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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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d'esprit,
continua le serrurier. Prenez garde que, quand nous deviendrons de
vieux radoteurs, Barnabé ne nous fasse la nique. Je ne vous dis que
ça. Mais notre autre ami, ajouta-t-il en regardant sous la table et
autour du plancher, le plus fin matois de tous les matois, où donc
est-il ?
    – Dans la chambre de Barnabé, répliqua la
veuve avec un sourire languissant.
    – Ah ! c'est celui-là qui est un
rusé compère, dit Varden en secouant la tête. Je serais bien fâché
de parler de choses secrètes devant lui. Ah ! c'est ça un
fameux gaillard. Je parie qu'il pourrait lire, écrire et compter,
s'il voulait s'en donner la peine. Qu'est-ce que j'entends
là ? N'est-ce pas lui qui tape à la porte ?
    – Non, répondit la veuve ; c'était
dans la rue, je pense. Écoutez ! oui. Encore ce bruit. Il y a
quelqu'un qui frappe doucement au volet. Qui ce peut-il
être ? »
    Ils avaient parlé à voix basse, car le malade
était couché au-dessus ; et, comme les murs et les plafonds
étaient minces et légèrement bâtis, le son de leurs voix aurait,
sans cette précaution, troublé son sommeil. La personne qui
frappait, quelle qu'elle fût, avait pu se tenir fort près du volet
sans rien entendre ; et voyant la lumière à travers les
fentes, sans aucun bruit, elle avait bien pu croire qu'il n'y avait
là qu'une seule personne.
    « Quelque brigand de voleur, peut-être,
dit le serrurier. Donnez-moi la lumière.
    – Non, non, répondit-elle
précipitamment : de tels visiteurs ne sont jamais venus à ce
pauvre logis. Restez ici. Je suis toujours à même de vous appeler
en cas de besoin. Je préfère y aller seule.
    – Pourquoi ? dit le serrurier,
laissant à contrecœur la chandelle qu'il avait prise de dessus la
table.
    – Parce que, je ne sais pourquoi, mais
c'est plus fort que moi, répondit-elle. On frappe encore ; ne
me retenez pas, je vous en supplie. »
    Gabriel la regarda, grandement étonné de voir
une personne d'ordinaire si calme et si tranquille en proie à une
pareille agitation, et pour si peu de chose. Elle quitta la chambre
et ferma la porte derrière elle. Un moment elle resta là, comme si
elle hésitait, sa main sur la serrure. Dans ce court intervalle il
y eut encore un petit coup donné ; et une voix tout près de la
fenêtre, une voix dont le souvenir parut réveiller chez lui des
idées désagréables, chuchota :
« Dépêchez-vous. »
    Ces mots furent prononcés à voix basse, mais
distinctement, de cette voix qui arrive si vite aux oreilles de
ceux qui dorment, et qui les réveille en sursaut. Un instant cela
fit tressaillir le serrurier ; il se recula involontairement
de la fenêtre et écouta.
    Le vent grondant lourdement dans la cheminée
ne lui permit pas trop d'entendre ce qui se passa ; mais il
aurait affirmé que la porte de la rue avait été ouverte, que le pas
d'un homme avait fait craquer le plancher, puis qu'il y avait eu un
moment de silence, silence interrompu par quelque chose d'étouffé,
qui n'était ni un cri perçant, ni un gémissement, ni un appel au
secours, et qui cependant aurait pu être tout cela également ;
et les mots : « Mon Dieu ! » prononcés d'une
voix qu'il n'avait pas entendue sans un frisson.
    Il s'élança aussitôt dehors. Enfin il la vit,
cette terrible expression, celle qu'il connaissait si bien, pour
l'avoir devinée, sans l'avoir vue auparavant sur la figure de la
veuve. Elle était là debout, comme gelée sur le sol, les yeux
effarés, les joues livides, chaque trait d'une fixité lugubre, à
regarder l'homme qu'il avait rencontré dans la sombre nuit de la
veille. Les yeux de cet homme se croisèrent avec ceux du serrurier.
Ce ne fut qu'un éclair, un instant, un souffle sur une glace polie,
et il n'était plus là.
    Le serrurier allait l'atteindre ; il
avait presque saisi les pans de sa redingote flottante, quand ses
bras furent étroitement serrés par la veuve, qui se jeta sur le
pavé devant lui.
    « De l'autre côté ! de l'autre
côté ! cria-t-elle. Il a pris de l'autre côté. Revenez !
revenez !
    – De l'autre côté ! je le vois
maintenant, répondit le serrurier, là-bas ; voici son ombre
qui passe où est cette lumière. Que fait cet homme ? Qui
est-il ? Laissez-moi courir après lui.
    – Revenez ! revenez ! s'écria
la femme, luttant avec lui et l'étreignant dans ses bras. Ne le
touchez pas, au nom de votre salut. Je vous en adjure,
revenez ! Il emporte d'autres vies que la

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