Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
Vom Netzwerk:
exacte de la terreur que celle que présentait le petit
bonhomme. Sa transpiration formait des perles sur sa figure, ses
genoux claquaient l'un contre l'autre, chacun de ses membres
tremblait, il avait perdu tout pouvoir d'articuler des mots ;
il était là debout, haletant, fixant sur eux des regards si
livides, si plombés, qu'ils furent infectés de son effroi, bien
qu'ils en ignorassent la cause, et que, reflétant son visage
terrifié, frappé d'horreur, ils reculèrent ébahis, sans se risquer
à lui faire la moindre question. Enfin le vieux John Willet, dans
un accès de délire momentané, se jeta sur sa cravate, et, le
saisissant par cette partie de son costume, le secoua de çà et de
là, si bien que ses dents lui en claquaient dans la tête.
    « Dites-nous tout de suite ce que vous
avez, monsieur, cria John, ou je vous tue. Dites-nous ce que vous
avez, ou je vous plonge à l'instant la tête dans le chaudron.
Comment osez-vous prendre cet air-là ? Y a-t-il quelqu'un qui
vous poursuive ? Dites quelque chose, ou je vous extermine,
oui, je vous extermine. »
    M. Willet, dans sa frénésie, fut si près
de tenir sa parole à la lettre, car Salomon Daisy commençait déjà à
rouler ses yeux d'une manière alarmante, et certains sons rauques,
semblables à ceux d'un homme qui suffoque, sortaient déjà de sa
gorge, que les deux spectateurs, qui avaient un peu recouvré leurs
sens, lui arrachèrent de force sa victime, et placèrent le petit
sacristain de Chigwell sur une chaise. Celui-ci, jetant un regard
d'épouvanté autour de la salle, les supplia d'une voix faible de
lui donner quelque chose à boire ; et surtout de fermer à clef
la porte de la maison, et de mettre les barres aux volets, sans
perdre un moment. La dernière requête n'était pas propre à rassurer
ses auditeurs, ni à les remplir des sensations les plus
réconfortantes. Ils firent néanmoins ce qu'il demandait, avec toute
la célérité possible ; et, après lui avoir servi une rasade de
grog presque bouillant, ils attendirent le récit de ce qu'il
pouvait avoir à leur apprendre.
    « Ô Johnny, dit Salomon en le secouant
par la main. Ô Parkes ! Ô Tommy Cobb ! pourquoi ai-je
quitté l'auberge ce soir ? le dix-neuf mars ! le jour le
plus terrible de l'année, le dix-neuf mars ! »
    Ils se rapprochèrent tous du feu. Parkes, qui
était le plus près de la porte, tressaillit et regarda par-dessus
son épaule. M. Willet, avec une grande indignation, demanda ce
que diable il voulait dire par là ; puis il dit :
« Dieu me pardonne ! » lança un coup d'œil de mépris
par-dessus son épaule, et se rapprocha de l’âtre tant soit peu.
    « Lorsque je vous laissai ici ce soir,
dit Salomon Daisy, je ne songeais guère au quantième. Je n'étais
jamais allé seul dans l'église après la brune, à pareil jour,
depuis vingt-sept ans : car j'ai entendu dire que, comme nous
fêtons nos anniversaires de naissance durant notre vie, les
fantômes des morts qui sont mal à leur aise dans leurs tombeaux,
fêtent l'anniversaire de leur décès… Comme le vent
rugit ! »
    Personne ne dit mot. Tous les yeux étaient
fixés sur Salomon.
    « J'aurais dû reconnaître la date, ainsi
que ce temps exécrable. Il n'y a pas dans tout le cours de l'année
une nuit pareille à cette nuit, il n'y en a pas. Jamais je ne dors
tranquille dans mon lit le dix-neuf mars.
    – Continuez, dit Tom Cobb à voix
basse ; ni moi non plus. »
    Salomon Daisy porta son verre à ses
lèvres ; il le remit sur le carreau d'une main si tremblante
que la cuiller tinta dans le verre comme une clochette, et il
continua ainsi :
    « Ne vous disais-je pas bien que nous
étions ramenés à ce sujet de quelque étrange façon, à chaque
anniversaire du dix-neuf mars ? Supposez-vous que ce soit par
un simple hasard que j'avais oublié de remonter l'horloge de
l'église ? Jamais je ne l'oublie d'ordinaire, bien que cette
sotte machine ait besoin d'être remontée chaque jour. Pourquoi ma
mémoire serait-elle plus en défaut ce jour-là que tous les
autres ?
    « J'y allai au sortir d'ici, avec autant
de hâte que possible : mais j'avais à passer d'abord à la
maison pour prendre les clefs ; et, le vent et la pluie
faisant rage contre moi tout le long de la route, c'était tout ce
que je pouvais faire que de me tenir sur mes jambes. Enfin
j'arrive, j'ouvre la porte et j'entre. Je n'avais pas rencontré une
âme tout le long de la route, jugez si c'était

Weitere Kostenlose Bücher