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Berlin 36

Berlin 36

Titel: Berlin 36 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alexandre Najjar
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suis pas très intéressé par ces jeux Olympiques. Je préférerais même ne pas y assister, si c’était possible…
    Leni sursauta.
    — Mais pourquoi donc ? Comment cela ?
    — Les Américains vont remporter la plupart des compétitions, et les Noirs vont être leurs vedettes. Etre obligé de voir ça ne me réjouit pas du tout. Sans compter qu’il faut s’attendre à un afflux d’étrangers hostiles au national-socialisme, et que cela pourrait faire du vilain… Et puis ce stade…
    — Que lui reprochez-vous ?
    — A la réflexion, le stade olympique ne me plaît pas. Les colonnes y sont trop frêles, l’allure générale de la construction n’est pas assez imposante. Je…
    Il n’acheva pas sa phrase.
    — Mais ne vous laissez surtout pas décourager par tout ce que je vous dis là ! s’exclama-t-il d’un ton enjoué. Vous allez certainement tirer un très beau film de ces Jeux !
    — Pourvu que le Dr Goebbels ne me mette pas des bâtons dans les roues ! Son comportement à mon égard est odieux.
    — Comment un homme qui rit de si bon coeur pourrait-il être mauvais ? Vous savez comme il aime rire ! Non, non, ce n’est pas possible, quelqu’un qui rit de cette façon ne peut pas être méchant.
    L’argument était absurde, mais Leni ne répliqua pas. Sentant que le moment était venu de prendre congé, elle se leva. Hitler la regarda un moment, songeur, puis lui déclara :
    — Avant que vous ne me quittiez, laissez-moi vous montrer quelque chose. Suivez-moi !
    Elle lui emboîta le pas. Ils arpentèrent un couloir et arrivèrent devant une porte fermée. Sortant une clé de sa poche, il l’ouvrit. Leni fronça les sourcils : dans la pièce se trouvait un buste de femme.
    — La jeune fille dont vous voyez là la sculpture n’est autre que ma nièce Geli. Je l’ai beaucoup aimée. Elle était la seule femme que j’aurais pu épouser. Mais le destin en a décidé autrement…
    Leni baissa la tête. Elle n’ignorait pas que Geli Raubal s’était suicidée par balle, peut-être dans ce même appartement. D’après les rumeurs, elle aurait mis fin à ses jours quelques heures après avoir trouvé une lettre d’amour d’Eva Braun dans la poche de l’imperméable de son oncle.
    — Je suis désolée, balbutia la cinéaste, visiblement embarrassée.
    Hitler referma la porte et raccompagna Leni.
    — Je vous souhaite beaucoup de chance dans votre travail, dit-il en lui serrant la main. Vous verrez, vous y arriverez !
    Sa voix n’était plus la même, étranglée par l’émotion.

16
    Où l’on voit Jesse Owens se surpasser à Ann Arbor
    Larry Snyder observa son poulain qui s’échauffait sur la piste. Jesse Owens n’avait pas un physique exceptionnel : il mesurait 1,79 mètre pour 74 kilos, mais il avait de la puissance et une foulée extraordinaire. Quand il courait, il dégageait une étonnante impression d’harmonie, de grâce et de force. A l’université de l’Ohio, il passait moins de temps à étudier qu’à s’entraîner. La direction ne lui en tenait pas rigueur, tout heureuse de compter un athlète aussi prometteur dans son écurie. Elle lui avait trouvé un emploi de pompiste et, pour lui être agréable, avait recruté son père comme jardinier.
    Larry s’approcha de Jesse et, lui donnant une tape dans le dos, lui déclara :
    — Tu sembles en pleine forme, son . C’est bon signe avant le Big Ten.
    Le jeune homme hocha la tête. Le Big Ten, qui mettait en compétition les dix plus grandes universités des Etats-Unis, était pour lui plus qu’un défi : un rêve. Il allait enfin rencontrer les meilleurs athlètes de son pays et comparer ses propres performances aux leurs !
    — Il faudra encore soigner ton départ et le balancement de tes mains, ajouta l’entraîneur.
    — Ne vous en faites pas, coach. Tout ira pour le mieux !
     
    Le lendemain, en sortant d’une fête, Jesse Owens, Dave Albritton et une bande de copains se mirent à chahuter comme des enfants. Jesse fit un faux pas et, perdant l’équilibre, tomba dans l’escalier.
    — Dave, au secours !
    Albritton accourut et aida son ami à se relever.
    — Aïe, j’ai mal !
    — Où ?
    — Là, dans le dos.
    Sur-le-champ, Dave appela un médecin qui examina Jesse et lui recommanda le repos total pendant dix jours.
    — Mais j’ai une compétition ! protesta l’athlète. Je participe au Big Ten…
    Le médecin secoua la tête.
    — Je crains, mon garçon, que vous

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