Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
Vom Netzwerk:
rassurant. Pas un de
vous n'avait voulu me tenir compagnie, et, si vous aviez pu vous
douter de ce qui allait advenir, vous aviez bien raison.
    « Le vent était si violent, que c'est
tout au plus si je pus fermer la porte de l'église en appuyant de
tout mon poids ; et malgré ça, elle s'ouvrit toute grande deux
fois avec une telle force, que chacun de vous aurait juré, en
voyant la résistance qu'elle opposait à mes efforts, que quelqu'un
poussait de l'autre côté. Je finis cependant par tourner la clef,
j'entrai dans le beffroi, et je remontai l'horloge : il était
temps, elle était presque au bout de son rouleau, et elle allait
s'arrêter dans une demi-heure.
    « Lorsque je pris ma lanterne pour
quitter l'église, voilà que je me sens l'esprit frappé de l'idée
que c'était le dix-neuf mars, mais frappé, là, comme d'un coup
qu'une main robuste m'eût porté pour mieux me le faire entrer dans
la tête ; au même moment, j'entendis une voix hors de la tour…
une voix qui s'élevait d'entre les tombeaux. »
    Ici le vieux John interrompit précipitamment
l'orateur, et pria M. Parkes, qui était assis en face de lui
et regardait fixement par-dessus sa tête, s'il voyait quelque
chose, d'avoir la bonté de le lui dire. M. Parkes s'excusa en
déclarant qu'il ne voyait rien, que c'était seulement pour écouter.
M. Willet riposta avec colère que sa façon d'écouter avec une
pareille expression de physionomie n'était pas agréable, et que,
s'il ne pouvait point regarder comme tout le monde, il ferait mieux
de se couvrir la tête avec son mouchoir. M. Parkes, avec une
grande soumission, promit de ne pas y manquer à sa première
sommation, et John Willet, se tournant vers Salomon, le pria de
continuer. Après avoir attendu qu'une violente bourrasque de vent
et de pluie, qui semblait ébranler même cette solide maison
jusqu'en ses fondements, fût passée, le petit homme obéit à sa
requête.
    « Et n'allez pas me dire que c'était un
effet de mon imagination, ni que je pris un bruit pour un
autre ! J'entendis le vent siffler à travers les arceaux de
l'église. J'entendis le clocher crier en résistant. J'entendis la
pluie qui venait battre contre les murs. Je sentis les cloches en
branle. Je vis les cordes aller en haut et en bas. Et j'entendis
cette voix.
    – Que dit-elle ? demanda Tom
Cobb.
    – Ma foi ! je ne sais quoi ; je
ne sais pas même si c'étaient des paroles. Elle proféra une espèce
de cri, comme chacun de nous en pousserait un, si quelque vision
terrible le poursuivait en rêve ou venait l'assaillir à
l'improviste ; et puis ça s'évanouit dans l'air, ça sembla
passer tout autour de l'église.
    – Je ne vois pas que ce soit grand'chose,
dit John en reprenant longuement haleine, et regardant autour de
lui comme un homme qui se sent soulagé.
    – Peut-être que non, répliqua son
ami ; mais ce n'est pas tout.
    – Qu'est-ce que vous allez encore nous
conter, monsieur ? demanda John, en s'arrêtant au beau moment
où il s'essuyait le front avec son tablier ; qu'est-ce que
vous allez encore nous chanter ?
    – Ce que j'ai vu !
    – Vu ! répétèrent-ils tous les trois
en se penchant vers lui.
    – Quand j'ouvris la porte de l'église
pour sortir, dit le petit homme avec une expression de physionomie
qui témoignait amplement de la sincérité de sa conviction, quand
j'ouvris la porte de l'église pour sortir, ce que je fis
brusquement, parce qu'il me fallait la refermer avant qu'un autre
coup de vent vînt m'en empêcher, alors je me croisai, si près qu'en
étendant mes doigts je l'aurais touché, avec quelque chose qui
ressemblait à un homme. C'était nu-tête au milieu de
l'ouragan ! Ça tourna sa figure sans s'arrêter, et ça fixa ses
yeux sur les miens ! C'était un fantôme !… un
esprit !…
    – De qui ? » crièrent-ils tous
les trois en même temps.
    Dans l'excès de son émotion, car il tomba en
arrière tout tremblant sur sa chaise, et agita sa main comme s'il
les conjurait de ne pas l'interroger davantage, sa réponse fut
perdue pour tous, excepté pour le vieux John Willet, qui se
trouvait assis près du sacristain.
    « Qui donc ? crièrent Parkes et Tom
Cobb, en regardant avec ardeur Salomon Daisy et M. Willet tour
à tour. Qui donc était-ce ?…
    – Messieurs, dit M. Willet après une
longue pause, vous n'avez pas besoin de le demander. L'image d'un
homme assassiné ! C'est le dix-neuf mars ! »
    Un profond silence

Weitere Kostenlose Bücher