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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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demanda l'hôte au bout de quelques moments,
durant lesquels Barnabé resta penché sur l'âtre, à regarder le haut
de la cheminée et à épier la fumée d'un air sérieux.
    – Là dedans ? répondit-il en sautant
tout droit sur ses pieds, avant que John Willet eût pu répondre,
secouant la corbeille et baissant la tête pour écouter. Là
dedans ? ce qu'il y a là dedans ? Dis-le-lui !
    – Un démon, un démon, un démon, cria une
voix rauque.
    – Voici de l'argent ! dit Barnabé en
le faisant sonner dans sa main, de l'argent pour nous régaler,
Grip !
    – Hourra ! hourra !
Hourra ! répliqua le corbeau. Allons, courage. N'aie pas peur.
Coa, coa, coa. »
    M. Willet, qui semblait douter fortement
qu'un chaland ayant un habit à garniture et portant de beau linge
dût être exposé au soupçon d'avoir jamais eu le moindre rapport
avec d'aussi vilains messieurs que le corps infernal dont l'oiseau
se vantait d'être membre, emmena Barnabé là-dessus, pour éviter
toute autre observation malsonnante, et quitta la chambre en
faisant sa plus belle révérence.

Chapitre 11
     
    Grandes nouvelles ce soir-là pour les habitués
réguliers du Maypole ! Quand chacun d'eux entrait séparément
pour occuper la place qui lui était échue en partage dans le coin
de la cheminée, John, avec une lenteur de débit très frappante et
un chuchotement apoplectique, lui communiquait que M. Chester
était seul dans l'appartement d'en haut, et qu'il y attendait
M. Geoffroy Haredale, auquel il avait envoyé une lettre (sans
doute d'une nature menaçante) par les mains de Barnabé, qui se
trouvait là.
    Pour un petit noyau de fumeurs et de
cancaniers affamés, rarement à pareille fête, c'était la plus
admirable des aubaines. Il y avait là un bon mystère, bien sombre,
et qui se développait sous le toit même qui les abritait, servi
tout chaud, pour ainsi dire, au coin du feu, et dont ils allaient
se régaler sans le moindre trouble, la moindre peine. On ne saurait
croire quel goût, quelle saveur cela donnait à la boisson, quel
nouveau parfum au tabac. Chacun fumait sa pipe avec une figure
pleine de graves et sérieuses délices, et en regardant son voisin
avec une sorte de paisible congratulation. Oui, on sentait si bien
que c'était une soirée spéciale, une véritable fête, que, sur la
motion du petit Salomon Daisy, chacun (y compris John lui-même)
déboursa ses six pence pour un pot de
flip
[13] , breuvage agréable qui fut préparé le
plus diligemment possible, et placé au milieu d'eux sur le carreau
de brique, afin de le faire bouillir doucement et mijoter à petit
feu, pour qu'en même temps l'odorante vapeur, s'élevant parmi eux
et se combinant avec les guirlandes de fumée qui sortaient de leurs
pipes, les enveloppât d'une délicieuse atmosphère de leur goût, et
les dérobât au monde entier. L'ameublement même de la salle en
devenait plus moelleux et prenait une teinte plus foncée ; les
plafonds et les murs avaient l'air plus noirs et d'un plus beau
poli ; les rideaux semblaient d'un rouge plus éclatant ;
les flammes étaient plus vives et plus hautes, et les grillons
gazouillaient dans l'âtre avec plus de satisfaction qu'à
l'ordinaire.
    Il y avait là pourtant deux personnages qui
prenaient une bien petite part au contentement général. L'un était
Barnabé lui-même, qui dormait, ou, pour éviter d'être assiégé de
questions, feignait de dormir dans l'encoignure de la
cheminée ; l'autre était Hugh, qui dormait aussi, étendu sur
le banc du côté opposé, à la pleine lueur du feu flamboyant.
    La lumière qui tombait sur cette forme inerte
la montrait dans toutes ses musculeuses et élégantes proportions.
C'était celle d'un jeune homme au robuste corps d'athlète, à la
vigueur de géant, dont la figure brûlée par le soleil et le cou
basané, couverts d'une chevelure d'un noir de jais, eussent pu
servir de modèle à un peintre. Vêtu, de la manière la plus
négligée, d'un costume des plus grossiers et des plus rudes, avec
des brins de paille et de foin, son lit habituel, attachés çà et là
et mêlés à ses boucles vierges du peigne, il s'était endormi dans
une posture aussi sans façon que son habillement. La négligence et
le désordre de toute sa personne, avec quelque chose de farouche et
de sombre dans ses traits, lui donnaient une pittoresque apparence
qui attira les regards, même des clients du Maypole, quoiqu'ils le
connussent bien, et fit dire au long

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