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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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asseoir,
monsieur Varden.
    – Si ce n'est pas trop hardi de ma part,
monsieur Édouard, de m'appuyer sur votre fauteuil, répliqua le
serrurier, faisant comme il disait et se penchant par-dessus lui,
je resterai debout ; ce sera plus commode pour parler bas.
Barnabé n'est pas dans son humeur la plus calme ce soir, et en
pareil cas la conversation ne lui fait jamais de bien. »
    Tous deux jetèrent un coup d'œil sur l'objet
de cette observation. Il avait pris un siège de l'autre côté du
feu, et avec son sourire insignifiant s'occupait à emmêler sur ses
doigts un écheveau de fil.
    « Je vous prie, monsieur, de me raconter
exactement, dit Varden en parlant plus bas encore, ce qui vous est
arrivé hier soir. J'ai des motifs pour m'en informer. Quand vous
quittâtes le Maypole, vous étiez seul ?
    – Et je poursuivis seul ma route vers la
maison, jusqu'à ce que je fusse parvenu à l'endroit où vous m'avez
trouvé. Là j'entendis le galop d'un cheval.
    – Derrière vous ? dit le
serrurier.
    – Oui, en effet, derrière moi. C'était un
cavalier seul, qui bientôt m'atteignit, et, arrêtant son cheval, me
demanda la route de Londres.
    – Vous étiez sur vos gardes, monsieur,
sachant qu'une foule de voleurs de grands chemins bat le pays dans
toutes les directions ? dit Varden.
    – J'étais sur mes gardes, mais je n'avais
qu'une cravache, ayant eu l'imprudence de laisser mes pistolets
dans leurs fontes au fils de l'aubergiste. J'indiquai à ce cavalier
son chemin. Avant que mes paroles fussent sorties de mes lèvres, il
se précipita sur moi d'un élan furieux, comme s'il eût voulu me
fouler à terre sous les sabots de son cheval. En me jetant de côté,
je glissai et je tombai. Vous m'avez ramassé là avec ce coup de
poignard et une ou deux vilaines contusions, et sans ma bourse,
dans laquelle il aura trouvé peu de chose pour ses peines. Et
maintenant, monsieur Varden, ajouta-t-il en donnant au serrurier
une poignée de main, sauf toute l'étendue de ma gratitude envers
vous, vous en savez autant que moi.
    – Si ce n'est, dit Gabriel en se penchant
encore davantage, et regardant avec précaution leur silencieux
voisin, si ce n'est en ce qui concerne le voleur lui-même. À quoi
ressemblait-il, monsieur ? Parlez bas, s'il vous plaît.
Barnabé n'y entend pas malice ; mais je l'ai observé plus
souvent que vous, et je sais, quoique vous ne le supposiez guère,
qu'il nous écoute en ce moment. »
    Il fallait une extrême confiance dans la
véracité du serrurier, pour faire croire à n'importe qui ce qu'il
avançait là : car tous les sens et toutes les facultés de
Barnabé paraissaient absorbés par son écheveau de fil, à
l'exclusion de tout autre objet. Le jeune homme en laissa percer
quelque chose sur sa figure, car Gabriel lui répéta ce qu'il venait
de dire, et avec plus d'insistance que la première fois ;
puis, lançant un nouveau coup d'œil vers Barnabé, il demanda de
nouveau au blessé à quoi ressemblait l'homme.
    « La nuit était si sombre, dit Édouard,
l'attaque fut si soudaine, il était tellement enveloppé,
emmitouflé, que je pus à peine établir une ressemblance. Je trouve
que…
    – Ne le nommez pas, monsieur, interrompit
le serrurier en suivant son regard vers Barnabé ; je sais
qu'il l'a vu. J'ai besoin de savoir ce que vous avez vu, vous.
    – Tout ce que je me rappelle, dit
Édouard, c'est que quand il arrêta son cheval, son chapeau fut
enlevé par un coup de vent. Il le rattrapa et le remit sur sa
tête ; je remarquai qu'elle était ceinte d'un foulard noir. Il
y a un étranger qui est entré au Maypole pendant que j'y
étais ; je ne l'ai pas vu, parce que je me tenais à l'écart
pour des raisons personnelles ; et, lorsque je me levai afin
de quitter la salle, et que je jetai un regard autour de moi, il
était dans l'ombre de la cheminée, et caché à mes yeux. Mais, si
cet étranger et le voleur étaient deux personnes différentes, leurs
voix avaient une ressemblance extraordinaire : car, sitôt que
l'homme m'adressa la parole sur la route, je reconnus son accent et
son langage.
    – C'est bien ce que je craignais. L'homme
même qui était là ce soir, pensa le serrurier, en changeant de
couleur. Quelle ténébreuse affaire que tout ceci ?
    – Halloa ! lui cria aux oreilles une
voix rauque. Halloa, halloa, halloa ! Coa, coa, coa. Qu'est-ce
que c'est que ça ! Halloa ! »
    L'interlocuteur qui fit tressaillir le
serrurier, comme si c'eût

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