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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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vous l'accorde, et j’ai un dessein à
poursuivre maintenant vous en avez un aussi. Notre but est le même
j'en suis sûr. Permettez-nous de l'atteindre comme des hommes
raisonnables qui ont cessé d'être des petits garçons il y a déjà
quelque temps. Voulez-vous boire ?
    – Je bois avec mes amis, répliqua
l'autre.
    – Au moins, dit M. Chester, vous
voudrez bien vous asseoir ?
    – Je resterai debout, répliqua
impatiemment M. Haredale, sur ce foyer dénudé misérable, et je
ne le souillerai pas, tout déchu qu'il est, par de l’hypocrisie.
Continuez !
    – Vous avez tort, Haredale, dit l’autre
en croisant ses jambes et souriant, tandis qu'il tenait son verre
levé à la brillante lueur de l’âtre. Vous avez réellement tort. Le
monde est un théâtre mouvant où nous devons nous accommoder aux
circonstances, naviguer avec le courant aussi mollement que
possible, nous contenter de prendre la mousse pour la substance, la
surface pour le fond, la fausse monnaie pour la bonne. Je m’étonne
qu'aucun philosophe n'ait jamais établi que notre globe est creux
comme le reste. Il devrait l’être, si la nature est conséquente
dans ses œuvres.
    – Vous pensez qu'il l'est, peut-être.
    – J’affirmerais, répliqua-t-il en buvant
son vin à petits traits, qu'il ne saurait y avoir le moindre doute
là-dessus. Voilà qui est bien. Quant à nous, en jouant avec ce
grelot, nous avons eu le guignon de nous heurter et de nous
brouiller. Nous ne sommes pas ce que le monde appelle des amis,
mais nous n'en sommes pas moins pour cela des amis aussi bons,
aussi vrais, aussi aimants que les neuf dixièmes de ceux auxquels
on décerne ce titre. Vous avez une nièce et moi j'ai un fils, un
beau garçon, Haredale, mais un peu fou. Ils tombent amoureux l’un
de l'autre, et forment ce que ce même monde appelle un attachement
voulant dire quelque chose de capricieux et de faux comme le reste,
et qu’on n’aurait qu’à abandonner librement à sa destinée pour
qu’il crevât bientôt comme toute autre bulle. Mais, si nous les
laissons faire, bonsoir, tout est dit. La question est donc
celle-ci : Nous tiendrons-nous à distance l’un et l’autre,
parce que la société nous appelle des ennemis, et souffrons-nous
qu’ils se précipitent dans les bras l'un de l'autre lorsque, en
nous rapprochant raisonnablement, comme nous le faisons maintenant,
nous pouvons empêcher cela et les séparer ?
    – J'aime ma nièce, dit M. Haredale
après un court silence. C'est un mot qui sonne étrangement
peut-être à vos oreilles ; mais je l'aime.
    – Étrangement, mon bon garçon ! cria
M. Chester en remplissant de nouveau son verre avec
nonchalance et en ôtant son cure-dent. Pas du tout. J'ai aussi du
goût pour Ned [14] , ou, comme vous dites, je
l'aime ; c'est le terme usité entre si proches parents. J'aime
Ned avec passion ; il est étonnamment bon garçon, et joli
garçon, qui plus est, un peu fou et faible encore, voilà
tout : mais le fait est, Haredale, car je serai franc comme je
vous ai promis de l'être, qu'indépendamment de n'importe quelle
répugnance nous pourrions avoir, vous et moi, à nous allier l'un à
l'autre, et indépendamment de la différence de religion qui existe
entre nous (et, diable ! c'est important), je ne saurais
consentir à un mariage de ce genre. Ned et moi nous ne saurions y
consentir, c'est impossible.
    – Maîtrisez votre langue, au nom du ciel,
si cette conversation doit durer, répliqua M. Haredale d'un
ton farouche. Je vous ai dit que j'aime ma nièce. Pensez-vous que,
cela étant, je voudrais jeter son cœur à n'importe quel homme qui
eût de votre sang dans les veines ?
    – Vous voyez, dit l'autre sans la moindre
émotion, l'avantage qu'il y a d'être franc et ouvert. C'est juste
ce que j'allais ajouter, sur mon honneur ! Je suis étonnamment
attaché à Ned, je raffole de lui, en vérité ; aussi, quand il
nous serait possible de nous effacer tout à fait, vous et moi, dans
cette affaire, resterait toujours cette dernière objection, que je
regarde comme insurmontable.
    – Écoutez-moi bien, dit M. Haredale,
marchant vers la table et mettant sa main dessus pesamment, si
n'importe quel homme croit, ose croire que moi, dans mes paroles,
dans mes actions, dans mes rêves les plus extravagants, j'aie
jamais eu l'idée de favoriser la recherche d'Emma Haredale par
quelqu'un qui vous touchât de près, n'importe par quel motif, je ne
me soucie pas de le

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