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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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trouver ici. Mais en devenant vieux
nous devenons plus sages, meilleurs, j’aimerais à l'espérer, et dès
le principe j’ai été opposé à mon fils dans cette tentative. J’en
prévoyais la fin, et je voulais vous l'épargner, si cela m'était
possible.
    – Parlez ouvertement, monsieur,
balbutia-t-elle, vous me trompez ou vous vous trompez. Je ne vous
crois pas, je ne le peux pas, je ne le dois pas.
    – D'abord, dit M. Chester d'un ton
insinuant, comme il y a peut-être dans votre esprit quelque secret
sentiment de colère que je ne veux pas exploiter, prenez, je vous
prie, cette lettre. Elle est tombée en mes mains par hasard, par
suite d'une méprise, elle était destinée à vous expliquer, m'a-t-on
dit, pourquoi mon fils n'a pas répondu à un autre billet de vous. À
Dieu ne plaise, mademoiselle Haredale, dit le bon gentleman avec
une grande émotion, qu’il reste dans votre tendre cœur un injuste
sujet de reproche contre Édouard ! Vous deviez connaître,
comme vous allez le voir, qu’Édouard n’est pas en faute sur ce
point. »
    Un semblable procédé semblait si candide, si
scrupuleux, si honorable, si vrai et si juste, il y avait là
quelque chose qui en rendait le loyal auteur si digne de confiance,
qu'Emma sentit, pour la première fois, son cœur défaillir. Elle se
détourna et fondit en larmes.
    « Je voudrais, dit M. Chester en se
penchant vers elle en lui parlant d'une voix douce et tout à fait
vénérable je voudrais, chère demoiselle, que ma tâche fût de
dissiper et non d'accroître ces témoignages de votre douleur. Mon
fils, mon fils égaré… car je ne veux pas l’accuser d’être criminel
de propos délibéré : les jeunes gens qui ont déjà eu deux ou
trois amourettes auparavant agissent sans réflexion, sans savoir
seulement le mal qu’ils font… rompra la foi qu’il vous a
engagée ; il l'a même rompue maintenant. M'arrêterai-je là,
et, après vous avoir donné cet avertissement, laisserai-je à
l'avenir le soin de le justifier, ou bien voulez-vous que je
continue ?
    – Continuez, monsieur, répondit-elle, et
parlez plus ouvertement encore ; vous le devez pour lui comme
pour moi.
    – Ma chère demoiselle, dit
M. Chester en se courbant vers elle d'une manière encore plus
affectueuse, que je voudrais nommer ma chère fille, mais les
destins ne le permettent pas, Édouard cherche à rompre avec vous
sous un prétexte faux et tout à fait inexcusable. Je le sais par
ses manifestations, j'en ai eu la preuve de sa main. Pardonnez-moi
si j'ai surveillé sa conduite ; je suis son père ; votre
paix et son honneur m'étaient chers, et il ne me restait plus
d'autre ressource. Une lettre se trouve en ce moment sur son
pupitre, prête à vous être envoyée, et dans laquelle il vous dit
que notre pauvreté… notre pauvreté, la sienne et la mienne,
mademoiselle Haredale, l'empêche de persister et de prétendre à
votre main ; dans laquelle il vous offre, vous propose
volontairement, de vous dégager de votre foi, et parle avec
magnanimité (ce que les hommes font très communément en pareil cas)
d'être un jour plus digne de votre attention, et ainsi de
suite ; une lettre, enfin, dans laquelle non seulement il fait
avec vous des façons, pardonnez-moi l'expression, je voudrais
appeler à votre secours votre orgueil et votre dignité ; non
seulement il fait avec vous des façons pour retourner, je le
crains, à l'objet dont les dédains lui avaient inspiré sa courte
passion pour vous (car elle prit naissance dans sa vanité blessée),
mais encore affecte de se faire un mérite et une vertu de son
prétendu sacrifice. »
    Emma lança de nouveau à M. Chester un
regard orgueilleux, comme par un mouvement involontaire, et elle
répliqua le cœur gros :
    « Si ce que vous dites est vrai, il prend
une peine bien inutile, monsieur, pour exécuter son dessein. Il est
bien bon de se préoccuper de la paix de mon esprit. Je lui en suis
fort obligée.
    – Vous reconnaîtrez si ce que je vous dis
est vrai, chère demoiselle, repartit M. Chester, en recevant
ou en ne recevant pas la lettre dont je vous parle… Haredale, mon
cher garçon, je suis charmé de vous voir, quoique nous nous
rencontrions dans une circonstance singulière et assez triste. Vous
vous portez bien je l’espère ? »
    À ces mots, la jeune demoiselle leva ses yeux
qui étaient pleins de larmes en voyant son oncle debout en effet
devant eux, se sentant d’ailleurs incapable de

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