait sa mésaventure. C'est
trop fort aussi. Qui est-ce qui songe à se sauver ?
    – Qui est-ce qui songe à se sauver ?
cria John en le secouant. Eh mais, c'est vous, monsieur. C'est
vous : c'est vous, petit polisson, monsieur, ajouta John, en
le colletant d'une main et employant l'autre à faire au visiteur un
salut d'adieu, c'est vous qui voulez vous glisser comme un serpent
dans les maisons, et susciter des différends entre de nobles
gentlemen et leurs fils ; direz-vous que ce n'est pas vous,
hein ? Taisez-vous, monsieur. »
    Joe ne fit pas d'effort pour répliquer. Sa
honte était consommée : la dernière goutte allait faire
déborder le vase. Il se dégagea de l'étreinte de son père, lança un
regard courroucé à l'hôte qui partait, et retourna dans
l'auberge.
    « Si ce n'était pour elle, pensa Joe, en
se jetant à une table dans la salle commune et laissant tomber sa
tête sur ses bras ; si ce n'était pour Dolly (car je ne
pourrais supporter l'idée qu'elle pût me croire un mauvais sujet,
comme ils ne manqueraient pas de le dire, si je me sauvais de la
maison), le Maypole et moi nous nous séparerions cette
nuit. »
    Le soir étant alors arrivé, Salomon Daisy, Tom
Cobb et le long Parkes, étaient réunis dans la salle commune, d'où
ils avaient été témoins par la fenêtre de toute la scène.
M. Willet, les joignant bientôt après, reçut les compliments
de ses compagnons avec un grand calme, alluma sa pipe, et s'assit
parmi eux.
    « Nous verrons, messieurs, dit John après
une longue pause qui est le maître ici et qui ne l'est pas. Nous
verrons si ce sont les petits polissons qui doivent mener les
hommes, ou si ce sont les hommes qui doivent mener les petits
polissons.
    – C'est vrai aussi, dit Salomon Daisy
avec quelques inclinations de tête d'un caractère approbatif, vous
avez raison. Johnny. Très bien, Johnny. Bien dit, monsieur Willet.
Brayvo
, monsieur. »
    John porta lentement ses yeux sur
l'approbateur, le regarda longtemps, et finit par faire cette
réponse qui consterna l'auditoire d'une manière inexprimable :
« Quand je voudrai des encouragements de vous, monsieur, je
vous en demanderai. Je vous prie de me laisser tranquille,
monsieur. Je n'ai pas besoin de vous, j'espère. Ne vous frottez pas
à moi, s'il vous plaît.
    – Ne prenez point pas mal la chose,
Johnny ; je n'ai pas eu de mauvaise intention, dit le petit
homme pour sa défense.
    – Très bien, monsieur, dit John, plus
obstiné que de coutume après sa dernière victoire. Ne vous occupez
pas de ça, monsieur ; je saurai bien me tenir tout seul, je
pense, monsieur, sans que vous vous donniez la peine de me
soutenir. » Et après

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