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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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ne pas les trouver
pleines de sang. Il se ménagea aussi l'occasion d'examiner le
gentleman du plus près qu'il put, s'attendant à découvrir sur sa
personne un certain nombre de trous faits par l'épée de son
adversaire. N'en découvrant aucun toutefois, et remarquant par la
suite du temps que son hôte était aussi froid, aussi régulier dans
sa tenue et dans son humeur qu'il l'avait été toute la journée, le
vieux John à la fin poussa un profond soupir, et commença à penser
qu'il n'était pas question de duel pour ce soir.
    « Et maintenant, Willet, dit
M. Chester, si la chambre est bien échauffée, j'essayerai les
mérites de ce fameux lit.
    – La chambre, monsieur, répliqua John en
prenant une chandelle, et invitant d'un coup de coude Barnabé et
Hugh à les accompagner, en cas que le monsieur vînt à tomber
soudainement évanoui ou mort de quelque blessure interne, la
chambre est aussi chaude qu'une croûte au pot. Barnabé, prenez
cette autre chandelle, et allez devant. Hugh, suivez-nous,
monsieur, avec la bergère. »
    C'est dans cet ordre, et encore, pour plus de
sûreté, tenant sa chandelle fort près de l'hôte ; tantôt lui
en faisant sentir la chaleur autour des jambes, tantôt risquant de
mettre le feu à sa perruque, et lui demandant sans cesse pardon
avec une grande gaucherie et beaucoup d'embarras, que John
conduisit ce personnage à la meilleure chambre à coucher. Presque
aussi spacieuse que la pièce d'où ils étaient venus, elle
contenait, près du feu, pour avoir plus chaud, un grand et antique
lit d'un aspect tumulaire, tendu de brocart fané et orné, au sommet
de chaque montant sculpté, d'une touffe de plumes qui jadis avaient
été blanches, mais que l'âge et la poussière avaient rendues
semblables à des panaches de corbillard et de catafalque.
    « Bonsoir, mes amis, dit M. Chester
avec un doux sourire, en s'asseyant, après avoir considéré la
chambre d'un bout à l'autre, dans la bergère, que ses serviteurs
roulèrent devant le feu. Bonsoir, Barnabé, mon bon garçon ;
vous dites quelques prières avant de vous coucher,
j'espère ? »
    Barnabé fit un signe affirmatif.
    « Il a comme ça des bêtises qu'il appelle
ses prières, monsieur, dit John officieusement. J'ai bien peur que
là dedans il n'y ait pas grand chose de bon.
    – Et Hugh ? dit M. Chester en
se tournant vers celui-ci.
    – Moi, non, répondit-il. Je connais les
siennes (et il montra Barnabé), elles ne sont pas mal. Il les
chante quelquefois sur la paille. J'écoute.
    – Monsieur, c'est tout à fait un animal,
chuchota John à l'oreille de son hôte avec dignité. Vous
l'excuserez, certainement. S'il a une espèce d'âme, ce doit être si
peu que rien, et ce qu'il fait ou ne fait pas sur ce point
n'importe guère. Bonsoir, monsieur.
    M. Chester répliqua : « Dieu
vous bénisse ! » avec une ferveur des plus
touchantes ; et John, faisant signe à ses gardes du corps
d'aller devant, sortit de la chambre après une révérence, et laissa
l'hôte libre de reposer dans l'antique lit du Maypole.

Chapitre 13
     
    Si Joseph Willet, le jeune homme dénoncé aux
Apprentis et proscrit par eux, s'était trouvé à la maison quand
l'hôte courtois de son père se présenta devant la porte du Maypole,
c'est-à-dire si ce n'avait pas été, par une malice du sort, une des
six fois de l'année entière dans lesquelles il était libre de
s'absenter tout le jour durant sans question ni reproche, il serait
parvenu, de manière ou d'autre, à plonger au fin fond du mystère de
M. Chester, et à pénétrer son dessein avec la même certitude
que s'il eût été son confident et conseiller. Dans cet heureux cas,
les amants auraient été vite avertis des maux qui les menaçaient,
et aidés, par-dessus le marché, de diverses inspirations aussi
sages qu'opportunes ; car Joe, en pensées comme en actions,
tenait toutes ses sympathies et ses meilleurs souhaits à la
disposition de nos jeunes gens, et était fermement dévoué à leur
cause. Cette disposition provenait-elle de ses anciennes
préventions en faveur de la jeune demoiselle, dont l'histoire
l'avait environnée dans son esprit, presque au sortir du berceau,
de circonstances d'un intérêt extraordinaire ; ou de son
attachement au jeune monsieur dans la confidence duquel il s'était
presque imperceptiblement glissé, par son esprit subtil et ses
vives allures, ainsi qu'en lui rendant plusieurs services
d'importance comme éclaireur et comme

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