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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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vagabonds, dont l’âge variait de six à douze
ans.
    M. Cobb et M. Parkes regardaient
donc d'un air mystérieux cette composition, puis ils se regardaient
l'un l'autre, puis ils regardaient le vieux John. Depuis le temps
qu'il l'avait collée de ses propres mains, M. Willet n'avait
jamais, soit par un mot, soit par un signe, fait allusion à ce
sujet, ni encouragé quelque autre à le faire. Personne n'avait la
moindre idée de ses pensées et de ses opinions à cet égard, s'il
s'en souvenait ou s'il l’avait oublié, s'il avait ou non dans
l'esprit qu'un semblable événement eût jamais eu lieu. Aussi, même
tandis qu’il dormait, personne ne se hasardait à y faire allusion
en sa présence, et voilà ce qui faisait que ses amis de cœur
étaient silencieux en ce moment.
    M. Willet en était venu cependant à une
telle complication de nœuds, qu'évidemment de deux choses l'une, il
allait se réveiller ou mourir. Il opta pour la première
alternative, et ouvrit les yeux.
    « S’il n’arrive pas d'ici à cinq minutes,
dit John, je ferai servir le souper sans lui. »
    L'antécédent de ce pronom avait été mentionné
pour la dernière fois à huit heures. MM.  Parkes et Cobb,
accoutumés à ce style de conversation intermittente, répliquèrent
sans difficulté qu'assurément Salomon était fort en retard, et
qu'ils s'étonnaient de ce qui pouvait le retenir.
    « Il n'a pas été emporté par le vent, je
suppose ? dit Parkes, quoique le vent soit assez fort pour
enlever un homme de sa taille, et sans se gêner encore.
Tenez ! entendez-vous ? on dirait de la grosse
artillerie. Il y aura bien du fracas ce soir dans la forêt, et plus
d'une branche brisée à ramasser par terre demain matin.
    – Il ne brisera toujours pas grand chose
au Maypole, je vous en réponds, monsieur, répliqua le vieux John.
Il n’a qu’à essayer. Je lui en donne la permission. Qu'est-ce que
c'est que ça ?
    – Le vent, cria Parkes. Il hurle comme un
chrétien, il n'a fait que ça toute la soirée.
    – Avez-vous jamais, monsieur, demanda
John, après une minute de contemplation, entendu le vent
dire : « Maypole ? »
    – Eh mais, qui donc l'a jamais
entendu ? dit Parkes.
    – Ni : « Ohé ! »
peut-être ? ajouta John.
    – Non, pas davantage.
    – Très bien, monsieur, dit M. Willet
sans la plus légère émotion. En ce cas, si c'était le vent, comme
vous dites, que j'entendais tout à l'heure, et pour peu que vous
veuillez vous donner la peine d'écouter un moment sans parler, vous
allez voir comme il dit ces deux mots-là d'une manière très
distincte. »
    M. Willet avait raison. Après avoir
écouté quelques instants, ils purent entendre distinctement,
par-dessus le tumulte rugissant du dehors, ce cri répété ; et
cela d'une façon perçante et avec une énergie dénotant qu'il venait
d'une personne en proie à une grande douleur ou à une grande
terreur. Ils se regardèrent les uns les autres, pâlirent et
retinrent leur haleine. Pas un ne bougea.
    Ce fut dans cette conjoncture que
M. Willet déploya quelque chose de la vigueur d'esprit et de
la plénitude de ressources mentales qui lui attiraient l'admiration
de tous ses amis et voisins. Après avoir regardé MM. Parkes et
Cobb quelque temps en silence, il appliqua ses deux mains à ses
joues, et poussa un rugissement qui fit danser les verres et
résonner les chevrons ; un beuglement longtemps soutenu,
discordant, qui, roulant avec le vent et faisant tressaillir chaque
écho, rendit cette bruyante nuit cent fois plus tumultueuse ;
un braiment profond, éclatant, formidable, qui retentit comme un
gong humain. Puis, ayant toutes les veines de sa tête et de sa
figure enflées par ce grand effort, et la pourpre la plus vive
répandue sur son teint, il s'avança plus près du feu, et y tournant
le dos, il dit avec dignité :
    « Si ça peut réconforter quelqu'un, qu'il
en profite ; si c'est inutile, j'en suis fâché pour lui. S'il
plaît à l'un de vous deux de sortir et d'aller voir ce qui en est,
vous le pouvez, messieurs. Je ne suis pas curieux pour ma
part. »
    Tandis qu'il parlait, le cri se rapprocha, se
rapprocha, un bruit de pas se fit entendre sous la fenêtre, le
loquet de la porte fut levé, elle s'ouvrit ; on la referma
violemment, et Salomon Daisy, avec sa lanterne allumée à la main et
ses habits en désordre et ruisselants de pluie, se précipita dans
la salle.
    Il serait difficile d'imaginer une peinture
plus

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