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Borgia

Titel: Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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c’est là que je vais… À vingt pas du temple de la Sibylle se trouve, au-dessus du précipice, une caverne naturelle… Je l’ai déjà habitée… C’est dans cette caverne que Rodrigue me retrouvera dès qu’il aura besoin de moi… Et bientôt, il aura ce besoin de me voir… Il faut qu’il le sache.
    – Il le saura, signora. Je m’en charge.
    – Bien, Giacomo. Tu es un loyal serviteur… Et maintenant, moi la mère de Lucrèce, conduis-moi près d’elle…
    – Signora ! Prenez garde !… fit Giacomo en tremblant. Si elle se réveille, elle vous tuera !
    – Non, Giacomo… elle ne me tuera pas… Avant de dire adieu pour toujours à mon passé, et peut-être à la vie, je veux voir ma fille… Je le veux, Giacomo…
    – Venez, signora ! consentit enfin le vieillard.
    Il éteignit le flambeau et prit la main de la Maga. La vieille frissonna d’une joie terrible. Tous deux sortirent.
    Ils longèrent des couloirs obscurs, descendirent des escaliers, franchirent des salles silencieuses et entrèrent enfin dans un étroit cabinet.
    – C’est là ! murmura le vieillard à l’oreille de la Maga. Personne n’entre jamais dans ce cabinet. La porte que nous venons de franchir ne s’ouvre jamais… Lucrèce en a seule la clef… mais j’en ai fait une, sur vos ordres… Là est la chambre à coucher… le lit est en face… Les suivantes de nuit dorment dans la pièce voisine…
    – Attends-moi ici ! répondit la Maga, qui déjà ouvrait avec d’infinies précautions une petite porte faisant communiquer le cabinet avec la chambre à coucher.
    La mère de Lucrèce, ayant franchi cette porte, la laissa entrouverte et s’arrêta un instant.
    Elle fouilla dans son sein et en tira un minuscule flacon qu’elle déboucha lentement, sans trembler…
    Elle s’avança vers le lit, glissant plutôt que marchant, sans un bruissement…
    – Une goutte… une seule goutte sur ses lèvres… et c’est fini de Lucrèce… l’agonie sera affreuse… demain, les Borgia porteront le deuil… demain, l’âme du vieux Borgia subira le premier coup de ma vengeance…
    À la lueur de la veilleuse, Lucrèce lui apparut. Elle dormait. Un sourire errait sur ses lèvres…
    Un de ses bras pendait hors du lit, tandis que l’autre soutenait sa tête qu’encadrait le flot de ses cheveux dénoués… Elle était ainsi souverainement belle.
    – Ma fille ! pensa la Maga.
    Immobile, elle contempla silencieusement Lucrèce. La jeune femme fit un mouvement, soupira, prononça quelques mots inintelligibles et son sourire se fit plus doux… Lorsque Lucrèce eut repris l’immobilité du profond sommeil, la vieille, dans un glissement, se rapprocha de la tête du lit…
    – Elle rêve… pensa-t-elle. Elle rêve, heureuse… car son sourire est calme… Jadis… là-bas… je venais la nuit dans sa chambre… et comme maintenant, je me penchais sur son berceau… Alors, il arrivait parfois qu’elle s’éveillât… Elle me tendait ses petits bras en riant et elle me disait : “Bonsoir petite mère”. Et maintenant, je vais la tuer !…
    La sorcière se pencha presque à toucher le visage de Lucrèce. Une étrange hallucination s’empara d’elle. Un miracle s’accomplit dans cette âme ulcérée…
    Elle revit Lucrèce… sa fille… toute petite… telle qu’elle l’avait bercée dans ses bras maternels… Rayonnante puissance de la nature mystérieuse et tendre !
    Et la pauvre vieille, maintenant, pleurait à chaudes larmes. Machinalement, elle avait rebouché son flacon et l’avait remis dans sa ceinture… Et ce ne fut pas une goutte de poison qui tomba sur les lèvres de Lucrèce endormie… Ce fut une larme…
    Au contact de la goutte chaude et salée, Lucrèce avait eu une secousse… Une seconde encore, elle lutta contre le sommeil. Puis, brusquement réveillée, elle porta la main à sa lèvre.
    – Qui est là ? cria-t-elle épouvantée en sautant du lit.
    L’instant d’après les servantes réveillées accoururent avec des flambeaux… Et Lucrèce jeta des ordres furieux.
    – Cherchez !… Qu’on fouille partout ! Il y avait quelqu’un, j’en suis sûre… J’ai senti… là… sur ma bouche… Oh ! c’est peut-être un baiser de spectre !…
    On chercha partout. On ne trouva rien.
    Cependant, Giacomo avait reconduit la Maga jusqu’à la petite porte par où la sorcière avait pénétré dans le Palais-Riant.
    – Êtes-vous satisfaite, signora ? demanda-t-il au moment

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