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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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messager ? Que ce fût
cela ou autre chose, par exemple, les persécutions fatigantes et
les manies ennuyeuses de son vénérable père, ou bien encore quelque
petite affaire d'amour secrète, qui le disposait favorablement à
servir d’autres amoureux comme lui : il est inutile de
chercher à le savoir, d’autant plus que Joe n'était pas là, et
qu’il n'avait pas par conséquent, dans cette conjoncture,
d'occasion particulière de fixer nos doutes par sa conduite.
    C’était, par le fait, le vingt-cinq mars, jour
qui comme beaucoup de gens le savent à leurs dépens, est, de temps
immémorial, une de ces désagréables époques qu'on appelle le terme.
Ce jour là donc, John Willet se faisait chaque année un point
d’honneur de régler son compte en espèces sonnantes avec un certain
marchand de vin et distillateur de la Cité de Londres, et de
remettre dans les mains de ce négociant un sac de toile contenant
l'exact montant de la somme, pas un penny de plus, pas un penny de
moins, c’était pour Joe l'objet d'un voyage aussi sûr et aussi
régulier que le retour annuel du vingt-cinq mars.
    Le voyage s'accomplissait sur une vieille
jument grise, sur laquelle John s'était fait dans l'esprit un
système d'idées préconçues, par exemple, qu'elle était capable de
gagner un couvert ou une tasse d'argent à la course si elle voulait
l'essayer. Elle ne l'avait jamais essayé, et il ne fallait plus
compter qu'elle l'essayât jamais maintenant, car elle était âgée de
quelque quatorze ou quinze ans, poussive, ensellée et passablement
râpée de la crinière et de la queue. Nonobstant ces légères
imperfections, John était fier de son animal, et lorsque Hugh, en
tournant, l'eut amenée jusqu'à la porte il se retira pour l'admirer
à son aise dans le comptoir, et là, caché par un bosquet de
citrons, il se mit à rire avec orgueil.
    « Voilà ce qui s'appelle une jument,
Hugh ! dit John, quand il eut recouvré assez d'empire sur lui
même pour reparaître à la porte. Voilà une gracieuse
créature ! regardez-moi cette ardeur ! regardez-moi ces
os ! »
    Pour des os, il y en avait suffisamment, sans
aucun doute, c'est ce que semblait penser Hugh, assis en travers
sur la selle, paresseusement plié en deux, son menton touchant
presque ses genoux, et, ne s'inquiétant ni des étriers qui
pendillaient, ni de la bride flottante, il sauta de haut en bas sur
la petite pelouse devant la porte.
    « Songez à avoir bien soin d'elle,
monsieur, dit John, laissant cet être inférieur, pour s'adresser à
la sensibilité de son fils et héritier, qui parut alors équipé
complètement et tout prêt à monter en selle ; n'allez pas trop
vite !
    – J'en serais bien embarrassé, j'imagine,
père, répondit Joe en jetant sur l'animal un regard de
désespoir.
    – Pas de vos impertinences, monsieur,
s'il vous plaît, riposta le vieux John. Quelle monture vous faut-il
donc, monsieur ? Un âne sauvage ou un zèbre en serait une trop
pacifique pour vous, n'est-ce pas, monsieur ? Vous voudriez
monter un lion rugissant, monsieur ; n'est-ce pas,
monsieur ? Taisez-vous, monsieur. »
    Lorsque M. Willet, dans ses querelles
avec son fils, avait épuisé toutes les questions qui s'offraient à
son esprit, et que Joe n'avait répondu rien du tout, généralement
il concluait en lui ordonnant de se taire.
    « Et quelle idée a donc ce petit garçon,
ajouta M. Willet, après l'avoir considéré quelque temps d'un
air ébahi et comme stupéfait, de, retrousser comme ça son chapeau
en casseur d'assiettes ? Est-ce que vous allez tuer le
marchand de vin, monsieur ?
    – Non, dit Joe avec un peu d'aigreur, je
ne vais pas le tuer. Vous voilà rassuré maintenant, père ?
    – Et avec cela, un air militaire !
dit M. Willet en l'examinant de la tête aux pieds ; ne
dirait-on pas d'un mangeur de braise, d'un avaleur d'eau
bouillante ? Et que signifient les crocus et les perce-neige
que vous arborez à votre boutonnière, monsieur ?
    – Ce n'est qu'un petit bouquet, dit Joe
en rougissant. Il n'y a pas de mal à ça, j'espère ?
    – Voilà un garçon bien entendu aux
affaires, en vérité, dit M. Willet dédaigneusement, d'aller
supposer que les marchands de vin se soucient de
bouquets !
    – Je ne suppose rien de pareil, répondit
Joe. Qu'ils gardent leurs nez rouges pour flairer leurs bouteilles
et leurs cruchons. Ces fleurs-ci vont chez M. Varden.
    – Vous supposez donc qu'il s'inquiète
beaucoup de vos

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