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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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le
visage souriant de son interlocuteur des regards prolongés, vous
avez la tête et le cœur d'un mauvais génie, en toute occasion de
tromper.
    – À votre santé, dit l'autre, avec un
signe de tête qui semblait le remercier ; mais vous
disiez… ?
    – Si maintenant, continua
M. Haredale, nous trouvions qu'il fût difficile de séparer ces
jeunes gens, de rompre leurs rapports ; si, par exemple, vous
trouviez la chose difficile de votre côté, quelle marche vous
proposez-vous de suivre ?
    – Rien de plus simple, mon bon garçon,
rien de plus aisé, répliqua l'autre en haussant les épaules et
s'étendant plus confortablement devant le feu. Je déploierai alors
ces facultés puissantes au sujet desquelles vous me donnez de si
grandes et si flatteuses louanges, quoique, ma parole, je ne sois
pas digne d'être comblé de vos compliments ; et je recourrai à
quelques petits subterfuges assez communs pour exciter la jalousie
et le ressentiment. Vous voyez ?
    – Bref, justifiant les moyens par la fin,
il nous faudra, comme dernière ressource pour les arracher l'un à
l'autre, recourir à la perfidie et au mensonge ? dit
M. Haredale.
    – Oh ! non. Fi ! Fi !
répliqua l'autre en aspirant une prise de tabac avec délices et
volupté. Pas de mensonge. Seulement un peu de manège, un peu de
diplomatie, un peu d'intrigue, c'est le mot.
    – Je regrette, dit M. Haredale en
faisant çà et là quelques pas, puis s'arrêtant, puis faisant
quelques pas encore comme quelqu'un qui était mal à son aise, de
n'avoir pas pu prévoir et empêcher cela. Mais, puisque c'est allé
si loin qu'il nous est nécessaire d'agir, reculer ou regretter ne
sert de rien. Allons ! je seconderai vos efforts de tout mon
pouvoir. C'est le seul sujet, dans tout le vaste horizon de la
pensée humaine, sur lequel nous soyons tous les deux d'accord. Nous
agirons de concert, mais à part. Il ne sera pas besoin, j'espère,
d'en conférer encore ensemble.
    – Est-ce que vous vous en allez ?
dit M. Chester en se levant avec une gracieuse nonchalance.
Laissez-moi vous éclairer jusqu'au bas de l'escalier.
    – Restez assis, je vous prie, répliqua
l'autre sèchement. Je connais le chemin. »
    En disant cela, il fit un mouvement de main
très léger, remit son chapeau sur sa tête en même temps qu'il
tournait les talons, et s'en alla d'un pas retentissant, comme il
était venu, ferma la porte derrière lui, et descendit l'escalier
dont il réveilla l'écho.
    « Peuh ! un très grossier animal, en
vérité ! dit M. Chester en se replaçant dans sa bergère.
Une brute des plus farouches ; un vrai blaireau à face
humaine ! »
    John Willet et ses amis, qui avaient été très
attentifs pour entendre le cliquetis des épées ou les détonations
des pistolets dans la grande chambre, et qui avaient réglé d'avance
l'ordre dans lequel ils s'y précipiteraient au premier appel,
procession où le vieux John avait eu le soin de s'arranger de façon
à se réserver l'arrière-garde, furent fort étonnés de voir
M. Haredale descendre sans une égratignure, demander son
cheval, et s'éloigner au pas, d'un air pensif. Après y avoir un peu
réfléchi, on décida qu'il avait laissé le monsieur du premier étage
pour mort, et que, s'il montrait tant de calme, c'était un
stratagème pour qu'on ne s'avisât ni de le soupçonner ni de le
poursuivre.
    Comme cette conclusion impliquait pour eux la
nécessité de monter sur-le-champ à la grande chambre pour s'en
assurer, ils étaient sur le point de le faire dans l'ordre convenu,
lorsqu'un coup de sonnette assez vif, qui semblait dénoter chez
l'hôte assez de vigueur encore, renversa toutes leurs conjectures
et les enveloppa dans la plus grande incertitude. Enfin
M. Willet consentit à monter lui-même, escorté de Hugh et de
Barnabé, les plus solides et intrépides gaillards qui fussent sur
les lieux ; ils pourraient se montrer avec lui, sous prétexte
d'être venus pour emporter les verres.
    Fort de cette protection, le brave John, à la
large figure, entra dans la chambre hardiment avec une avance d'un
demi-pas, et reçut sans trembler la demande d'un tire-botte. Mais
lorsque le tire-botte eut été apporté, et que l'aubergiste prêta à
son hôte sa robuste épaule, on observa que, pendant que celui-ci
ôtait ses bottes, M. Willet les regarda extrêmement, et que
ses gros yeux, bien plus ouverts que de coutume, parurent exprimer
quelque surprise et quelque désappointement de

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