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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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couloir, et par là à la porte même de la chambre des
Communes ; il lui fit voir enfin que, lorsqu'ils marcheraient
en masse, leurs rugissements et leurs acclamations seraient
facilement entendus à l'intérieur par les membres du parlement. Il
ajouta beaucoup d'autres observations analogues, toutes reçues par
Hugh avec un plaisir manifeste.
    Dennis lui nomma aussi quelques-uns des lords
et des membres de la Chambre des communes, à mesure qu'ils
entraient ou sortaient ; il lui dit s'ils étaient amis ou
ennemis des papistes, et il l'engagea à remarquer leurs livrées et
leurs équipages, pour ne pas s'y tromper, en cas de besoin.
Quelquefois il l'entraîna tout près de la portière d'un carrosse
qui passait, afin que l'autre pût voir la figure du maître à la
lueur des réverbères. Bref, sous le double rapport des personnes et
des localités, il prouva une telle connaissance de tout ce qui
l'entourait, qu'il fut évident pour Hugh que Dennis avait fait
souvent de cet endroit l'objet de ses études antérieures, comme
effectivement, lorsque leurs relations devinrent un peu plus
confidentielles, ce dernier ne fit pas difficulté d'en
convenir.
    Mais ce qu'il y avait dans tout cela de plus
frappant, c'était le nombre de gens, jamais en groupes de plus de
deux ou trois ensemble, qui semblaient se tenir cachés dans la
foule pour le même motif. À la majeure partie de ces gens un léger
signe de tête ou un simple regard du compagnon de Hugh était un
salut suffisant ; mais, de temps en temps, un homme venait et
s'arrêtait auprès de Dennis dans la foule, et, sans tourner la tête
ni paraître communiquer avec lui, lui disait un mot ou deux à voix
basse. Puis ils se séparaient comme des étrangers. Quelques-uns de
ces hommes reparaissaient souvent d'une façon inattendue dans la
foule tout près de Hugh, et, en passant, lui serraient la main, ou
le regardaient d'un air farouche en plein visage, mais jamais ils
ne lui parlaient, ni lui à eux ; non, pas un mot.
    Une chose remarquable encore, c'est que, quand
il leur arrivait de se trouver là où il y avait presse, et que Hugh
baissait par hasard les yeux, il était sûr de voir un bras allongé,
sous le sien peut-être, ou peut-être par devant lui, pour jeter
quelque papier dans la main ou la poche d'un spectateur, puis se
retirer si soudainement qu'il était impossible de dire à qui il
appartenait ; Hugh ne pouvait pas non plus, en lançant un
rapide coup d'œil à la ronde, découvrir sur n'importe quelle figure
la moindre confusion, ni la moindre surprise. Souvent ils
marchaient sur un papier semblable à celui qu'il portait dans son
sein ; mais son compagnon lui disait à l'oreille de n'y pas
toucher, de ne pas le relever, de ne pas même le regarder ;
ils le laissaient donc sur le pavé et passaient leur chemin.
    Lorsqu'ils eurent ainsi rôdé dans la rue et
dans toutes les avenues de l'édifice durant près de deux heures,
ils s'éloignèrent, et son ami lui demanda ce qu'il pensait de ce
qu'il venait de voir, et s'il était prêt à quelque échauffourée,
dans le cas où l'on en viendrait là.
    « Plus elle sera chaude, mieux ça vaudra,
dit Hugh ; je suis prêt à n'importe quoi.
    – Je le suis également, dit son ami, et
nous ne sommes pas les seuls. »
    Alors ils se donnèrent une poignée de mains
avec un grand juron et nombre d'imprécations les plus terribles
contre les papistes.
    Comme ils se sentaient altérés, Dennis proposa
de se rendre ensemble à la Botte, où il y avait bonne compagnie et
liqueurs fortes. Hugh ne s'étant pas fait prier, ils dirigèrent
leurs pas de ce côté sans perdre de temps.
    Cette Botte était un établissement public
situé à l'écart dans les champs, derrière l'hôpital des Enfants
trouvés, lieu très solitaire à cette époque, et tout à fait désert
après la brune. La taverne était à quelque distance de toute grande
route ; on n'en approchait que par une ruelle étroite et
sombre : aussi Hugh fut-il très surpris de trouver là beaucoup
de gens qui buvaient et faisaient bombance. Il fut encore plus
surpris de retrouver parmi ces gens-là toutes les figures qui
avaient attiré son attention dans la foule ; mais son
compagnon l'ayant prévenu tout bas avant d'entrer qu'il serait de
mauvais genre à la Botte de faire attention à la société, il garda
ses réflexions pour lui et n'eut pas l'air de connaître âme qui
vive.
    Avant de porter à ses lèvres la liqueur qu'on
leur avait

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