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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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daigna la prendre en très bonne part, et
même il s'associa autant que le pouvait un personnage aussi grave
et d’un rang aussi élevé, qui sait la réserve et le décorum qu'on
doit s'attendre à voir garder en toute occasion par un homme qui
occupe une haute position.
    M. Tappertit ne se borna pas là, comme
eussent fait beaucoup de personnages publics, mais, ayant appelé
ses deux lieutenants, il leur présenta Hugh avec les plus grandes
recommandations déclarant que, par le temps qui courait, c'était un
homme qui ne pouvait être trop bien traité. En outre, il lui fit
l’honneur de remarquer que c'était une acquisition dont les
Bouledogues Unis eux-mêmes seraient fiers, et, après s'être assuré,
en le sondant qu'il était tout prêt à entrer volontiers dans la
Société (car Hugh n'avait pas l'ombre d'un scrupule, et il se
serait ligué ce soir-là avec n'importe quoi, ou n'importe qui, pour
n'importe quel dessein), il voulut que les préliminaires
indispensables fussent accomplis sur place. Cet honneur rendu à son
grand mérite n'enchanta personne plus que M. Dennis, comme il
le proclama lui-même avec force jurons des plus satisfaisants, et
véritablement l'assemblée tout entière en ressentit une
satisfaction infinie.
    « Faites de moi ce que vous
voudrez ! cria Hugh en agitant en l'air le pot qu'il avait
déjà vidé plus d’une fois. Imposez-moi le service quelconque qui
vous plaira Je suis votre homme. Je remplirai mon devoir. Voici mon
capitaine… voici mon chef. Ha ha ha ! Qu'il m'en donne
l’ordre, je combattrai à moi seul tout le parlement, ou je mettrai
une torche allumée au trône même du roi ! »
    En disant cela, il frappa M. Tappertit
sur le dos avec une telle violence que son petit corps en parut
réduit à sa plus simple expression, puis il recommença ses éclats
de rire à réveiller en sursaut, dans leurs lits, les enfants
trouvés du voisinage.
    Le fait est que l'idée du singulier patronage
auquel il se trouvait accouplé avait pour lui quelque chose de si
comique que son rude cerveau ne pouvait s'en détacher. La simple
circonstance d'avoir pour patron ce grand homme qu'il eût écrasé
d'une main, s'offrit à ses yeux sous des couleurs si excentriques
et si fantasques, qu'une sorte de gaieté sauvage le possédait tout
entier et subjuguait tout à fait sa brutale nature. Il réitéra ses
éclats de rire, porta cent toasts à M. Tappertit, se déclara
Bouledogue jusque dans la moelle des os, et jura de lui être fidèle
jusqu'à la dernière goutte de sang qui coulait dans ses veines.
    M. Tappertit reçut tous ces compliments
comme choses fort naturelles… peut-être un peu flatteuses dans leur
genre, mais dont on ne devait attribuer l'exagération qu'à son
immense supériorité. Son aplomb plein de dignité ne fit que réjouir
Hugh encore davantage, en un mot, le géant et le nain contractèrent
une amitié qui promettait d’être durable : car l'un regardait
le commandement comme son droit légitime, et l'autre considérait
l'obéissance comme une exquise plaisanterie, et, pour faire voir
qu'il ne serait pas un de ces acolytes passifs, qui se font
scrupule d'agir sans ordres précis et définis, lorsque
M. Tappertit monta sur un tonneau vide qui était debout en
guise de tribune, dans la salle, et qu'il improvisa un speech sur
la crise alarmante prête à éclater, le gaillard Hugh alla se placer
à côté de l'orateur, et, bien qu'il ricanât d'une oreille à l'autre
à chaque mot que disait son capitaine, il adressa aux railleurs des
avertissements si expressifs par la manœuvre de son gourdin, que
ceux qui étaient d'abord les plus disposés à interrompre l’orateur
devinrent d'une attention remarquable et furent les premiers à
témoigner hautement leur approbation.
    Tout n'était pas néanmoins tapage et badinage
à la Botte, toute la compagnie n'écoutait pas le speech. Il y
avait, à l’autre bout de la salle (longue chambre, basse de
plafond), quelques hommes en conversation sérieuse pendant ce
temps-là. Lorsqu'un des personnages de ce groupe s'en allait
dehors, on était sûr de voir de nouvelles recrues entrer après et
s'asseoir à leur tour, comme si on devait les relever de faction,
et il était assez clair que la chose se passait ainsi, car ces
changements avaient lieu de demi-heure en demi-heure, au coup de
l'horloge. Ces personnes chuchotaient beaucoup entre elles, se
tenaient à distance et regardaient souvent alentour, comme si

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