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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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sérieux étroitement fixé sur !a
figure du monsieur qui l'interrogeait, et lui faisant gravement
signe de la tête qu'il avait compris ses ordres.
    « Dites-lui donc, Barnabé, s'il était
occupé, reprit M. Chester, que j'attendrai avec plaisir qu'il
soit à sa convenance de se rendre ici, et que je le recevrai (s'il
me demande) à n'importe quelle heure, ce soir… Au pis allez, je
peux avoir un lit ici, Willet, je suppose ? »
    Le vieux John, immensément flatté de la
notoriété personnelle qu'impliquait cette forme familière
d'interpellation répondit d'un air malin : « Mais je le
pense, monsieur, je le pense, » et il roulait dans son esprit
diverses formes d'éloges, avec l'intention d'en choisir une
appropriée aux qualités de son meilleur lit, lorsque ses idées
furent mises en déroute par M. Chester, qui donna la lettre à
Barnabé en lui commandant de partir à toute vitesse.
    « Vitesse ! dit Barnabé en serrant
le petit paquet dans son gilet ! Vitesse ! Si vous voulez
voir hâte et mystère, venez ici. Ici ! »
    En disant cela, il mit sa main, à la grande
horreur de John Willet, sur la belle manche de la redingote de
M. Chester, et le conduisit à pas furtifs vers la fenêtre du
fond.
    « Regardez là en bas, dit-il
doucement ; voyez comme ils chuchotent aux oreilles les uns
des autres ; et puis comme ils dansent et sautent pour faire
croire qu'ils s'amusent ! Voyez-vous comme ils s'arrêtent un
moment, quand ils présument que personne n'est là qui les voie, et
marmottent de nouveau entre eux, et puis comme ils se roulent et
gambadent, ravis des méfaits qu'ils viennent de comploter ?
Regardez-les maintenant. Voyez comme ils tourbillonnent et
plongent. Et maintenant ils s'arrêtent encore, et chuchotent
ensemble avec précaution. Ils ne songent guère, voyez-vous, combien
de fois je me suis couché sur l'herbe pour les épier… Dites donc,
quel est le complot qu'ils couvent ? Le savez-vous ?
    – Je ne vois là que du linge, répliqua
l'hôte, tel que nous en portons. Il pend sur ces cordes pour
sécher, et il voltige au vent.
    – Du linge ! répéta Barnabé en le
regardant presque dans le blanc des yeux et se rejetant aussitôt en
arrière. Ha ! ha ! Eh mais ! en ce cas, il vaut
mieux être insensé comme moi que d'avoir la raison comme
vous ! Vous ne voyez pas là des êtres fantastiques semblables
à ceux qui habitent le sommeil ? Vous ne les voyez pas,
vous ? Ni des yeux dans les panneaux de vitres, ni des
spectres rapides lorsque le vent souffle avec violence, et vous
n'entendez pas des voix dans l'air, et vous ne voyez pas des hommes
qui marchent dans le ciel ? Rien de tout cela n'existe pour
vous ! Je mène une vie plus joyeuse que vous, avec toute votre
raison. Vous êtes des esprits lourds. Les esprits subtils, c'est
nous autres. Ha ! ha ! je ne changerais pas avec vous,
moi ! avec tout votre esprit. »
    En disant cela, il agita son chapeau au-dessus
de sa tête et partit comme un trait.
    « Étrange créature, ma parole ! dit
M. Chester en tirant une belle boîte et prenant une prise de
tabac.
    – Il manque d'imagination, dit
M. Willet très lentement et après un long silence ; c'est
là ce qui lui manque. J'ai essayé de lui en infuser mainte et
mainte fois ; mais… (John ajouta ceci d'une manière
confidentielle) il n'est pas propre à ça, voilà le fait. »
    Il serait bien déplacé de rappeler que
M. Chester sourit de la remarque de John. Dans tous les cas,
cela ne l'empêcha pas de conserver toujours le même regard
conciliant et agréable. Toutefois il rapprocha du feu sa bergère,
comme s'il eût voulu insinuer qu'il préférait être seul, et John,
n'ayant plus d'excuse raisonnable pour rester, le laissa à
lui-même.
    Le vieux John Willet fut très pensif pendant
qu'on prépara le dîner ; et, si son cerveau était jamais moins
lucide dans un moment que dans un autre, il est fort naturel de
supposer qu'il dut y jeter ce jour-là un fier trouble à force de
secouer sa tête en ruminant. Que M. Chester, connu dans tout
le voisinage pour être au plus mal avec M. Haredale, fût venu
de Londres dans l'unique but, semblait-il, de le voir, et qu'il eût
choisi le Maypole pour le théâtre de leur entrevue, et qu'il eût
envoyé un exprès, c'étaient là autant de pierres d'achoppement
contre lesquelles venait se briser toute l'intelligence de John. Sa
seule ressource était de consulter le chaudron et d'attendre

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