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Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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taillis où la jument avait été laissée le matin. Édouard
descendit de cheval, donna sa bride à son compagnon, et marcha vers
la maison d'un pas léger.
    Une servante attendait à une porte latérale du
mur du jardin, et l'introduisit sans retard. Il se précipita le
long de l'allée de la terrasse, et monta comme une flèche un large
perron menant à une antique et sombre salle, dont les murailles
étaient ornées de panoplies couvertes de rouille, de bois de cerfs,
d'instruments de chasse, et d'autres décorations de ce genre. Il
fit là une pause, mais pas longue : car au moment où il
regardait autour de lui, comme s'il eût pensé que la servante dût
le suivre, et qu'il s'étonnât qu'elle ne l'eût pas fait, une
personne parut, fille charmante, dont la tête aux noirs cheveux
reposa bientôt sur sa poitrine. Presque au même instant, une main
pesante saisit le bras de cette jeune fille, Édouard se sentit
rudement écarté : M. Haredale était là entre eux.
    Il fixa sur le jeune homme un œil sévère, sans
ôter son chapeau ; d'une main il étreignit sa nièce, et, de
l'autre, qui tenait sa cravache, il montra la porte à Édouard.
Celui-ci. dans une fière attitude, le regarda fixement à son
tour.
    « C'est fort beau de votre part,
monsieur, de corrompre mes domestiques, et d'entrer chez moi de
votre chef et clandestinement comme un voleur ! dit
M. Haredale. Sortez d'ici, monsieur, et n'y revenez plus
jamais.
    – La présence de Mlle Haredale,
répliqua le jeune homme et votre parenté avec elle, vous donnent un
droit dont vous n'abuserez pas, si vous êtes un homme de cœur.
C'est vous qui m'avez contraint à ces entrevues secrètes, et la
faute en est à vous, non pas à moi.
    – Ce n'est ni généreux ni honorable, ce
n'est pas le fait d'un galant homme, riposta l'autre, de chercher à
surprendre l'affection d'une jeune fille, faible et confiante,
tandis que vous avez l'indignité de vous dérober à la surveillance
de son tuteur, de son protecteur, et que vous n'osez pas venir à
vos rendez-vous en plein jour. Je ne vous en dirai pas
davantage ; mais, je vous le répète, je vous défends l'entrée
de cette maison, et vous somme de sortir.
    – Ce n'est ni généreux ni honorable, ce
n'est pas le fait d'un galant homme de jouer le rôle
d'espion ! dit Édouard Vos paroles attaquent mon honneur, et
je les rejette avec le mépris qu’elles méritent.
    – Vous trouverez, dit M. Haredale
d'un ton calme, votre fidèle entremetteur qui vous attend à la
porte par laquelle vous êtes entré. Je n'ai pas joué le rôle
d'espion, monsieur. Le hasard m'a permis de vous voir franchir la
porte, et je vous ai suivi. Vous auriez pu m'entendre frapper pour
entrer, si vous aviez eu le pied moins leste, ou si vous vous étiez
arrêté dans le jardin. Veuillez vous retirer. Votre présence ici
est blessante pour moi et pénible pour ma nièce. »
    En disant ces mots, il passa son bras autour
de la taille de la jeune fille terrifiée et tout en pleurs, pour
l'attirer plus près de lui, et, quoique l'habituelle sévérité de
ses manières n'en fût guère altérée, on voyait néanmoins dans son
air de la tendresse et de la sympathie pour la douleur d'Emma.
    « Monsieur Haredale, dit Édouard, vous
entourez de votre bras celle en qui j'ai mis toutes mes espérances
et mes pensées et pour laquelle je sacrifierais ma vie avec
plaisir, s’il s’agissait de lui procurer une minute de
bonheur ; cette maison est l'écrin qui renferme le plus
précieux joyau de mon existence. Votre nièce m'a engagé sa foi, et
je lui ai engagé la mienne. Qu’ai-je donc fait pour que vous me
teniez en si mince estime, et que vous m'adressiez ces paroles
discourtoises ?
    – Vous avez fait, monsieur, répondit
M. Haredale, ce qu'il faut défaire. Vous avez formé un nœud
d’amour qu’il faut trancher tout net. Prenez bien garde à ce que je
vous dis : il le faut. J’annule votre engagement mutuel. Je
vous rejette, vous et tous ceux de votre race, tous gens faux
hypocrites et sans cœur.
    – Des insultes, monsieur ? dit
Édouard dédaigneusement.
    – Ce sont, monsieur, des paroles
réfléchies et sérieuses, et vous en verrez l'effet, répliqua
l'autre. Gravez-les dans votre cœur.
    – Gravez donc celles-ci dans le vôtre,
dit Édouard. Votre humeur froide et farouche, qui glace toute
poitrine autour de vous qui change l’affection en crainte et le
devoir en frayeur, nous a réduits à ces rapports

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