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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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sienne.
Revenez !
    – Que voulez-vous dire ?
    – Inutile de savoir ce que je veux dire.
Ne demandez rien, n'en parlez plus, n'y pensez plus. Il ne faut pas
qu'on le suive, qu'on lui fasse obstacle, qu'on l'arrête.
Revenez ! »
    Le vieillard la regarda tout ébahi, au moment
où elle se tordait pour s'attacher à lui ; et, vaincu par sa
douleur impétueuse, il se laissa entraîner dans la maison. Ce ne
fut pas avant d'avoir mis la chaîne, fermé la porte à double tour,
assuré chaque verrou et chaque barre avec l'ardeur furieuse d'une
folle, et l'avoir tiré en arrière dans la chambre, qu'elle dirigea
de nouveau sur lui ce regard de statue, plein d'horreur, et que,
s'affaissant sur une chaise, elle se couvrit la figure et frissonna
comme si la main de la mort était sur elle.

Chapitre 6
     
    Étonné à l'excès des événements qui s'étaient
passés avec tant de rapidité et de violence, le serrurier contempla
cette femme qui frissonnait sur sa chaise, de l'air d'un homme
hébété ; il l'aurait contemplée beaucoup plus longtemps, si la
compassion et l'humanité n'eussent délié sa langue.
    « Vous êtes malade, dit Gabriel.
Laissez-moi appeler quelque voisine.
    – Non, pour tout au monde, répondit-elle
en lui faisant signe de sa main tremblante et tenant sa figure
encore détournée. C'est bien assez que vous vous soyez trouvé ici
pour voir cela.
    – Oui, plus qu'assez ; c'est trop ou
trop peu, dit Gabriel.
    – Soit, répliqua-t-elle. Comme vous
voudrez. Pas de questions, je vous en supplie.
    – Voisine, dit le serrurier après une
pause, est-ce beau, est-ce raisonnable, est-ce juste envers
vous-même ? Est-ce digne de vous, qui me connaissez depuis si
longtemps et m'avez demandé conseil pour toutes sortes de
choses ? digne de vous, à qui j'ai connu l'esprit vigoureux et
le cœur ferme quand vous n'étiez encore qu'une enfant ?
    – J'en ai eu grand besoin, répondit-elle.
Je vieillis à la fois par les années et par les inquiétudes. C'est
peut-être là une trop rude épreuve qui m'a énervé le cœur et
affaibli l'esprit. Ne me parlez pas.
    – Comment puis-je voir ce que j'ai vu, et
me taire ? répartit le serrurier. Quel était cet homme, et
pourquoi sa venue a-t-elle produit en vous ce
changement ? »
    Elle demeura silencieuse, mais se cramponna à
la chaise comme pour s'empêcher de choir par terre.
    « Je m'autorise d'une ancienne
connaissance, Marie, dit le serrurier, car j'ai toujours eu la plus
vive affection pour vous, et peut-être ai-je essayé de vous le
prouver quand ça m'a été possible. Quel est cet homme de mauvaise
mine, et qu'a-t-il à faire avec vous ? Quel est ce fantôme
qu'on ne voit que par les nuits les plus noires et par de mauvais
temps ? Comment connaît-il et pourquoi vient-il hanter cette
maison, chuchotant à travers les fentes et les crevasses, comme
s'il y avait entre lui et vous quelque chose dont ni l'un ni
l'autre n'oserait parler tout haut ? Qui est-il ?
    – Vous avez bien raison de dire qu'il
hante cette maison, répliqua la veuve d'une voix languissante. Son
ombre a plané sur elle et sur moi dans la lumière et dans les
ténèbres, à midi et à minuit. Et maintenant, enfin, le voilà revenu
en chair et en os.
    – Mais il ne serait pas parti en chair et
en os, répliqua le serrurier avec quelque irritation, si vous aviez
laissé libres mes bras et mes jambes. Quelle énigme est
ceci ?
    – C'en est une, répondit-elle, et en même
temps elle se leva, qui doit rester à jamais une énigme. Je n'ose
pas vous en dire davantage.
    – Vous n'osez pas ! répéta le
serrurier confondu de surprise.
    – Ne me pressez point. Je suis malade et
faible, et toutes mes facultés vitales semblent mortes au dedans de
moi. Non ! ne me touchez point non plus. »
    Gabriel, qui s'était avancé de quelques pas
pour la secourir, recula lorsqu'elle fit cette exclamation
précipitée, et la regarda en silence avec un profond
étonnement.
    « Laissez-moi aller seule, dit-elle à
voix basse, et que les mains d'un honnête homme ne touchent pas les
miennes ce soir. » Quand elle eut marché en chancelant vers la
porte, elle se retourna, et ajouta avec un violent effort :
« N'oubliez pas que ceci est un secret qu'il faut, de toute
nécessité, que je confie à votre honneur. Vous êtes un homme sûr.
Comme vous avez toujours été bon et affectueux pour moi, gardez-le.
Si vous entendez quelque bruit là-haut, excusez mon

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