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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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bon ministre des Finances, qu’on ne peut à la fois créer des postes nouveaux, donc augmenter les charges salariales de l’État, augmenter les transferts sociaux (500 millions pour les rapatriés, etc.) et augmenter les dépenses d’équipement. Tout cela audétriment de la réforme fiscale, qui ne peut être engagée que dans une situation financière non explosive. Chaban, sceptique sur la réforme, a « bouffé » dans le budget tout le volant que Giscard voulait garder pour alléger la fiscalité.
    Les raisons politiques invoquées par Chaban sont elles-mêmes critiquées par Giscard : les élections législatives ont lieu en 1973, dans trois ans. Ne pas « dépressuriser » le système fiscal, que les Français jugent à tort ou à raison trop lourd, c’est risquer, selon Giscard, de braquer contre le gouvernement toute une catégorie, la plus large, celle des contribuables, en faisant des gestes en direction de quelques-uns (transporteurs routiers, fonctionnaires ou postiers).
    Chirac, vachard, commence, pour trouver les économies demandées par Giscard, par couper dans les crédits... de Matignon : pas de changement du standard téléphonique, qui explose, pas de réfection des tapisseries, et arrêt des réparations de la toiture. Chaban, un peu pincé mais fair-play, a accepté.
    D’autant plus drôle que, pendant ce temps-là, l’ennemi public, Jean-Jacques Servan-Schreiber, a fait refaire à grands frais – je l’ai déjà raconté – le siège du Parti radical.

    Jacques Delors, raconte-t-on en persiflant à l’Élysée, a réussi à persuader Chaban-Delmas que l’électorat gaulliste était dans sa majorité ouvrier. « Qu’il prenne Chaban pour un imbécile, à la rigueur, grommelle-t-on dans les couloirs de la rue Saint-Honoré, mais pas nous ! »

    13 juillet
    Félix Gaillard, mort dans la nuit de jeudi à vendredi dans l’incendie de son bateau entre Jersey ou Guernesey et Blinic, où il passait ses vacances. Mort affreuse pour cet homme de qualité auquel l’intelligence, le savoir-vivre et la courtoisie n’auront pas rapporté grand-chose. Président du Conseil (à 38 ans) d’une France en déliquescence en 1957, il valait mieux que ses divers emplois : liquidateur de la IV e  République, pourfendeur de la V e , adversaire raisonnable de Jean-Jacques Servan-Schreiber au dernier congrès radical de Wagram. Je l’aimais bien, parce qu’il était vraiment, au-delà de la politique, la joie de vivre et le charme même.
    Il se moquait gentiment de Jean-Jacques Servan-Schreiber : lors d’un dernier déjeuner, le Parti radical avait invité la presse dans un restaurant de truffes, près des Champs-Élysées. Pendant que l’état-major du Parti radical et les journalistes faisaient bonne chère, Servan-Schreiber, lui, ne mangeait rien. « Il n’ira pas loin chez les radicaux, me dit Félix Gaillard, pourtant resté très mince à côté des autres leaders plus enveloppés. Ici, il faut savoir manger. »

    Bleustein-Blanchet demande, pour son Drugstore des Champs-Élysées, un débit de tabac. Refus du ministère des Finances qui n’entend pas se voir attaquer par tout ce que la France compte de petits débitants. Un détail : la Fédération des débitants de tabac est en grande partie dominée par les Corréziens. À soigner par le secrétaire d’État au Budget qui s’est fait élire dans leur département en 1967. Bleustein aura donc son débit de tabac.

    À celui-ci, lors de la sortie de l’avant-dernier Conseil des ministres, Georges Pompidou confie, la main sur l’épaule : « Vous êtes un de mes seuls amis. »
    Raconté par l’intéressé, aux anges.

    23 juillet
    Rencontré Georges Marchais.
    « Tillon, Garaudy, me dit-il, ils ont trente types à peine derrière eux. Jamais, depuis 1956, l’opposition au secrétaire général du parti n’a été aussi faible. En 1956, d’autres nombreux intellectuels se joignaient à eux. Aujourd’hui, ils sont seuls. »
    Puis il me raconte sa vie, enfin sa biographie officielle. Il a adhéré en 1947 ; élu membre du comité fédéral de la Seine en 1949...
    « Et avant ?
    — J’ai été requis par le STO dans une usine à Augsbourg, d’où je me suis évadé en 1943. »
    Il a gardé, me dit-il, des témoignages de son évasion. Hum...
    « En 1967, poursuit-il, nous avons retrouvé nos forces d’avant 1958. Ils ne sont pas parvenus à affaiblir le parti.
    — Qui ça, ils  ?
    — La

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