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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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lorsqu’ils avaient vingt ans, prenaient des vacances avec lui, sortaient avec lui, aimaient les mêmes femmes (Léone Georges-Picot, devenue Nora, Colette, devenue Colette Duhamel, Madeleine Chapsal, devenue Servan-Schreiber). Tout à fait à la manière des staliniens : ceux qui sont désignés par le bureau politique pour éliminer les gêneurs sont les amis, les proches, les parents parfois de ceux qu’ils épurent.
    Campagne houleuse où Jean-Jacques Servan-Schreiber se découvre en découvrant les autres. Et qui, s’il est finalement élu, fera mentir la fameuse formule élyséenne : « Nous, c’est dans les derniers quatre jours que nous gagnons la partie. »
    Nancy. Autour de Jean-Jacques Servan-Schreiber, un cirque inouï. Je le découvre sous un jour inattendu, celui de la démagogie. « La patente, s’étonne-t-il auprès des commerçants, vous la payez encore ? »
    Giscard s’étrangle et Poniatowski ricane. Et de parler de « voyouterie » : « Il est totalement dépourvu de scrupules », disent-ils. Comme si les scrupules les étouffaient, eux.

    22 juin
    Jean-Jacques Servan-Schreiber au 1 er  tour : 45 % des voix.
    Un succès sur lequel je reviendrai.
    Sanguinetti : « Il pourrit tout ce qu’il touche. »
    Poniatowski : « La V e  République est en danger. Il nous ramène la IV e ... »

    26 juin
    « Panorama » de Jacques Chirac, secrétaire d’État au Budget depuis 1968. À garder pour quand il sera Premier ministre et aura oublié ses rêves d’Asie. Il commence l’émission avec la voix de Giscard, la termine avec celle de Pompidou. Quinze jours de tournage sur quelque chose de noble, de beau, de gris, de sale qui s’appelle la politique.

    27 juin
    Discours de Jacques Chaban-Delmas au conseil national de l’UDR à Versailles. Un Chaban enragé, tellement critiqué par la salle qu’il en est blême de colère. Sa voix est comme toujours un peu haute. Mais le propos est rude, sans complaisance. De grâce, dit-il en substance, cette confiance que je vous accorde, il faut qu’elle soit réciproque et que cesse toute interprétation systématiquement en porte-à-faux. C’est à partir de cela que nos adversaires disent que les gaullistes sont divisés sur les problèmes les plus importants. Je vous demande la confiance et je ne vois pas pourquoi vous ne me l’accorderiez pas.
    Il reste Premier ministre, « pas pour mon plaisir, répète-t-il avec rage, pas pour mon plaisir ! ». Un ton de véritable patron, qu’on ne lui connaissait pas, mais que je lui devinais. Plus autoritaire que Georges Pompidou, plus violent, presque, que Michel Debré. Exactement le langage qu’il fallait tenir à cette bande de minables qui s’en va, depuis deux mois, chuchotant qu’ils n’ont pas confiance en Chaban et qu’il n’est pas des leurs. Pas des leurs ? Ils ont un sacré culot ! En 1944 aussi, il n’était pas un des leurs ?
    Tout cela alimenté, attisé par Robert Poujade 6 et son air, comme dit Couve à son sujet, de vouloir « faire battre les montagnes ».
    Si Chaban avait parlé ainsi plus tôt, la majorité gaulliste serait dans un autre état.

    28 juin
    Jean-Jacques Servan-Schreiber élu. Quelle bataille !

    2 juillet
    Chirac me révèle le coût de la campagne de Georges Pompidou en 1969 : 850 millions. Poher, dans le même temps, dépensait 1 milliard et demi de francs. La différence : le coût des panneaux publicitaires. Chirac, qui a retenu les emplacements dès le 28 avril au matin (lendemain de la mort du Général !), n’a loué de panneaux que dans les villes de plus de 300 000 habitants, pas dans la France entière.
    Un grand publicitaire – je n’ai aucun moyen de vérifier, mais je suis sûre que ce sont les chiffres qu’il m’a donnés tout à l’heure (je n’ai pas osé prendre directement en note) – aurait donné plus de 150 millions à Poher, 10 millions seulement à Pompidou.

    7-8 juillet
    Week-end chez Jean et Christiane Ferniot 7 .
    Le soir, Jean-Jacques Servan-Schreiber expose ses desseins politiques : il veut faire un test aux municipales, à Lille, où il entend faire battre à la fois François-Xavier Ortoli (UDR) et Augustin Laurent (socialiste). À partir de là, il s’efforcera de faire élire des centristes. Évidemment, c’est la guerre ouverte avec l’ancienne SFIO, qui, sur le terrain municipal, reste forte. De cela il ne se soucie pas.
    Le lendemain à midi, pot chez Jean-Jacques

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