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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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s'ensuivit.
    « Si vous voulez m'en croire, dit John,
nous ferons bien, tous tant que nous sommes, de tenir ça secret. De
pareilles histoires ne seraient pas fort goûtées à la Garenne.
Gardons ça pour nous, quant à présent, ou nous pourrions nous
attirer quelque désagrément, et Salomon pourrait perdre sa place.
Que la chose soit réellement comme il le dit ou qu'elle ne le soit
pas, peu importe. Qu'il ait raison ou qu'il ait tort, personne ne
voudra le croire. Quant aux probabilités, je ne pense pas, pour ma
part, dit M. Willet, en regardant les coins de la salle d’une
manière qui dénotait que, comme quelques autres philosophes, il
n’était pas parfaitement rassuré sur sa théorie, qu'un fantôme qui
aurait été un homme sensé pendant sa vie, irait se promener par un
pareil temps, ce que je sais seulement, c'est que ce n'est pas moi
qui m'en aviserais à sa place. »
    Mais cette doctrine hérétique rencontra une
forte opposition chez les trois autres camarades, qui citèrent un
grand nombre de précédents pour montrer que le mauvais temps était
précisément le temps propice aux apparitions de ce genre, et
M. Parkes (qui avait eu un fantôme dans sa famille, du côte
maternel) argumenta sur le sujet avec tant d’esprit et une telle
vigueur de raisonnement, que John aurait été obligé de se rétracter
piteusement, si l’on n'avait pas apporté à point le souper, auquel
ils s'appliquèrent avec un appétit effrayant. Salomon Daisy
lui-même, grâce aux influences exhilarantes du feu, des lumières,
de l’eau-de-vie et de la bonne compagnie, recouvra ses sens au
point de manier son couteau et sa fourchette d'une façon qui lui
fit beaucoup d'honneur, et de déployer pour boire comme pour manger
une capacité si remarquable, qu’elle dissipa toutes les craintes
qu'on aurait pu concevoir pour lui de la peur qu'il avait eue.
    Le souper terminé, ils se rassemblèrent encore
autour du feu, et, conformément à l'usage en de telles
circonstances, ils mirent en avant toutes sortes de questions
majeures qui ne faisaient qu'ajouter à l’horreur de cette histoire
merveilleuse. Mais Salomon Daisy, nonobstant ces tentations de
l’incrédulité se montra si ferme dans sa foi, et répéta si souvent
son récit avec de si légères variantes et avec de si solennelles
protestations de la vérité de ce qu'il avait vu de ses yeux, que
ses auditeurs furent à bon droit plus étonnés encore que la
première fois. Comme il adopta les vues de John Willet relativement
à la prudence qu'il y aurait à ne pas ébruiter cette histoire au
dehors, à moins que le fantôme ne lui apparût derechef, auquel cas
il serait nécessaire de demander immédiatement conseil à M. le
curé, résolution solennelle fut prise de garder le silence et de se
tenir tranquille. Et, comme la plupart des hommes ne sont pas
fâchés d'avoir un secret à dire qui puisse rehausser leur
importance, ils arrivèrent à cette conclusion avec une parfaite
unanimité.
    Cependant il s'était fait tard ; l'heure
habituelle de leur séparation était passée depuis longtemps ;
les compères se dirent adieu pour aller se coucher. Salomon Daisy,
avec une chandelle neuve dans sa lanterne, regagna son logis sous
l'escorte du long Phil Parkes et de M. Cobb, qui étaient un
peu moins émus que lui. M. Willet, après les avoir conduits à
la porte, retourna recueillir ses pensées avec l'assistance du
chaudron, tout en écoutant la tempête de vent et de pluie, qui
n'avait rien rabattu de sa rage et de sa furie.

Chapitre 34
     
    Il n'y avait pas plus de vingt minutes que le
vieux John considérait le chaudron, quand il concentra ses idées
sur un point unique, en leur donnant pour objet l'histoire de
Salomon Daisy. Plus il y pensa, plus il devint pénétré du sentiment
de sa propre sagesse et du désir de faire partager à
M. Haredale le même sentiment. À la fin, résolu à jouer en
cette affaire un rôle principal, un rôle de la plus haute
importance ; voulant d'ailleurs devancer Salomon et ses deux
amis, qui ne manqueraient pas d'aller ébruiter l'aventure,
considérablement augmentée, en la confiant au moins à une vingtaine
de gens discrets comme eux, et très vraisemblablement à
M. Haredale lui-même, le lendemain, à l'heure de son
déjeuner ; il se détermina à se rendre à la Garenne, avant
d'aller au lit.
    « C'est mon propriétaire, pensa John,
tandis que prenant une chandelle, et la fixant dans un coin hors

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