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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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le palier. Je peux
m'annoncer moi même. Je n'ai plus besoin de vous. »
    Il mit la main sur la porte, entra, et la
referma pesamment. M. Willet n'était pas du tout disposé à
rester là tout seul pour écouter, d'autant plus que les murs
étaient fort épais. Il descendit donc plus vite qu'il n'était
monté, pour aller rejoindre en bas ses amis.

Chapitre 12
     
    Il y eut une courte pause dans la chambre de
cérémonie du Maypole, pendant le temps que M. Haredale essaya
la serrure pour s’assurer qu’elle était bien fermée, et traversant
à grands pas la sombre pièce jusqu'à l’endroit où le paravent
entourait une petite place de lumière et de chaleur, il se
présenta, brusquement et en silence, devant l'hôte souriant.
    Si ces deux hommes n'avaient pas plus de
sympathie dans leurs pensées intimes que dans leur extérieur, leur
entrevue ne promettait pas d’être très calme ni très agréable. Sans
qu’il y eût entre eux une grande différence d’âge, ils étaient sous
tous les autres rapports aussi dissemblables et aussi opposés l’un
à l’autre que deux hommes peuvent l’être. L’un avait la parole
douce, une forme délicate une correcte élégance, l’autre,
corpulent, carré par la base, négligemment habillé, rude et brusque
dans ses façons d’un aspect sévère, avait, en son humeur actuelle,
un regard aussi maussade que son langage. L’un gardait un calme et
tranquille sourire, l’autre, un froncement de sourcils plein de
méfiance. Le nouveau venu, véritablement, semblait s'appliquer à
faire voir par chacun de ses accents et de ses gestes son
antipathie décidée et son hostilité systématique contre l’homme
qu’il venait trouver. Celui-ci semblait sentir que le contraste
était en sa faveur, et puiser dans cet avantage un contentement
paisible qui le mettait plus à son aise que jamais.
    « Haredale, dit ce monsieur sans la
moindre apparence d’embarras ou de réserve je suis charmé de vous
voir.
    – Trêve de compliments. Ils sont déplacés
entre nous, répliqua l’autre en agitant sa main. Dites-moi
simplement ce que vous avez à me dire. Vous m’avez demandé une
entrevue. Me voici. Pourquoi nous retrouvons-nous face à
face ?
    – Toujours à ce que je vois, le même
caractère franc et impétueux !
    – Bon ou mauvais, je suis, monsieur,
répliqua l'autre en appuyant son bras sur le chambranle de la
cheminée, et tournant un regard hautain sur celui qui occupait la
bergère, l'homme que j'ai accoutumé d'être. Je n'ai perdu ni mes
vieilles sympathies ni mes vieilles antipathies ; ma mémoire
ne me fait pas défaut de l'épaisseur d'un cheveu. Vous m'avez
demandé une entrevue… Je vous le répète, me voici.
    – Notre entrevue, Haredale, dit
M. Chester, en donnant un petit coup sur sa tabatière et
accompagnant d'un sourire le geste d'impatience que l'autre avait
fait, à son insu peut-être, vers son épée, sera une conférence
pacifique, j'espère ?
    – Je suis venu ici, répliqua l'autre,
selon votre désir, me tenant pour engagé à venir vous trouver,
quand et où vous le voudrez. Je ne suis pas venu pour faire assaut
d'agréables discours ni de protestations vaines. Vous êtes un homme
du monde à la langue dorée, monsieur, et à ce jeu-là je ne suis pas
de force avec vous. Le dernier homme ici-bas avec lequel
j'entrerais en lice pour un combat de doux compliments et de
grimaces masquées, est M. Chester, je vous l'assure.
Impossible à moi de lui tenir tête avec de telles armes, et j'ai
toute raison de croire que peu d'hommes en seraient capables.
    – Vous me faites beaucoup d'honneur,
Haredale, répliqua l'autre avec le plus grand calme, et je vous
remercie. Je serai franc avec vous.
    – Pardon, vous serez,
dites-vous ?
    – Franc, ouvert, parfaitement
candide.
    – Ah ! cria M. Haredale en
faisant rentrer son haleine avec un sourire sarcastique ; mais
je ne veux pas vous interrompre.
    – Je suis si résolu à suivre cette
marche, répliqua l'autre en dégustant son vin d'un air très
circonspect, que je me suis promis de n'avoir pas de querelle avec
vous, et de ne pas me laisser entraîner à quelque expression
chaleureuse ou à quelque mot hasardé.
    – En cela, j'aurai encore vis-à-vis de
vous, dit M. Haredale, une grande infériorité. Votre empire
sur vous-même…
    – Ne saurait être troublé quand il sert
mes desseins, voulez-vous dire, répliqua l'autre, l'interrompant
avec la même aménité. Soit je

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