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Borgia

Titel: Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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compte.
    Lucrèce afficha un grand deuil. On fit au duc de Bisaglia des funérailles magnifiques. Les Romains n’avaient rien vu d’aussi beau depuis les funérailles du duc de Gandie : c’était là maintenant les spectacles que les Borgia offraient au peuple. Rome ne s’amusait plus que lorsque le pape ou son fils assassinait.
    Lucrèce ne s’aperçut pas du vide qui se faisait autour d’elle. D’ailleurs, cette solitude lui plaisait. Elle était ainsi toute à ses pensées et pouvait ruminer à son aise le plan de l’œuvre d’envergure qu’elle avait conçue.
    Son premier acte, après s’être débarrassée de son mari, fut de déclarer à César qu’elle le suivrait à Monteforte.
    – Cependant, objecta César, il était convenu que tu surveillerais Rome pendant mon absence…
    – Oui, mais je veux voir de près la guerre. D’ailleurs, tout est calme ici. Jamais nos Romains n’ont montré autant de souplesse.
    César savait parfaitement que ce que Lucrèce avait une fois résolu, elle l’exécutait malgré tous les obstacles. Il n’insista donc pas. Et lorsque le jour vint où les troupes campées sous Rome s’ébranlèrent, Lucrèce partit en même temps que son frère.
    Une berline de voyage les emporta tous les deux à Tivoli, où l’armée devait achever sa concentration. Lucrèce raconta au pape la mort de son mari.
    – Ne pleure pas, ma fille, se contenta de lui répondre le pape ; ce pauvre homme était d’ailleurs ruiné !
    Ce fut toute l’oraison funèbre du malheureux duc de Bisaglia. Puis, le père et les deux enfants se hâtèrent de parler de choses plus intéressantes.
    La première des choses qu’ils apprirent fut l’enlèvement de Rosita par Ragastens. Le vieux Borgia, avec force plaisanteries, raconta comment il s’était fait prendre au piège, lui, vieux renard ; comment il avait cru Rosita morte et comment on avait trouvé le cercueil vide…
    – Ainsi, conclut César, cet homme nous a vaincus tous les trois, l’un après l’autre !
    – Oui, fit le pape devenu pensif, et il est malheureux qu’un tel homme ne soit pas à nous !
    – C’est vrai, mon père ; mais, en attendant, il s’est joué de nous et nous a bafoués d’étrange manière. Cet homme mourra, il mourra de ma main.
    Lucrèce eut un mince sourire… Le pape reprit :
    – Il mourra… si tu le trouves ! Qui sait où il est maintenant ? Peut-être en France !
    À ce moment, un page entra dans la chambre.
    – Qu’y a-t-il ? demanda César.
    – Le baron Astorre et dom Garconio viennent d’arriver. Ils demandent la faveur d’être introduits.
    – Tout de suite ! cria le pape.
    Le baron et le moine, qui écoutaient à la porte, se hâtèrent d’entrer.
    – Seuls ? s’exclama violemment le vieux Borgia.
    – Et blessés ? ajouta César.
    En effet, le baron portait le bras en écharpe et le moine avait un pansement près de l’épaule. Tous deux étaient piteux et pâles. Le moine fléchit le genou devant le pape.
    – Saint-Père ! s’écria-t-il, Dieu m’est témoin que nous avons fait l’impossible pour vous amener le comte Alma…
    – Il a refusé ?… Il fallait l’amener de force ! À quoi vous sert, baron, d’être taillé en Hercule ? À quoi te sert, Garconio, d’être rusé comme un diable ? J’avais uni ces deux forces : la force brutale de l’un à la force intelligente de l’autre, et vous aboutissez à un échec pitoyable… Vous me le paierez cher !…
    – Saint-Père ! dit le moine au comble de la terreur, le comte Alma ne s’est pas refusé ; j’avais fini par le convaincre, il nous suivait…
    – Alors ? Parlez donc !…
    – Alors, Saint-Père, il y a des forces contre lesquelles viennent se briser toutes les prévisions humaines. Nous étions déjà loin de Monteforte, et tout allait à souhait lorsque nous avons eu le malheur de tomber dans les filets de Satan en personne !… Satan qui s’est rué sur nous, a emporté le comte Alma et l’a sans aucun doute ramené à Monteforte !…
    – Ça, moine, devenez-vous fou ?… Que signifie ce discours ? Quel est ce Satan ?…
    Lucrèce éclata de rire.
    – Ragastens ! Toujours Ragastens ! s’écria-t-elle.
    – Comment la signora le sait-elle ? fit le moine stupéfait.
    – Je le devine. Mais c’est lui, n’est-ce pas ?
    – Hélas, madame ! Saint-Père, ce n’est que trop vrai !…
    Et Dom Garconio fit un récit exact de la scène de l’auberge ;

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