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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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clandestins. Ils
répugnent à notre nature et à nos désirs, ils nous coûtent,
monsieur, plus qu’à vous. Je ne suis pas un homme faux, hypocrite
et sans cœur ; c'est vous plutôt, qui hasardez misérablement
ces injurieuses expressions-là en dépit de la vérité, et sous
l'abri des sentiments que je vous ai exprimés tout à l’heure. Vous
n'annulerez pas notre engagement mutuel. Je n'abandonnerai pas mes
poursuites. Je compte sur la loyauté et l'honneur de votre nièce,
et je mets votre influence au défi. Je quitte Emma plein de
confiance en sa pure foi, que jamais vous ne réussirez à ébranler,
et je n'ai d’autre souci que de ne pas la laisser livrée à des
soins plus dignes d'elle. »
    Cela dit, il pressa sur ses lèvres la froide
main de la jeune fille, et, rencontrant encore le ferme regard de
M. Haredale avec un regard aussi ferme, il se retira.
    Quelques mots à Joe en remontant à cheval, lui
expliquèrent suffisamment ce qui s’était passé, renouvelèrent tout
le désespoir de ce jeune homme et rendirent sa peine dix fois plus
accablante. Ils reprirent la route du Maypole sans échanger une
syllabe, et arrivèrent à la porte, chacun avec leur poids sur le
cœur.
    Le vieux John, qui avait guetté de derrière le
rideau rouge, lorsque nos cavaliers avaient crié pour faire venir
Hugh, sortit tout de suite et dit au jeune Chester avec beaucoup
d’importance, en lui tenant l’étrier :
    « Il est bien confortablement dans son
lit, dans le meilleur lit. Un parfait gentleman, le plus souriant,
le plus affable gentleman à qui j'aie jamais eu affaire.
    – Qui donc, Willet ? dit Édouard
négligemment en descendant de cheval.
    – Votre digne père, monsieur, répliqua
John, votre honorable, votre vénérable père.
    – Que veut-il dire ? demanda Édouard
en regardant Joe avec un air où la crainte se mêlait au doute.
    – Que voulez vous dire ? répéta Joe.
Ne voyez-vous pas que monsieur Édouard ne vous comprend point,
père ?
    – Eh mais ! ne saviez-vous pas ça,
monsieur ? dit John en ouvrant ses gros yeux tant qu’il put.
Par exemple, c’est singulier ! Il est resté ici toute l'après
midi ; M. Haredale a eu avec lui un long entretien, et il
n’y a pas plus d’une heure qu'il s'en est allé.
    – Mon père, Willet ?
    – Oui, monsieur, il me l’a dit lui-même,
un beau gentleman, à la taille fine et droite, habit vert et or.
Dans votre ancienne chambre là-haut, monsieur. Pas de doute que
vous ne puissiez y entrer, monsieur, dit John en reculant de
quelques pas sur le chemin et levant ses yeux vers la fenêtre. Il
n'a pas encore éteint sa lumière, à ce que je vois. »
    Édouard jeta aussi un coup d'œil sur la
fenêtre, et, murmurant à la hâte qu'il avait changé d'idée, qu'il
avait oublié quelque chose, et qu'il lui fallait retourner à
Londres, il remonta à cheval et s'éloigna, laissant les Willet père
et fils se regarder l'un l'autre dans un muet étonnement.

Chapitre 15
     
    Le lendemain, vers midi, l'hôte de la veille
de John Willet, assis en sa propre maison, prolongeait son
déjeuner, entouré d'une variété de jouissances qui laissaient
derrière elles, à une distance infinie, les plus énergiques
tentatives et le plus haut essor du Maypole pour le bien-être des
voyageurs, et dont la comparaison était loin d'être à l'avantage de
cette vénérable taverne.
    Dans l'embrasure antique d'une fenêtre, sur un
siège aussi large que bien des sofas modernes, et garni de coussins
pour tenir lieu d'un voluptueux canapé, dans une chambre spacieuse,
M. Chester se dorlotait à son aise devant une table chargée
d'un déjeuner complet. Il avait changé sa redingote contre une
belle robe de chambre, ses bottes contre des pantoufles ; il
avait eu bien de la peine à réparer le malheur d'avoir été obligé
de faire au Maypole sa toilette, à son lever, sans l'aide de son
nécessaire et de sa garde-robe : mais ayant oublié par degrés,
à la faveur de ces ressources domestiques, les désagréments d'une
nuit médiocre et d'une chevauchée matinale, il était dans un
parfait état d'aménité, d'indolence et de satisfaction.
    Il est vrai de dire que la situation où il se
trouvait, était singulièrement favorable au développement de ces
sentiments ; car, sans parler de l'influence nonchalante d'un
déjeuner tardif et solitaire, avec l’additionnel sédatif d'un
journal, il y avait autour de son domicile un air de repos
particulier à ce

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