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Ben-Hur

Ben-Hur

Titel: Ben-Hur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lewis Wallace
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leur frayer un chemin au travers de ce peuple en démence   ; il n’aurait pu dire davantage par où ils avaient passé, ni combien de temps il leur avait fallu pour arriver au terme de leur course. Il avançait inconscient de ce qui se passait ou se disait autour de lui, sans avoir aucune intention précise. Dans les conditions où il se trouvait, un petit enfant aurait pu, tout aussi bien que lui, s’opposer au crime épouvantable dont il allait être le témoin. Les desseins de Dieu paraissent toujours étranges à ses créatures, moins cependant que les moyens dont il se sert pour les accomplir et pour les rendre clairs à leurs yeux.
    Lorsque Ben-Hur s’arrêta, ceux qui le suivaient en firent autant. Il s’éveilla tout à coup de l’assoupissement dans lequel il semblait avoir été plongé, et embrassa d’un coup d’œil toute la scène qui se déroulait devant lui. Il voyait d’abord le sommet d’un mamelon peu élevé, arrondi en forme de crâne   ; un endroit sec, pierreux, sans autre trace de végétation que quelques chétives touffes d’hysope. Tout autour s’élevait un mur vivant, formé d’hommes, derrière lesquels s’en tenaient d’autres, s’efforçant de voir par-dessus la tête des premiers. Un rang de soldats romains maintenait avec peine cette épaisse muraille humaine à sa place. Un centurion veillait sur les soldats. Ben-Hur avait été poussé jusqu’au bord de cette ligne si bien gardée et il s’y trouvait maintenant, le visage tourné vers le nord-ouest. Ce mamelon était l’ancien Golgotha araméen, en latin Calvaire, ce qui veut dire le crâne.
    Sur les flancs de la colline, dans ses dépressions comme sur ses élévations, le sol semblait recouvert d’une étrange couche d’émail. Où qu’il portât ses regards, il ne découvrait pas la moindre tache de couleur de terre, pas de roc, pas de verdure   ; il ne voyait que des milliers d’yeux, brillant dans des faces rougeâtres   ; plus loin, il ne distinguait plus que des figures rouges sans yeux et plus loin encore de grands cercles aussi formés, il le savait, par des visages humains. Ils étaient là, rassemblés, au nombre de trois millions, et trois millions de cœurs prenaient un intérêt passionné à ce qui se passait sur le mamelon, indifférents aux brigands, se souciant seulement du Nazaréen qui était pour eux un objet de haine, de crainte, ou de curiosité, lui qui les aimait et qui allait mourir pour eux.
    Le spectacle d’un grand rassemblement de peuple stupéfie et fascine toujours celui qui le contemple, ainsi que le fait une mer en furie   ; et pourtant Ben-Hur lui accorda à peine un regard, ce qu’il voyait dans son voisinage immédiat absorbait toute son attention.
    Le souverain sacrificateur, reconnaissable à ses vêtements sacerdotaux, à son air fier, se tenait sur le mamelon, à une hauteur d’où il dominait la multitude   : il dépassait de la tête le groupe des notabilités qui l’accompagnaient. Le Nazaréen était debout, plus haut encore, tout près du sommet arrondi. On pouvait le voir de partout, souffrant, mais silencieux. L’un de ses gardes, qui visait probablement à passer pour un bel esprit, avait complété l’effet produit par la couronne d’épines posée sur sa tête, en plaçant dans sa main un roseau en guise de sceptre. Les railleries, les injures, les paroles d’exécration pleuvaient sur lui. Tous les yeux étaient fixés sur le Nazaréen… Ben-Hur se rendait compte qu’il s’opérait un changement en lui. La conception de quelque chose de meilleur que ce que cette vie peut offrir, de quelque chose qui pourrait donner à un homme faible la force d’endurer des tortures mentales aussi bien que physiques, de quelque chose qui ôterait à la mort ses terreurs, peut-être de cette vie de l’esprit, à laquelle Balthasar tenait si fermement, commençait à poindre dans son âme. Il se prenait à se demander si, après tout, la mission du Nazaréen ne serait pas de guider ceux qui l’aimaient jusqu’au delà des frontières du monde visible et de les emmener là où le royaume préparé pour lui attendait sa venue. Alors il lui sembla entendre retentir de nouveau, comme si elle était sortie du sein de l’oubli, pour revenir à lui à travers les airs, cette parole du Nazaréen   : « Je suis la résurrection et la vie. »
    Ces paroles résonnaient à son oreille, elles prenaient une forme tangible, l’aube du jour qui se levait en lui leur

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