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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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en
riant ; un étrange caprice ; il y a des gens qui ont
cette faiblesse-là. Vous le saurez un jour, je vous le jure.
    – Nous sommes des intimes déjà, dit
Hugh.
    – C'est tout à fait naturel ! Et
vous avez bu ensemble, hein ? poursuivit sir John. Vous ne
m'avez pas dit, je crois, où vous êtes allés de compagnie en
sortant de chez lord Georges ? »
    Hugh ne le lui avait pas dit, et n'avait pas
songé à le lui dire ; mais il le lui conta ; et cette
demande ayant été suivie d'une longue file de questions, il
rapporta tout ce qui s'était passé, soit à l'intérieur soit à
l'extérieur, l'espèce de gens qu'il avait vus, leur nombre, leurs
sentiments, leur conversation, leurs espérances et leurs intentions
apparentes. Son interrogatoire fut dirigé avec tant d'art, qu'il
croyait donner tous ces renseignements de lui-même, et non se les
laisser arracher ; et, grâce, à l'habile manège de sir John,
il en était tellement convaincu que, lorsqu'il le vit bâiller enfin
et se plaindre d'être excessivement fatigué, Hugh lui fit des
excuses à sa manière, de l'avoir tenu là si longtemps à écouter son
bavardage.
    « Là, maintenant, allez-vous-en, dit sir
John en tenant d'une main la porte ouverte. Vous avez fait de la
jolie besogne ce soir. Je vous avais dit de ne pas faire cela. Vous
pouvez vous mettre dans l'embarras. Mais vous voulez absolument une
occasion de vous venger de votre orgueilleux ami Haredale, et pour
y réussir vous risqueriez n'importe quoi, je suppose ?
    – Oui, certes, riposta Hugh en s'arrêtant
au moment où il sortait et regardant en arrière ; mais
qu'est-ce que je risque ? Qu'est-ce que j'ai à perdre,
maître ? des amis, un ménage ? je m'en moque pas
mal ; je n'en ai pas, ainsi qu'est-ce que ça me fait ?
Donnez-moi une bonne bagarre ; laissez-moi régler de vieux
comptes dans une émeute hardie où il y aura des hommes pour me
soutenir ; et après ça, faites de moi ce que vous voudrez. Au
bout du fossé la culbute.
    – Qu'avez-vous fait de ce papier ?
dit sir John.
    – Je l'ai sur moi, maître.
    – Jetez-le à terre en vous en
allant ; il vaut mieux ne pas garder de ces choses-là sur
soi. »
    Hugh fit un signe de tête affirmatif, et ôtant
son bonnet de l'air le plus respectueux qu'il put prendre, il
s'éloigna.
    Sir John, ayant mis le verrou à la porte
derrière son visiteur, revint à son cabinet de toilette, se rassit
encore une fois devant le feu, qu'il contempla longtemps dans une
méditation sérieuse.
    « Cela va bien, dit-il enfin avec un
sourire, et promet merveilles. Voyons un peu. Mes parents et moi,
qui sommes les plus chauds protestants du monde, nous souhaitons
tout le mal possible à la cause des catholiques romains ; et
quant à Saville, qui a présenté le bill en leur faveur, j'ai contre
lui en outre une objection personnelle : mais, comme chacun de
nous fait de sa propre personne le premier article de son
credo
, nous ne nous commettrons pas en nous joignant à un
fou fieffé, tel que l'est indubitablement ce Gordon. Seulement je
peux fomenter en secret les troubles qu’il occasionne, et me servir
dans ce but d’un aussi bon instrument que le sauvage ami qui sort
de chez moi, c'est une chose utile pour favoriser nos vues réelles.
Je puis encore exprimer dans toutes les conjonctures convenables,
en termes modérés et polis, une désapprobation de ses actes, bien
que nous soyons d'accord avec lui en principe : c’est le moyen
infaillible de nous faire une réputation de gens honnêtes et droits
dans nos desseins, réputation qui ne peut manquer de nous être
infiniment avantageuse, et de nous élever à quelque importance
politique. Très bien. Voilà pour le côté public de cette affaire.
Quant aux considérations privées, j’avoue que, si ces vagabonds
faisaient quelque émeute (ce qui ne semble pas impossible), et
qu'ils infligeassent quelque petit châtiment à Haredale, comme
étant un des membres les plus actifs de la secte, cela me serait
extrêmement agréable, et m’amuserait outre mesure. Très bien
encore ! et même peut-être mieux ! »
    Quand il en fut là, il prit une prise de
tabac, puis commençant à se déshabiller tout doucement, il résuma
ses méditations en disant avec un sourire :
    « Je crains, oui, je crains excessivement
que mon ami ne marche un peu bien vite sur les traces de sa mère.
Son intimité avec M. Dennis est de mauvais augure. Mais je ne
doute pas qu’il n'eût

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