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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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connaissez mon
tempérament ; pas de phrases.
    – Je serai clair et bref, dit
Édouard.
    – Ne dites pas que vous le serez, mon bon
garçon, répliqua son père en croisant ses jambes, ou vous ne le
serez certainement pas. Vous disiez donc…
    – Simplement ceci alors, dit le fils d'un
air de profonde affliction, que je sais où vous étiez hier soir,
parce que j'y étais moi-même, voyez-vous. Je sais qui vous y avez
vu et ce que vous y alliez faire.
    – Est-il possible ! cria son père.
Je suis enchanté de l'apprendre ; cela nous épargne l'ennui,
les tiraillements d'une explication, et c'est un grand soulagement
pour nous deux. Quoi ! à l'auberge ? Que n'êtes-vous donc
monté ? J'aurais été charmé de vous voir.
    – Je savais que ce que j'avais à vous
dire serait mieux dit après une nuit de réflexion, quand nous
serions tous deux à nous parler plus froidement, répliqua son
fils.
    – Devant Dieu, Ned, riposta le père,
j'étais assez froidement hier soir. Ce détestable Maypole ! Il
faut que ce soit quelque infernale invention de celui qui l'a
construit, il tient le vent et le garde frais. Vous vous rappelez
ce vent d'est si âpre, et qui soufflait si fort il y a cinq
semaines ? Je vous en donne ma parole d'honneur, il avait élu
domicile hier soir dans cette masure, quoiqu'il y eût au dehors
calme plat. Mais vous alliez me dire…
    – J'allais vous dire, Dieu sait avec
quelle sérieuse conviction, que vous avez fait mon malheur,
monsieur. Voulez-vous m'écouter un moment et
sérieusement ?
    – Mon cher Ned, dit son père, je vous
écouterai volontiers avec la patience d'un anachorète. Ayez
l'obligeance de me passer le lait.
    – J'ai vu hier soir Mlle Haredale,
reprit Édouard après avoir accédé à cette requête ; son oncle,
en sa présence, immédiatement après votre entrevue, et, comme je
suis forcé de le reconnaître, en conséquence de votre accord, m'a
défendu sa maison, et, avec des circonstances outrageantes qui,
j'en suis sûr, sont votre ouvrage, il m'a sommé de sortir à
l'instant.
    – Je ne suis nullement responsable, je
vous en donne ma parole d'honneur, Ned, dit son père, de ses façons
d'agir à votre égard. En cela, il vous faut l'excuser ; c'est
un vrai rustre, une bûche, un animal, sans l'ombre de savoir-vivre…
Ah ! par exemple, une mouche dans le pot à la crème ! la
première que j'aie vue de l'année. »
    Édouard se leva et fit quelques pas dans la
chambre. Son imperturbable père but son thé à petits traits.
    « Père, dit le jeune homme, s'arrêtant à
la fin devant lui, il n'y a pas à badiner en pareille matière. Nous
ne devons pas nous tromper l'un l'autre ni nous-mêmes. Laissez-moi
soutenir ouvertement le rôle viril que je désire prendre, et ne me
repoussez pas par cette indifférence affligeante.
    – Si je suis indifférent ou non, répliqua
l'autre, c'est ce dont je vous laisse juge, mon cher garçon. Une
course à cheval de vingt-cinq ou trente milles à travers des routes
fangeuses ; un dîner du Maypole, un tête-à-tête avec Haredale,
ce qui, vanité à part, me rappelait tout à fait la scène entre
Orson et Valentine ; un lit du Maypole, un aubergiste du
Maypole et un cortège du Maypole, composé d'un idiot et d'un
centaure, j'ai supporté tout cela : est-ce de l'indifférence,
cher Ned ? n'est-ce pas plutôt l'excessive sollicitude, le
dévouement, et toute chose analogue, d'un père ? Je vous en
fais juge vous-même.
    – Je désire que vous considériez,
monsieur, dit Édouard, dans quelle cruelle situation je suis placé.
Aimant Mlle Haredale comme je l'aime…
    – Mon cher garçon, interrompit son père
avec un sourire plein de compassion, non, vous ne faites rien de
pareil. Vous ne savez pas du tout ce que vous dites. Tout cela
n'est pas, je vous assure. Maintenant, croyez ce que je vous en
dis. Vous avez du bon sens, Ned, beaucoup de bon sens. Je m'étonne
que vous puissiez commettre d'aussi prodigieuses absurdités.
Réellement vous me surprenez.
    – Je répète, dit son fils d'un ton ferme,
que je l'aime. Vous êtes intervenu pour nous séparer, et vous y
avez réussi autant que vous pouviez le faire : je vous en ai
dit l'effet tout à l'heure. Est-il encore temps pour moi de vous
amener, monsieur, à voir notre attachement d'un œil plus
favorable ? ou bien est-ce votre intention et votre immuable
résolution de nous tenir séparés si vous pouvez ?
    – Mon cher Ned, répliqua son

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