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Borgia

Titel: Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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pleurai… Le lendemain, Rodrigue avait disparu, me laissant un billet qui contenait cette seule ligne : « Puisque tu ne veux pas t’en aller, c’est moi qui m’en vais. » Affolée, je me précipitai dans la chambre des enfants : ils avaient disparu…
    » Comment ne suis-je pas devenue folle ?… Comment ne suis-je pas morte ?… Lorsque je revins à la santé, après six mois de fièvre, je m’aperçus, avec une épouvante sans nom, que j’aimais encore Rodrigue…
    Celle qui avait été Rosa Vanozzo et qui n’était plus que la sorcière du Ghetto ajouta :
    – Hélas ! Malheureuse et lâche !… Je l’ai aimé de longues années… Je l’ai aimé de loin… Je le suivis à Rome… Je passai ma vie à l’épier, à compter ses amours… et peu à peu, je sentais se fortifier dans mon cœur le besoin de la vengeance… Longtemps, l’amour et la haine se sont disputé mon âme… la haine a triomphé…
    – Ah ! Comme vous avez dû souffrir !… Mais vos enfants ?
    – Mes enfants !… Lorsqu’ils furent devenus grands, je voulus les voir, leur dire la vérité… César voulut me tuer… François voulut me faire enfermer comme folle… Lucrèce me fit jeter dans la rue…
    – Signora… ces souvenirs atroces vous font mal…
    – Ils me font du bien, Giacomo… Quand j’ai fouillé ainsi les plaies de mon cœur, quand j’ai versé sur elles le poison qui corrode, il me semble que le mal diminue… et le mal, c’est l’amour… Écoute, je n’ai pas fini… Parmi toutes celles que Rodrigue a aimées, il en est une que j’ai détestée plus que les autres… Il me sembla que, celle-là, Rodrigue l’aimait vraiment… Grâce aux intelligences que j’avais su me créer dans le Vatican, je vis enfin, qu’« elle » était enceinte… L’enfant naquit… C’était une petite fille… Il m’est impossible de dire à quel point je la haïssais et quelle fut ma joie lorsque je constatai que la mère, lâche comme le père était féroce, abandonnait son enfant !…
    – Vous m’épouvantez, signora !…
    – La mère, c’était la comtesse Alma… L’enfant fut exposée sur les marches de l’église des Anges… Je m’en saisis ! Je l’emportai… Toutes mes haines vinrent se concentrer sur la tête de cette innocente… Je la donnai à une horrible mégère qui la tortura… jusqu’au jour où une révolte gronda soudain dans mes entrailles et où je m’aperçus que mon cœur saignait des abominables souffrances de l’enfant… Elle avait dix ans… Toute pantelante de son martyre, je l’emportai chez moi… Et ce fut comme un rayon de soleil qui entre dans l’enfer. Je l’appelai Rosita… Elle grandit, sa beauté devint ineffable… et moi, la maudite, moi, la sorcière, j’éprouvai alors des joies si douces, qu’il me semblait parfois que mon cœur allait éclater… j’en arrivais à oublier ma vengeance… Mais Rodrigue devait lui-même se rappeler à mon souvenir… Un homme… un vieillard… s’est pris de passion pour ma Rosita… Et ce vieillard qui aime Rosita, qui veut la violer, sais-tu qui c’est, Giacomo ? C’est le pape, c’est Rodrigue Borgia, le père de mes enfants, l’amant de la comtesse Alma, le père de Rosita…
    – L’assassin de ma femme… acheva Giacomo.
    La Maga sourit étrangement.
    – De même que j’ai sauvé ta fille Nina, dit-elle, je viens de sauver Rosita. Cette nuit même, elle quitte Rome… à cette heure, elle doit être en sûreté… Eh bien, Giacomo, comprends-tu que l’heure est venue de me venger et de te venger aussi ? Comprends-tu que j’aie hésité tant que j’avais près de moi Rosita et que, maintenant, il ne me reste plus rien à faire dans la vie… Sinon de faire souffrir ceux qui m’ont fait souffrir !
    – Oui, signora ! Et je vous aiderai de toutes mes forces…
    – Bien ! Pour commencer, il faut que Rodrigue sache où me trouver…
    – Vous croyez donc qu’il voudra vous voir ?
    – J’en suis sûre !… Il me fera chercher au Ghetto. Ne m’y trouvant pas, il voudra savoir ce qu’est devenue la Maga… Te charges-tu de l’en informer ?…
    – Ce sera très simple, signora…
    – Tu connais le temple de la Sibylle ?…
    – À Tivoli… près de la villa du pape ! J’y ai été avec la signora Lucrèce…
    – C’est cela… J’ai de fortes raisons de croire que le pape voudra aller y passer quelques jours… C’est l’antre de ses débauches. Eh bien,

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