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Borgia

Titel: Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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pria même le prince Manfredi de garder le commandement général. Sa mollesse y trouvait un précieux avantage.
    Le comte Alma voulut, séance tenante, confirmer à Ragastens le titre de maître de camp qu’il lui avait donné. Mais Ragastens refusa obstinément.
    – Je préfère agir en volontaire libre, dit-il pour toute réponse.
    – Vous songeriez donc à nous quitter ?
    – Jusqu’ici, monsieur le comte, j’ai vécu un peu au gré de l’aventure. Cette vie hasardeuse, qui a ses périls et ses déboires, a aussi son charme. Et j’avoue qu’il me serait difficile d’y renoncer. Il m’est donc impossible de dire précisément où je serai demain… D’ailleurs, l’issue de mon duel avec le seigneur Malatesta…
    – Ce duel n’aura pas lieu ! fit vivement le comte.
    – Il ne faut pas que deux braves gentilshommes répandent inutilement leur sang ! ajouta le prince Manfredi. Qu’on fasse venir Jean Malatesta…
    Jiulio Orsini s’élança et revint bientôt avec Malatesta. Celui-ci entra, très froid maintenant.
    – Mon cher Jean, dit le prince, vous avez été injuste envers le chevalier de Ragastens. Nous avons la preuve certaine, évidente, que vos soupçons n’étaient pas fondés… Notre bien-aimé comte, revenu parmi nous à la suite d’une démarche où il n’a péché que par imprudence, reprend ses titres ; il veut bien, toutefois, nous laisser les commandements qui nous ont été assignés en assemblée générale.
    – Je suis heureux au-delà de toute expression que le comte soit digne de notre obéissance, dit Malatesta.
    – Bien ! Quant au chevalier de Ragastens, vous êtes un trop noble cœur, et vous avez trop de vraie bravoure pour ne pas convenir devant lui que vous avez eu tort.
    – Avant de vous répondre, prince, je désire dire deux mots en particulier à M. le chevalier.
    – Soit ! fit le prince Manfredi étonné.
    Jean Malatesta se retira dans l’embrasure d’une fenêtre, où Ragastens le rejoignit aussitôt. Primevère, qui se tenait à ce moment debout derrière son père, recula insensiblement vers l’embrasure d’une fenêtre.
    – Monsieur, dit Jean Malatesta, dès l’instant où je vous ai vu dans les catacombes de Rome, j’ai admiré de tout cœur la loyauté de votre attitude et votre courage… Cette opinion n’a pas changé depuis que vous avez ramené Alma… Je suis convaincu qu’il vous doit l’honneur…
    – Monsieur, je vous assure…
    – Laissez-moi finir, chevalier… Je voulais vous dire que l’insulte qui était sur mes lèvres tout à l’heure était bien loin de mon esprit. À l’instant même où je cherchais quelque parole empoisonnée contre vous, je vous admirais et, hélas ! je vous enviais !
    Ragastens était abasourdi. Le courage de Jean Malatesta était incontestable. Que se passait-il dans l’esprit de ce jeune homme ?
    – Chevalier, reprit soudain Malatesta, je vais, devant ces messieurs, vous faire mes excuses. Car je vous ai bassement insulté, sachant que vous ne le méritiez pas.
    – Et moi, fit Ragastens, je ne permettrai pas qu’un aussi digne gentilhomme s’humilie. Ce que vous venez de dire efface l’insulte.
    – Merci, chevalier, dit fiévreusement Malatesta. Notre duel de ce soir n’aura pas lieu. Mais nous nous battrons tout de même…
    – Je ne comprends pas…
    – Il faut que nous nous battions ! Il faut que l’un de nous deux meure !…
    – Soit ! Je consens à me couper la gorge avec vous, bien que votre attitude me paraisse…
    – Digne d’un fou !… Vous pouvez le dire !…
    – Quand voulez-vous que nous nous battions ? fit Ragastens de plus en plus étonné.
    – Demain, à la nuit tombante…
    – Bon. L’endroit ?…
    – À la Tête… Hors des murs, au milieu du défilé par lequel vous êtes arrivé, m’a-t-on dit… Avez-vous remarqué deux énormes rochers ?… l’un d’eux, celui de droite, ressemble vaguement à une tête d’homme.
    – Bon. Demain, à la nuit, au rocher de la Tête. J’y serai, monsieur.
    – Merci, chevalier… fit avec agitation Malatesta.
    – Une question, pourtant ! Un honnête homme comme moi ne risque pas de se faire tuer par un digne gentilhomme tel que vous, ou de le tuer, sans savoir pourquoi ?…
    – Vous voulez savoir pourquoi je vous ai provoqué ?
    – Morbleu ! Je crois bien que je veux le savoir !…
    – Eh bien !… C’est que j’aime Béatrix !… Comprenez-moi… Je l’aime à en

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