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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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approbatif. C'est comme ça qu'on se
met à la besogne : droit au but, sans barguigner et sans
bavarder.
    – À quoi ça sert-il de tirer sa poudre
aux moineaux, mon vieux ? cria Hugh.
    – Mes sentiments tout crachés !
répondit le bourreau. Voilà un gaillard comme il m'en faut dans ma
division, maître Gashford. Prenez son nom, monsieur, couchez-le sur
la liste. Je veux bien être son parrain, quand il faudrait pour son
baptême faire un feu de joie des billets de la banque
d'Angleterre. »
    M. Dennis accompagna ces témoignages de
confiance, et d'autres compliments non moins flatteurs, d'une bonne
tape sur le dos qu'il donna à Hugh, et que celui-ci lui rendit sans
se faire attendre.
    « À bas le papisme, frère ! cria le
bourreau.
    – À bas la propriété, frère !
répondit Hugh.
    – Le papisme, le papisme, dit le
secrétaire avec son habituelle douceur.
    – Tout ça, c'est la même chose !
cria Dennis. Tout ça, c'est très bien. Le camarade a raison, maître
Gashford. À bas tout le monde, à bas tout ! Hourra pour la
religion protestante ! Voilà le vrai moment, maître
Gashford ! »
    Le secrétaire les regarda tous les deux avec
une expression de physionomie très favorable, tandis qu'ils
lâchaient la bride à toutes ces démonstrations de leurs sentiments
patriotiques ; et il allait faire quelque remarque à haute
voix, quand Dennis, s'avançant vers lui et lui couvrant la bouche
de sa main, lui dit tout bas de sa voix rauque, en lui poussant le
coude :
    « Ne tranchez pas trop avec lui du
magistrat constitutionnel, maître Gashford. Il y a des préjugés
populaires, vous savez ; il pourrait bien ne pas aimer ça.
Attendez qu'il soit plus intime avec moi. C'est un gaillard bien
bâti, n'est-ce pas ?
    – Un robuste compère, en
vérité !
    – Avez-vous jamais, maître Gashford,
chuchota Dennis, avec l'espèce d'admiration sauvage et monstrueuse
d'un cannibale affamé, en regardant son intime ami ; avez-vous
jamais (et alors il s'approcha plus près de l'oreille du secrétaire
en cachant sa bouche de ses deux mains) vu une gorge comme
celle-là ? Jetez-y seulement les yeux. Quel col pour y passer
la corde, maître Gashford ! »
    Le secrétaire acquiesça à cette opinion de la
meilleure grâce qu'il put y mettre : car il y a de ces
jouissances de connaisseur qu'on ne peut guère simuler avec succès
quand on n'est pas du métier ; et, après avoir fait au
candidat un petit nombre de questions peu importantes, il procéda à
son enrôlement comme membre de la grande Association protestante de
l'Angleterre. Si quelque chose avait pu surpasser la joie que causa
à M. Dennis l'heureuse conclusion de cette cérémonie, c’aurait
été le ravissement avec lequel il reçut la déclaration que le
nouveau membre ne savait ni lire ni écrire : ces deux sciences
étant, sacrebleu ! dit M. Dennis, la plus grande
malédiction qu'une société civilisée pût connaître, et causant plus
de préjudice aux émoluments professionnels et aux profits du grand
office constitutionnel qu'il avait l'honneur d'exercer, que
n'importe quels autres fléaux qui pouvaient se présenter à son
imagination.
    L'enrôlement étant achevé dans les formes et
Gashford ayant instruit à sa manière le néophyte des vues
pacifiques et strictement légales du corps auquel il avait
l'honneur d'appartenir, cérémonie pendant laquelle Dennis joua
souvent du coude et fit à Gashford diverses grimaces remarquables,
le secrétaire leur fit entendre qu'il désirait être seul. Ils
prirent donc congé de lui sans délai, et sortirent ensemble de la
maison.
    « Vous promenez-vous, frère ? dit
Dennis.
    – Oui ! répliqua Hugh, où vous
voudrez.
    – Voilà ce qui s'appelle un bon camarade,
dit son nouvel ami. Quel chemin allons-nous prendre ?
Voulez-vous que nous allions jeter un coup d'œil aux portes où nous
devons faire un joli tapage, avant qu'il soit longtemps ?
Qu'en dites-vous, frère ? »
    Hugh ayant accepté cette offre, ils s'en
allèrent tout doucement à Westminster, où les deux chambres du
parlement étaient alors en séance. Se mêlant à la foule des
carrosses, des chevaux, des domestiques, des porteurs de chaises,
des porte-falots, des commissionnaires et des oisifs de tout genre,
ils flânèrent aux alentours. Le nouvel ami de Hugh lui montra du
doigt, d'une manière significative, les parties faibles de
l'édifice ; lui expliqua combien il était aisé de pénétrer
dans le

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