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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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avait été jolie. Elle portait des traces
d'affliction et d'inquiétude, mais des traces déjà anciennes ;
le temps les avait lissées. Quiconque n'avait accordé par hasard
qu'un simple coup d'œil à Barnabé aurait reconnu que cette femme
était sa mère. Leur ressemblance était frappante ; mais là où
le visage du fils offrait l'égarement et le vide de la pensée, il y
avait chez la mère ce calme patient qui est le résultat de longs
efforts et d'une paisible résignation.
    Une seule chose, dans sa figure, était étrange
et saisissante. Vous ne pouviez pas la regarder, au milieu de son
humeur la plus joyeuse, sans la reconnaître capable, à un degré
extraordinaire, d'exprimer la terreur. Ce n'était point à la
surface. Ce n'était pas non plus particulièrement dans un de ses
traits ; vous ne pouviez prendre ni les yeux, ni la bouche, ni
les lignes de la joue, et dire en les détaillant que cela tenait à
quelqu'un d'eux pris à part. Il y avait plutôt, dans l'ensemble, je
ne sais où, en embuscade, quelque chose qu'on ne voyait jamais que
d'une manière obscure, mais qui était toujours là sans s'absenter
jamais une minute. C'était l'ombre la plus faible, la plus
fugitive, de quelque regard, expression soudaine, enfantée sans
doute par un moment rapide d'intense et inexprimable horreur ;
mais, si vague et faible que fût cette ombre, elle faisait deviner
ce que cette expression avait dû être, et la fixait dans l'esprit
comme l'image d'un mauvais rêve.
    Plus faible, plus chétive, manquant de force
et d'énergie, pour ainsi dire, à raison des ténèbres de son
intelligence, la même empreinte s'était gravée dans la physionomie
du fils. Si on avait vu cela dans un portrait, on aurait demandé la
légende, on n'aurait pu regarder la toile sans être obsédé par une
curiosité pénible. Les personnes qui connaissaient l’histoire du
Maypole, et se souvenaient de ce qu’était la veuve avant
l’assassinat de son mari et de son maître, n'avaient pas besoin
d'explication. Outre la façon dont la malheureuse avait changé, on
se rappelait que, quand son fils était né, le jour même où l'on
avait su la nouvelle du double meurtre, il portait sur son poignet
une marque semblable à une tache de sang mal effacée.
    « Dieu vous garde ! voisine, dit le
serrurier, en la suivant de l'air d’un vieil ami dans une petite
salle à manger où brillait un bon feu.
    – Et vous pareillement, répondit-elle
avec un sourire. C’est votre excellent cœur qui vous a ramené ici.
Rien ne peut vous retenir chez vous, je le sais de longue date s’il
y a des amis à servir ou à consoler au dehors.
    – Fi ! Fi ! répliqua le
serrurier en se frottant les mains et les réchauffant. Voilà bien
les femmes ! il ne leur faut pas grand'chose pour jaser.
Comment va le malade, voisine ?
    – Il dort maintenant. Il a été très agité
vers le jour, et pendant quelques heures il s'est tourné et
retourné douloureusement ; mais la fièvre l'a quitté, et le
médecin dit qu'il sera bientôt guéri. Défense de le transporter
avant demain.
    – Il a eu des visites aujourd'hui,
hein ? dit Gabriel avec finesse.
    – Oui, M. Chester père est resté ici
depuis que nous l'avons envoyé prévenir, et il ne faisait que de
partir quand vous avez frappé.
    – Pas de dames ? dit Gabriel en
haussant les sourcils, et d'un air désappointé.
    – Une lettre, reprit la veuve.
    – Allons ! ça vaut mieux que
rien ! cria le serrurier. Qui en était porteur ?
    – Barnabé, naturellement.
    – Barnabé est un bijou ! dit Varden.
Il va et vient à son aise là où nous autres, qui nous croyons plus
raisonnables que lui, serions fort embarrassés d'en faire autant.
Il n'est pas à courir encore, j’espère ?
    – Dieu merci, il est dans son lit. Comme
il a été debout toute la nuit, vous savez et toute la journée sur
pied, il était rompu de fatigue. Ah ! voisin, si je pouvais
seulement le voir plus souvent aussi tranquille, si je pouvais
seulement dompter cette terrible inquiétude !
    – Cela viendra, dit le serrurier avec
bonté ; cela viendra. Ne vous laissez pas abattre. Je trouve
qu'il gagne en raison chaque jour. »
    La veuve secoua la tête ; et, cependant,
bien qu'elle sût que le serrurier cherchait à l'encourager, et
qu'il ne parlait pas ainsi de conviction, elle éprouvait de la joie
à entendre même cet éloge de son pauvre benêt de fils.
    « Il finira par faire un homme

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