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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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chancelèrent, comme un
homme ivre, sous l'ouragan ; en plus d'un clocher se balança
cette nuit comme s'il y avait un tremblement de terre.
    Ce n'était pas, pour ceux qui pouvaient se
procurer chez eux du feu et de la chandelle, le moment de braver la
furie de la tempête. Dans les meilleurs cafés, les habitués, réunis
autour du feu, oubliaient la politique et se disaient les uns aux
autres, avec une secrète joie que le vent devenait plus terrible de
minute en minute. Chaque humble taverne du bord de l'eau avait
autour du foyer son groupe d'incultes personnages qui parlaient de
vaisseaux sombrant en mer et d'équipages perdus, rapportaient
mainte histoire de naufrage et d'hommes noyés, faisaient des vœux
pour que quelques matelots de leur connaissance sortissent de là
sains et saufs, et secouaient leur tête en signe de doute. Dans les
maisons particulières, les enfants, en peloton près de la flamme de
l’âtre, écoutaient les contes de fantômes et de lutins, de grandes
figures vêtues de blanc qui venaient se tenir debout dans la ruelle
du lit, de gens qui, étant allés dormir dans de vieilles églises et
ayant échappé à la ronde du sacristain, s'étaient trouvés là tout
seuls au fort de la nuit. Les pauvres petits frissonnaient en
pensant aux chambres ténébreuses de l'étage supérieur, et cependant
ils aimaient à entendre aussi le vent gémir, et ils espéraient bien
qu'il allait continuer de souffler bravement. De temps en temps ces
bienheureux causeurs à l'abri s'arrêtaient pour écouter ; ou
bien l'un d'eux, levant le doigt, criait :
« Chut ! » Et alors, au-dessus du ronflement du vent
dans la cheminée, du clapotage de l'eau fouettée contre les vitres,
on entendait un bruit lamentable, impétueux, qui secouait les murs
comme d'une main de géant ; puis un rauque mugissement, comme
si la mer eût monté ; puis un tourbillon si tumultueux, que
l'air semblait en délire ; puis, avec un hurlement prolongé,
les vagues de vent passaient rapidement et laissaient l'intervalle
d'un instant de repos.
    Ce soir-là, bien qu'il n'y eût personne au
dehors pour la voir, il y avait grande illumination au Maypole.
Comme cela faisait bien sur le vieux rideau rouge de la fenêtre…
d'un beau rouge vif écarlate, qui mêlait dans un riche courant de
splendeur le feu et la chandelle, les plats, les verres et les
convives, et qui brillait comme un œil jovial sur le morne désert
du dehors ! Au dedans, quel tapis comparable à son sable
craquant sous le pied ? Quelle musique aussi gaie que ses
bûches pétillantes ? Quel parfum aussi suave que la friande
vapeur de sa cuisine ? Quelle température aussi féconde que sa
puissante chaleur ? Parlez-moi de la vieille maison solide
comme le roc ! Que le vent irrité s'acharne tant qu'il voudra
à rugir autour de son toit robuste ; qu'il s'essouffle, si
cela lui plaît, dans sa lutte avec les larges cheminées, ça ne les
empêchera pas de vomir de leurs gosiers hospitaliers de grands
nuages de fumée, et de les lui jeter par défi à la face. Laissez-le
s'épuiser à battre et secouer bruyamment les fenêtres. Plus il se
montre jaloux d'éteindre ce joyeux éclat qui l'offusque, et plus
vous verrez la lueur briller et pétiller, animée par la lutte.
    Et que dire aussi des profusions, des
opulentes prodigalités de cette splendide taverne ? Ce n'était
pas assez qu'un seul feu rugît et étincelât dans son spacieux
foyer ; sur les carreaux qui le pavaient tout autour, cinq
cents feux brûlaient en scintillant avec une égale clarté. Ce
n'était pas assez qu'un seul rideau rouge repoussât au dehors la
nuit farouche, et versât sa joyeuse influence sur la salle commune.
Dans chaque couvercle de casserole, dans chaque chandelier, dans
chaque vase de cuivre, jaune ou rouge, ou d'étain, suspendu aux
murailles, il y avait d'innombrables rideaux rouges, qui brillaient
d'un éclat soudain à chaque mouvement de la flamme, et offraient,
n'importe où l'œil s'égarât, des perspectives sans borne de cette
riche couleur. La vieille boiserie en chêne, les poutres, les
chaises, les sièges, la reflétaient dans une faible lueur d'un ton
foncé. Il y avait des feux et des rideaux rouges jusque dans les
yeux des buveurs, dans leurs boutons, dans leur liqueur, dans les
pipes qu'ils fumaient.
    M. Willet était assis à l'endroit qui
avait été sa place accoutumée cinq ans auparavant, ses yeux fixes
sur l'éternel chaudron. Il était assis là

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