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Borgia

Titel: Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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lui parut durer une heure mais qui fut en réalité de quelques minutes, il demeura là, contre cette porte, écrasé surtout par l’étonnement…
    Enfin, il se remit. Soigneusement, il referma la porte et mit la clef dans sa poche. Puis il s’en alla, croyant marcher très vite, essayant de raisonner :
    – Elle est morte !… Le philtre ! La vieille m’avait dit trois gouttes… Morte !… Est-ce possible ?… Qui sait s’il n’y a pas un contrepoison… qui sait s’il n’est pas temps encore… Morte !… S’il y a un contrepoison, la Maga seule peut le connaître…
    Une minute plus tard, il courait vers le gouffre de l’Anio. L’air du dehors le calma un peu. Et lorsqu’il arriva à la caverne, il était revenu à cette froideur calculatrice qui était sa grande force.
    La Maga était à l’entrée de sa grotte, regardant fixement dans la nuit.
    – Maga, fit aussitôt le vieux Borgia, il est arrivé une chose grave. Peut-être a-t-on versé plus que tu n’avais indiqué… peut-être, toi-même, t’es-tu trompée dans le dosage de ton philtre… La jeune fille est malade, très malade… Tu dois avoir un contrepoison ?…
    – Elle est malade ?… Elle souffre beaucoup ?…
    – Je ne sais, Maga : elle se meurt… As-tu le contrepoison ?…
    – Elle se meurt ? Seulement cela ?
    – Maga ! Le contrepoison de ton philtre ! L’as-tu ?…
    – Souvent ces philtres jouent ainsi un mauvais tour à celui qui les emploie…
    – Maga ! gronda le vieux Borgia en secouant le bras de l’étrange sorcière qui, devant la catastrophe, gardait un calme singulier, Maga ! tu n’entends donc pas ? Je te dis qu’elle se meurt ! Je te dis que je l’ai laissée pour morte !… As-tu le contrepoison ?…
    – Alors ne dites pas qu’elle est mourante, dites qu’elle est morte !…
    – Et le contrepoison ?…
    – Avez-vous vu ses yeux ? Comment sont-ils ?
    – Vitreux… sans regard.
    – Et sa bouche ? Avez-vous remarqué sa bouche ?
    – Retroussée… les lèvres livides, tordues…
    – Encore une question… Les mains ? Avez-vous fait attention aux ongles ?
    – Les ongles sont cernés de bleu… Le contrepoison, Maga ! Je suis sûr qu’il est temps encore de la sauver.
    La vieille hocha la tête et dit nettement :
    – Oui.
    – Ah ! Et le contrepoison ? Tu l’as, n’est-ce pas ?
    – Oui.
    Le vieux Borgia eut un profond soupir de soulagement.
    – Vite ! Donne !…
    – Non ! répondit la Maga.
    Le pape demeura un instant sans voix. Le choc qu’il reçut fut peut-être plus imprévu, plus terrible que celui de tout à l’heure. Il ne comprenait pas. La jeune fille empoisonnée mourait : bien ! Mais la vieille avait le contrepoison qui pouvait encore ressusciter le cadavre. Il le lui demandait. Et elle disait : « Non ! » ?
    – Voyons, Maga, fit-il croyant avoir trouvé l’explication, reviens à toi. Tu es dans un moment de folie…
    – Jamais je ne fus moins folle, Borgia !
    Le pape frissonna. C’était la première fois que la Maga lui donnait son nom. Il eut le sentiment qu’un malheur allait fondre sur lui.
    – Et tu ne veux pas me donner le contrepoison ?… Pourquoi ?…
    – Parce que je veux que tu souffres, Rodrigue !…
    Cette fois, Borgia fut épouvanté. La voix de la Maga se transformait… Cette voix, il lui semblait qu’il la connaissait… Où ?… Quand l’avait-il entendue ?… Il recula de deux ou trois pas, comme s’il eût vu un fantôme.
    – Tu ne veux pas sauver cette malheureuse ?
    – Non, Rodrigue, répondit la Maga qui, de son côté, s’était reculée vers le fond de la caverne, de sorte que Borgia ne la voyait presque plus. Non ! Je ne veux pas sauver l’enfant… parce que je te connais !
    – Tu me connais ? répéta-t-il, hébété.
    – Et je la connais, elle aussi !… Écoute, Rodrigue ! Il y a seize ans, cette jeune fille fut abandonnée sur les marches de l’église des Anges…
    – L’église des Anges ! bégaya le pape…
    – La mère, c’était la comtesse Alma, ta maîtresse… et l’enfant que j’ai recueillie… l’enfant que ton désir a failli flétrir… l’enfant que tu as assassinée, Borgia, c’est ta fille !…
    Le pape trébucha… ses jambes se dérobaient sous lui… La voix sinistre de la Maga lui entrait dans la tête comme une vrille chauffée à blanc…
    – Ma fille ! murmura-t-il.
    – Et maintenant, veux-tu savoir,

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